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Un monde coulé dans le béton

Le béton, c'est mort, c'est lisse, c'est dur, c'est plate. Le béton, c'est froid en hiver et c'est chaud en été. Trop chaud. Le béton c'est bruyant, voire même assourdissant. C'est abominablement carré et désespérément gris. Le béton, c'est la matière première des politiciens en mal d'imagination qui n'hésitent pas à investir des millions dans cette substance sans âme au risque de la voir s'effriter après quelques années et s'écraser au bout de quelques décennies sur la tête d'honnêtes citoyens.
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Capture d'écran

On vit dans le béton, entouré, envahi, englué dans le béton. Et quand la vie est coulée dans le béton, on ne peut pas la ramener en arrière pour recommencer l'histoire.

Le béton, c'est mort, c'est lisse, c'est dur, c'est plate. Le béton, c'est froid en hiver et c'est chaud en été. Trop chaud. Le béton c'est bruyant, voire même assourdissant. C'est abominablement carré et désespérément gris. Le béton, c'est la matière première des politiciens en mal d'imagination qui n'hésitent pas à investir des millions dans cette substance sans âme au risque de la voir s'effriter après quelques années et s'écraser au bout de quelques décennies sur la tête d'honnêtes citoyens. Demandez aux automobilistes qui ont terminé leur vie sous le pont de la Concorde ce qu'ils pensent du béton. Ces dernières années, il y a eu presque plus de chutes de béton que de chutes de neige en hiver. Ce n'est pas pour rien que béton est le verlan de tomber.

Contrairement à la plage qui, en 1968, se trouvait sous les pavés, le gazon ne pousse pas sous le béton. Le béton, c'est le terreau d'un désastre urbanistique annoncé. Le Palais de Justice, le Palais des Congrès, l'Autoroute Décarie, la Place des Arts, les échangeurs, les bretelles d'autoroutes, toutes ces horreurs bâties à coups de milliards sont coulées dans le béton sans aucune imagination.

Le béton, remplace la matière grise de l'architecte par la matière brute de l'ingénieur et l'enveloppe brune du contracteur. Grâce au béton, on bâtit en quelques jours des centres d'achats identiques aux quatre coins de l'Amérique, on aplanit une colline, on assèche un marais, on remplit une vallée. Sans réflexion, sans restriction, sans imagination.

Le béton, c'est l'or gris des entrepreneurs et l'horreur des occupants. Le béton met un point final à la poésie de la ville. Il entraîne un manque d'imagination dans la tête des bâtisseurs d'avenir. Il bouche la vue des visionnaires. Et il coule l'économie dans un déficit sans fond. Il fait l'affaire des compagnies à numéro et plombe l'intégrité des politiciens.

On parlera peu de béton, et encore moins de beauté, à la commission Charbonneau. Mais pourtant, c'est le béton qui a corrompu la raison et noyé l'éthique des politiques.

Le béton, c'est une façon cheap de fabriquer de l'or. Finalement, c'est peut-être la pierre philosophale des temps modernes.

Les brasseurs d'affaires et les génies du bâtiment se frottent les mains. Dans 30 ou 40 ans, il faudra remplacer toutes ces nouvelles constructions en béton. Comme on est en train de remplacer toutes celles qui datent d'il y a 30 ou 40 ans.

Vous remarquerez que le Parthénon ou le Colisée n'ont pas été construits en béton.

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