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L'homme qui rit: le peuple mutilé

est la quatrième adaptation du roman de Victor Hugo paru en 1869. C'est l'inégal réalisateur français Jean-Pierre Améris qui signe cette nouvelle version. Capable du meilleur comme du pire, Améris signe son onzième long métrage avec cette adaptation colorée et numérique de l'oeuvre éponyme d'Hugo.
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Courtoisie

Ayant recueilli deux orphelins perdus dans une tempête, un forain (Gérard Depardieu, à bout de souffle) et sa nouvelle famille sillonnent les routes et donnent un spectacle intitulé 'L'Homme qui rit'. Mettant en vedette Gwynplaine (Marc-André Grondin) et la jeune fille aveugle Déa (Christa Theret), ce spectacle ouvre les portes de la richesse et la célébrité pour ce jeune homme au visage horriblement mutilé depuis son enfance.

L'homme qui rit est la quatrième adaptation du roman de Victor Hugo paru en 1869. La première version sous le titre The Man Who Laughs est un film de 1928 de Paul Leni. Campée à l'écran par Conrad Veidt, cette figure mutilée a notamment inspiré les dessinateurs de comics Bob Kane, Bill Finger et Jerry Robinson pour créer le célèbre personnage diabolique du Joker de l'univers de DC Comics.

C'est l'inégal réalisateur français Jean-Pierre Améris qui signe cette nouvelle version. Capable du meilleur (le mignon et sympathique Les émotifs anonymes en 2010) comme du pire (le ridicule Mauvaises fréquentations en 1999), Améris signe son onzième long métrage avec cette adaptation colorée et numérique de l'oeuvre éponyme de Victor Hugo. Dotée d'un budget somme toute très considérable (13 millions d'euros, soit près de 17 M$ ), cette adaptation qui donne une large part aux effets spéciaux numériques (on sent l'influence des films de Jean-Pierre Jeunet et de Tim Burton) reste assez fidèle et respecte, bien que sommairement, les grandes lignes du roman de Victor Hugo.

L'action du film abandonne l'aspect chassé-croisé du roman et se concentre surtout sur le personnage de Gwynplaine et sa relation avec Ursus, son père adoptif, et Déa, la jeune fille fragile et aveugle qu'il a recueillie au début du film et qui a grandi avec lui chez Ursus. Délaissant largement l'aspect philosophique du roman, le film aborde avec un certain sens du doigté, le thème de la misère, thème récurrent dans l'oeuvre de l'auteur. Le discours final que prononce Gwynplaine au Parlement est un véritable hymne à la différence et est à ce point édifiant qu'il souligne l'oisiveté de la noblesse indétrônable et excessive qu'il met en garde contre la misère du peuple mutilé avant de renoncer à la pairie.

Marc-André Grondin dans L'homme qui rit de Jean-Pierre Améris.

Outre l'aspect politique du film, ce qui intéresse surtout le cinéaste dans cette version axée sur l'imaginaire est cette histoire d'amour impossible et tragique entre Gwynplaine et Déa. Parfois prenante avec une finale précipitée, mais réussie, cette histoire d'amour manque de substance à l'écran. Si la jeune Christa Theret ne manque pas d'émotion dans le rôle de Déa, Marc-André Grondin manque un peu de naturel dans celui de Gwynplayne. Enfin, Gérard Depardieu tire parfois son épingle du jeu même si on sent l'acteur fatigué par endroits.

Cote: *** sur 5

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