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Chefferie du PQ: le mirage des primaires ouvertes

L'une des raisons les plus fréquemment évoquées pour tenir des primaires ouvertes est la nécessité pour le PQ de se reconnecter avec les priorités de monsieur et madame tout-le-monde. On peut cependant se demander en quoi le fait de permettre aux gens de voter pour le ou la prochaine chef aura véritablement cet effet?
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C'est au cours de la fin de semaine que la commission nationale des présidents et présidentes (CNPP) du Parti québécois décidera finalement si oui ou non, la prochaine course à la chefferie sera ouverte à l'ensemble de la population plutôt qu'uniquement aux membres en règle du parti comme le veut la tradition... et surtout les statuts officiels du parti. En ce qui me concerne, je considère que cette idée magique de primaires est une fausse bonne idée pour plusieurs raisons.

Se reconnecter au citoyen

L'une des raisons les plus fréquemment évoquées pour tenir des primaires ouvertes est la nécessité pour le PQ de se reconnecter avec les priorités de monsieur et madame tout-le-monde. On peut cependant se demander en quoi le fait de permettre aux gens de voter pour le ou la prochaine chef aura véritablement cet effet? Donner le droit de vote aux gens ne crée pas soudainement de tournées de porte-à-porte où les députés, candidats et militants du PQ s'adressent à la population de manière humaine. Il ne s'agit pas non plus d'un gage de meilleures propositions pour la prochaine plate-forme électorale du parti. Il est de mon avis que des primaires ouvertes seraient en fait une reconnexion de façade, une solution facile pour remplacer le véritable et difficile travail de terrain qui a tant manqué aux indépendantistes depuis plusieurs années. Beaucoup de gens semblent avoir voté pour le PLQ par dépit, par manque de charisme de madame Marois, sans parler des nombreux indépendantistes qui se sont abstenus. Il faut d'abord et avant tout une équipe de dirigeants qui ne craint pas d'assumer des idées différentes des autres partis pour permettre au PQ de se démarquer, telles que l'indépendance et la construction d'un État de centre-gauche.

Des statuts optionnels?

Un élément qui passe un peu plus inaperçu est celui du respect des statuts du parti. Pour les néophytes en politique, il faut rappeler que les règles d'une course à la chefferie sont généralement inscrites dans les statuts d'un parti, lesquels constituent en quelque sorte une constitution qui comprend les règles de fonctionnement et les détails importants sur la vie démocratique d'un parti politique. Ils sont donc incontournables et conséquemment rédigés puis votés par les membres lors de grands congrès et de longs débats. J'aimerais qu'on m'explique qu'elle est l'utilité pour les membres du PQ d'avoir pris le temps, il y a quelques années, de rédiger des propositions sur les statuts, de les entériner en congrès de circonscription, puis en congrès régional, puis d'en débattre encor une fois en congrès avant de finalement adopter une mouture finale, si c'est pour voir une poignée d'officiers (moins de 300 personnes à la CNPP sur un total de près de 90 000 membres) changer les règles du jeu à la dernière minute. Décider de faire table rase de tout ce travail serait un manque de respect envers les membres ayant mis temps et efforts dans la création des statuts actuels.

Promotion VS électoralisme

Le débat se déroulant à propos des primaires ouvertes camoufle aussi, à mon avis, un autre débat ancestral qui refait régulièrement surface au sein du PQ et de nombreuses formations: quel est le rôle ultime d'un parti politique? Doit-il servir de moteur de promotion d'idées que certains leaders trouvent bonnes, et qu'ils tenteront de communiquer à leurs concitoyens? Ou bien doit-il plutôt se contenter d'être le porte-parole des citoyens, bref de les écouter et de tenter de leur plaire? La bonne réponse se situe fort probablement quelque part entre les deux options. Ceci étant dit, dans le cas qui nous intéresse, les primaires ouvertes semblent être une autre tentative désespérée de plaire à tout prix à l'électorat et aux médias. À mon humble avis, tout le problème est là : cela fait tellement longtemps que certains leaders péquistes ont pris l'habitude de tout faire pour tenter de plaire qu'ils ont oublié comment proposer du contenu original. La campagne désastreuse de Pauline Marois, remplie d'hésitations, d'improvisation et de discours creux, fut l'apogée de cette stratégie.

Assumer ses idées

Un vent de fraîcheur qui permettrait au PQ de retrouver du leadership et de redevenir un parti aux propositions originales, bien outillé pour être en opposition avec ses adversaires libéraux et caquistes à la langue de bois, ne ferait vraiment pas de tort. Encore faut-il tenter autre chose que de simplement faire plaisir à quelques électeurs, pour plutôt leur communiquer, avec respect et charisme, les idées qui correspondent à nos convictions. C'est peut-être ce qui explique en partie pourquoi une majorité de présidents du comité national des jeunes (CNJPQ) ont voté contre les primaires ouvertes, infligeant à Léo Bureau-Blouin une dure défaite morale: parce que les membres d'un parti méritent de décider de sa destinée, en étant consultés. Si ce dernier s'était donné la peine de le faire, il aurait peut-être constaté qu'il est encore important pour plusieurs d'investir dans la communication d'idées sur le long terme (comme l'idée de pays), plutôt que de constamment réfléchir à des idées pour plaire à court terme.

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