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Après tout, ce n'est jamais que la mort d'un homme...

La police de Toronto a déclaré que la victime était assise à boire un thé dans un café quand le fou furieux a tenté de le décapiter, après lui avoir administré de nombreux coups de couteau à la tête et au cou. Dominic Parker est décédé peu après 2h du matin à l'hôpital St-Michael.
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Vous souvenez-vous du battage médiatique, en 2007, qui avait entouré l'assassinat crapuleux en Ontario d'Aqsa Parvez par son frère et son père parce que cette gamine de 16 refusait de porter son hijab à l'école ? Qui a déjà oublié le quadruple meurtre des trois sœurs Shafia et de leur mère par le père, le fils et la seconde épouse du père à Kingston, toujours en Ontario ? Il faut croire que cette province demeure une destination - danger - de choix pour tout meurtrier fanatisé puisqu'un pompier de Toronto, père de deux filles, Dominic Parker, 45 ans, vient d'y être assassiné ce 14 septembre, sans aucune provocation de sa part, par un fanatique islamiste, Nabil Hurhuy, 23 ans.

Étrangement, la nouvelle ne s'est pas rendue jusqu'à nous puisque les médias québécois n'en font guère mention. On comprendra La Presse et Radio-Canada d'observer un pieux silence sur un événement aussi fâcheux, ces instances s'étant vraisemblablement donné pour mandat officieux de promouvoir un multiculturalisme aussi idyllique qu'un vieux film de Walt Disney, tout en tentant maladroitement de faire passer quiconque soutient le Parti québécois et sa Charte des valeurs pour des béotiens rétrogrades, racistes et vaguement idiots. Les régions, vous savez, ils parlent sans savoir, nous à Montréal, on connaît la situation...

Sans doute que David Cameron, premier ministre britannique, et Angela Merkel, chancelière allemande, ne savent pas ce qu'ils disent quand ils affirment que le multiculturalisme s'est avéré un échec retentissant dans leur pays respectif. Pourquoi, par ailleurs, avait-on jugé pertinent de faire les gorges chaudes, en 2008, du meurtre atroce suivi de la décapitation d'un jeune homme, passager d'un autobus Greyhound, au Manitoba ? Peut-être parce que l'assassin schizophrène l'avait pris pour un dangereux extraterrestre. Aucune connotation de fanatisme religieux dans ce cas-là, alors, on peut y aller...

Un de plus, un de moins...

À cette censure bien-pensante s'ajoute un autre facteur déterminant expliquant cette étonnante omission : le sexe de la victime. Il y a fort à parier que, s'il s'était agi d'une femme assassinée d'aussi violente façon, dans notre contexte québécois et canadien où les victimes féminines s'attirent un statut préférentiel, La Presse et Radio-Canada aurait au moins hasardé une mention de l'événement.

Alors que, selon les plus récentes données de Statistique Canada, datant de 2010, les hommes représentent 72,5 % des victimes d'homicides au pays, toutes catégories confondues, en comparaison de 27,5 % de victimes féminines, c'est toujours sur le sort de ces dernières uniquement qu'année après année, on ne cesse de s'émouvoir. Il serait bon de se rappeler ces chiffres le 25 novembre prochain, lors de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes de l'ONU, cet organisme qui avait choisi le 19 novembre, depuis 1999, comme date de la Journée internationale de l'homme, pour instaurer cette année sa première Journée mondiale des toilettes, le même jour. Chapeau les filles...

Les faits

C'est donc au matin du 14 septembre, dans un café torontois, que Dominic Parker a été poignardé à plusieurs reprises au cou par Nabil Hurhuy qui espérait, semble-t-il, parvenir à le décapiter. Ce geste fanatique lui aurait été inspiré par le Coran, qui exprime les beautés et nuances d'une religion d'amour. Quelques hypothèses d'extraits ont été avancées par les rares médias à avoir abordé le sujet. En voici.

La sourate 8, verset 12, dit ceci : « Je suis avec vous. Affermissez ceux qui croient. Je jetterai l'épouvante au cœur de ceux qui dénient. Frappez-leur le haut du cou; faites leur sauter les doigts.»

La sourate 47, verset 4, renchérit : «Aussi, quand vous aurez des rencontres avec des dénégateurs, un bon coup sur la nuque ! Une fois inanimés, serrez-leur bien l'entrave;»

La police de Toronto a déclaré que la victime était assise à boire un thé dans l'établissement quand le fou furieux a tenté de le décapiter, après lui avoir administré de nombreux coups de couteau à la tête et au cou. Il est décédé peu après 2h du matin à l'hôpital St-Michael.

Selon le patron du Rotana Café, le fanatique se serait brièvement entretenu avec Parker sur un ton qui ne laissait en rien présager le massacre. « Il n'y avait aucun conflit. Dominic était normal », devait-il préciser, ajoutant que la victime, un habitué de son café, lui avait semblé choisie au hasard.

La police, qui a arrêté le musulman peu après son forfait, marche sur des œufs, évitant de se prononcer sur le caractère fanatisé du geste criminel. Dominic Parker, très apprécié de son milieu et marié depuis 23 ans, a été décrit comme un homme calme et bon.

Et le droit du public à l'information ?

Je peux comprendre l'attitude des policiers dans cette affaire : l'annonce d'un crime à caractère « religieux » peut susciter une agitation islamophobe qu'ils devraient ensuite contenir, sans compter l'indignation parfois spectaculaire d'associations musulmanes. Personne ne court après les problèmes et la responsabilité policière est de protéger le public, et non de l'informer.

Faut-il pour autant s'interroger sur un hypothétique pouvoir des corps policiers sur les médias ? Est-ce pour obéir à une directive implicite que la nouvelle, comme les motivations de l'assassin, ont été jusqu'ici tenues sous silence ? Peu probable.

La rectitude politique des médias ontariens, comme celle des médias québécois d'ailleurs, suffit à expliquer l'assourdissant silence radio d'une telle tragédie. Quand des médias, pour des raisons irrationnelles, choisissent de taire une information d'une telle ampleur, ils trahissent une éthique qui devrait les pousser à faire leur travail, certes sans mousser un événement en attisant les préjugés, mais également sans faire preuve de complaisance en vue de ménager des susceptibilités culturelles, politiques et populaires. Et ce, même quand la victime n'est « qu'un » homme...

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