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Masculinité et hétérosexualité: des féministes s'insurgent !

Donner naissance à un enfant de sexe masculin, voir sa fille devenir hétérosexuelle constituent autant de coups durs pour des féministes militantes éprises d'égalité et désireuses d'un monde meilleur que l'on pourrait anticiper majoritairement féminin et homosexuel !
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Qu'il est escarpé, incertain et semé d'embuches, le laborieux itinéraire emprunté par les féministes en vue de dénoncer le complot patriarcal millénaire et international qui opprime toujours si tragiquement les femmes ! Heureusement, à l'instar d'Emma Watson, cette actrice-ambassadrice de l'ONU qui incarne un féminisme nouveau et amélioré dans un emballage cadeau tranchant nettement sur ses prédecesseures, de jeunes féministes dénoncent avec une bravoure digne d'un Martin Luther King ou d'un Gandhi (Excusez ces exemples tristement masculins, mais si chers à un leader politique d'extrême gauche.) l'oppression que cristallisent pour elles les deux fléaux représentant l'ultime menace envers le sexe suprême, donc le leur.

J'ai nommé la masculinité et l'hétérosexualité. Voilà, c'est fait !

C'est avec une admiration spontanée que je consacre aujourd'hui cette chronique à deux de ces nouvelles égéries militantes en leur cédant la parole. Comme moi, et plusieurs à les avoir lus, vous frémirez aux témoignages bouleversants de leurs tourments, et compatirez, j'en suis persuadé, au récit profondément touchant de ces humanistes engagées.

Quand on donne naissance à son pire ennemi...

Déjà victime de la violence innée du fils qu'elle porte et qui lui inflige maintenant des coups de pied phallocrates dans les côtes, la romancière Geneviève Pettersen, à l'occasion de sa première chronique pour le magazine Châtelaine, a décidé elle aussi de frapper un grand coup en témoignant du malaise qui allait l'envahir à l'annonce tragique, écographie à l'appui, qu'elle donnerait naissance à... un garçon ! Comment ne pas se sentir pris de vertige devant une si soudaine aliénation et envahi de sollicitude envers la victime ?

Imaginez le courage qu'il aura fallu à cette mère affligée pour briser le silence avec ces lignes aussi douloureuses qu'indignées : «En pleine angoisse de la page blanche, je reçois de mon fils un bon coup de pied dans les côtes. C'est lui qui me donne la solution. Je parlerai de lui. Et de ma déception d'apprendre, à 22 semaines de grossesse, qu'il est de sexe masculin. » Non, il ne s'agit pas d'un canular, Châtelaine ayant bel et bien publié ce texte, mais de la courageuse et poignante confession d'une militante féministe qui laisse entrevoir que, loin de devenir crépusculaire, le mouvement dont elle se réclame se réserve, avec une jeune relève, une pérennité certaine.

Mme Pettersen ne s'arrête pas en aussi bon chemin, elle qui affirme par ailleurs ressentir « une pression, celle d'écrire quelque chose d'intelligent et qui ferait réfléchir à la condition féminine ». Vous dire à quel point elle a atteint son objectif, comme en témoigne cet autre extrait significatif : « J'ai peur. Je ne saurai pas quoi faire avec un gars, moi... (...) J'ai demandé à mon mari s'il le savait, lui, comment on faisait pour élever ça, un bébé garçon. Je vous le jure, à ce moment-là, j'avais vraiment l'impression de porter l'ennemi. »

Comment rester indifférent à tant de sensibilité, froid devant un tel humanisme ? Un bémol, cependant : qu'avait donc cette chroniqueuse à se compromettre dans une relation conjugale tristement hétérosexuelle ? Ne savait-elle pas que c'est par cette perversité patriarcale que les hommes, ses ennemis naturels, se reproduisent ? Militante féministe, Mme Pettersen aurait dû souscrire à la fatwa de T-Grace Atkinson : « Le féminisme, c'est la théorie, le lesbianisme, c'est la pratique. »

Horreur, sa fille pourrait devenir hétéro !

Plus conséquente, l'essayiste et analyste politique à CNN Sally Kohn (Pas de jeu de mots facile ici, s'il vous plaît !), lesbienne autoproclamée, anticipe avec appréhension que sa fille de six ans connaisse les abîmes de l'hétérosexualité, ainsi qu'elle en a témoigné dans le Washington Post ce 20 février avec une lettre ouverte au titre on ne peut plus limpide: Je suis gay et je veux que mon enfant soit gay aussi (I'm gay. And I want my kid to be gay, too.). Semblables prises de position, ça ne s'invente pas !

S'appuyant sur un argumentaire d'une désarmante simplicité, elle déclare : « Si nous sommes allés au collège, nous voulons que nos enfants aillent au collège. Si nous aimons les sports, nous voulons que nos enfants aiment les sports. Si nous votons démocrate, nous voulons que nos enfants votent démocrates. » En toute logique, alors, évidemment, si nous sommes gays...

Mme Kohn n'hésite pas à dénoncer la réprobation de plusieurs de ses amis hétéros qui considèrent pourtant cette vision pour le moins tordue. « Je pourrais tout aussi bien dire que je souhaite qu'elle (sa fille) grandisse avec une intolérance au lactose. » Homophobie, quand tu nous tiens ! Comme si ce n'était pas suffisant, une amie lesbienne lui confiait qu'elle ne choisirait jamais d'être gay. Où sont passées les vraies rebelles ? À de tels comportements, l'essayiste rétorque que, dans sa maison, être gay n'est pas seulement acceptable, mais souhaitable.

Tenant jalousement à ce que l'hétérosexualité ne devienne pas une obligation pour sa fille, Mme Kohn affirme que sa conjointe en elle ont acheté tous les livres représentant des familles gay, même les « pas-très-bons » (not-very-good-ones) et souscrit manifestement aux études de genres, ces si éclairantes spéculations qui réfutent les scandaleux postulats scientifiques et hétéro-sexistes voulant que les différences entre hommes et femmes soient d'abord biologiques et non culturelles. Quelle phallocrate hérésie !

Ainsi, la fille de Mme Kohn peut également consulter des livres qui brisent les lugubres stéréotypes sexistes en présentant une princesse qui combat les dragons et un garçon qui porte une robe. N'est-ce pas charmant ?

Malgré ces efforts méritoires, la commentatrice doit admettre que sa fille semble imperméable à tant de doctes enseignements. Mme Kohnn déclare : « En fait, elle est folle des garçons (boy-crazy). » Faisant part à une amie de son désarroi devant la maladresse de sa fille envers un garçon de son goût, cette dernière lui rétorque : « Ça ne t'embêterait pas autant si elle avait le béguin pour une fille. » Mme Kohn devait acquiescer tout en reconnaissant, bonne joueuse, qu'elle soutiendrait sa fille, peu importe son choix. Mais ce faisant, capitulerait-elle devant ce que Mme Pettersen appelait plus haut... l'ennemi ?

En conclusion...

Donner naissance à un enfant de sexe masculin, voir sa fille devenir hétérosexuelle constituent autant de coups durs pour des féministes militantes éprises d'égalité et désireuses d'un monde meilleur que l'on pourrait anticiper majoritairement féminin et homosexuel !

Dans le cas de la fille de Mme Kohn comme de celui de Mme Pettersen, une certaine tolérance à l'hétérosexualité resterait tout de même de mise, après avoir tout tenté pour en faire des lesbiennes accomplies. Après tout, on n'a pas encore trouvé de substitut au sperme aux fins de reproduction. Dans cette optique, la conservation d'une faible population de mâles reproducteurs resterait une perspective tolérable. Bonne journée internationale des femmes !

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