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Affaire Baldwin-Sabourin: cherchez la victime...

Il est difficile de voir une victime en Alec Balwin, acteur talentueux à la carrière bien remplie, mais également réputé pour ses frasques auprès du sexe opposé, comme pour son impétuosité allant parfois jusqu'à la violence. C'est pourtant la perception que révèle le verdict de culpabilité pour harcèlement prononcé contre Geneviève Sabourin.
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Il est difficile de voir une victime en Alec Balwin, acteur talentueux à la carrière bien remplie, mais également réputé pour ses frasques auprès du sexe opposé, comme pour son impétuosité allant parfois jusqu'à la violence. C'est pourtant la perception que révèle le verdict de culpabilité pour harcèlement prononcé par le juge Robert Mandelbaum, de la Cour de Manhattan, contre Geneviève Sabourin, cette actrice québécoise follement éprise, pour ne pas dire obsessivement toquée de l'acteur américain.

Ce dernier, à bout de ressources et de patience en vue d'arriver à faire comprendre à son admiratrice qu'il n'était pas intéressé par ses charmes, si jamais il l'avait déjà été, a dû en venir à la traîner en justice afin de refroidir ses ardeurs mythomanes. Espérons que cette fois, la dame aura compris le message.

La sentence, tombée le 14 novembre, a été sévère : 210 jours de prison, qui viendront s'ajouter aux 30 autres que l'accusée s'est méritée pour outrage aux tribunal, après avoir multiplié les comportements vexatoires et les interruptions intempestives. Dire qu'elle aurait pu accepter quelques temps plus tôt une entente à l'amiable qui lui aurait évité toute peine de prison...

Il semble que l'hypothèse selon laquelle Geneviève Sabourin ait eu une aventure avec l'acteur américain - ce que ce dernier a toujours nié - l'ait autorisé, dans son délire romanesque, à l'accabler de centaines de messages téléphoniques et de courriels enflammés dans un élan désespéré de rendre réciproque ce qui, manifestement, ne relevait que d'un sentiment à sens unique. La folle mais brève idylle s'est-elle réellement déroulée dans les faits ou dans l'imaginaire survolté de Mme Sabourin, nous ne le saurons probablement jamais...

Quand la bien-pensance s'en mêle...

Quoi qu'il en soit, il s'est trouvé des âmes chagrines pour ne voir dans la comédienne québécoise que la victime d'un infâme don Juan, qui l'aurait ajoutée à sa vaste collection de conquêtes avant de l'abandonner froidement, sans un regard de considération. À supposer que Baldwin mente et qu'une brève idylle ait bel et bien eu lieu, Sabourin était-elle justifiée d'agir comme elle l'a fait ? Le fait d'avoir des rapports sexuels avec quelqu'un, autorise-t-il à le poursuivre ensuite de ses assiduités une fois qu'il a mis fin à toute relation ?

Car enfin, on parle ici d'une femme qui, en plus d'avoir envoyé des centaines de messages non désirés, s'est présentée à la résidence de l'acteur sans y avoir été invitée, en plus de terroriser sa femme et de l'insulter. Les messages, dont certains ont été présentés en preuve au procès, témoignent d'une humeur pour le moins instable, alternant les annonces de projets non sollicités de vie à deux et les réactions de dépit larmoyant devant l'indifférence de l'homme de ses rêves.

Le fait de ne voir en Mme Sabourin que la victime de cette histoire risible et pathétique trahit une misogynie involontaire et une misandrie certaine.

Misogynie, parce que ces bien-pensants infantilisent par leur attitude la comédienne québécoise, majeure et vaccinée, comme s'il s'était agi d'une gamine de 16 ans, sans expérience de la vie et victime d'un suborneur éphébophile. Misandre, parce qu'il y a gros à parier que si ce psychodrame avait mis en cause une actrice délinquante, du type de Lindsay Lohan, qui aurait éconduit un ancien amant harcelant et désireux de lui imposer une relation non désirée, ces mêmes gérants d'estrades soutiendraient la vedette féminine. Dans ce dernier cas, ils auraient raison.

Des citoyennes qui voient clair

Heureusement, nombreux sont ceux et celles pour qui la responsabilité individuelle de ses actes reste un critère d'analyse prédominant dans cette triste affaire. Voici le témoignage d'une internaute, laissée sur le site de Radio-Canada, avant le prononcé du verdict :

«Même s'il y avait effectivement eu une liaison entre ces deux personnes - ce que nous ne saurons jamais et qui ne nous regarde pas - ce harcèlement n'a pas sa raison d'être. On ne poursuit pas ainsi une personne qui ne veut plus vous voir, on ne lui fait pas de menaces, on ne va pas chez lui sans y être invité. Le comportement de Mme Sabourin est pour le moins inapproprié: même son attitude en cours, qui lui vaut ces 30 jours de prison, n'a pas de justification. Si elle est condamnée à l'issue de son procès, le juge va surement lui suggérer de consulter.»

Une autre lectrice s'est exprimée ainsi, sur le site du Journal de Montréal, à l'annonce du verdict:

«Le chef d'accusation était le harcèlement et le fait d'avoir eu ou pas une relation amoureuse avec le monsieur n'avait rien à voir avec le motif de la poursuite; rien dans la loi n'autorise le harcèlement envers une autre personne; c'est ça que la dame n'a pas compris. Entendu aux nouvelles que madame sera interdite de séjour aux USA à sa sortie de prison; elle ne pourra donc pas travailler aux États-Unis. Avec sa sentence elle écope d'un casier judiciaire au criminel, alors qu'elle aurait pu s'éviter d'en avoir un, si elle avait accepté une entente. Elle a refusé toute entente, elle préférait aller en procès et ce même contre l'avis de ses avocats. Elle fait pitié...»

Un tel événement oblige à réviser nos perceptions en vue de les dépoussiérer de stéréotypes tenaces. Il arrive parfois que la victime d'un délit arbore des allures de hooligan tandis que son agresseur ressemble à une douce colombe. S'il y a une leçon à retenir de la saga Baldwin-Sabourin, c'est bien qu'il faut juger d'une situation selon les actes, et non l'allure des protagonistes. Si Geneviève Sabourin a été une victime dans toute cette histoire, c'est incontestablement d'elle-même. Et d'elle-même seulement.

Quelques courriels envoyés par Geneviève Sabourin à Alec Balwin

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Geneviève Sabourin au tribunal

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