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Paul Rose, ou le décès d'un homme

Paul Rose est mort. Tout le monde s'est lancé dans l'aventure d'un bilan de fin de vie, mais gardons nous de parler d'inhumanité, et gardons nous de parler de héros. Paul Rose était un humain qui croyait profondément au bien fondé de ce qu'il faisait et, pour l'instant, il n'est rien de plus, ou de moins, que ça.
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«Aux morts qu'on ne connait pas personnellement, on ne doit que le respect.» Gil Courtemanche, 9 avril 2005

Paul Rose est décédé. Tout le monde s'est lancé dans l'aventure d'un bilan de fin de vie, Simon Jodoin au Voir, Patrick Lagacé à La Presse et probablement Martineau ou Duhaime pour QMI (j'ai un peu abandonné l'idée de les suivre).

Derrière à peu près chaque opinion émerge ce dégoût profond du meurtre, de l'homicide. Une ignominie qui force à recaler le FLQ dans les abymes du terrorisme et de l'extrémisme. Une autre sorte de point Godwin post World-Trade-Center. Ce n'est pas la première fois que les opinions se font aller sans aucun souci d'autocritique, comme si notre société supportait en elle-même toute la rectitude possible.

Mais le problème, c'est la limite de la critique de ces chroniqueurs: il est facile de parler d'inhumanité lorsque l'on parle du «terroriste» Paul Rose, mais il serait bien de maintenir le même discours lorsqu'on en vient à parler des «héros» qui ne reviennent pas vivant d'Afghanistan.

Paul Rose n'était pas un saint, il n'était pas non plus un monstre. Paul Rose était un homme qui croyait profondément en ce qu'il défendait, il y croyait au point d'y sacrifier une douzaine d'année de sa vie. D'autres font le sacrifice de leurs vies. D'une part comme de l'autre, il est difficile de dire objectivement si une idéologie vaut plus la peine qu'une autre de mourir et de tuer.

Nous sommes piégés dans une vision de nous-mêmes. Depuis la Révolution tranquille, le Québec tente de se définir sans faire trop de remous. Le Québec est un peuple paisible, pacifiste à ce qu'il parait, le Québec est l'une des provinces qui historiquement s'est le plus mobilisée contre les efforts de guerre, en Afghanistan, en Irak, au Vietnam, lutte contre la conscription, un siècle à se battre pour être en paix.

Le billet d'Olivier Grondin se poursuit après la galerie

Des images de la crise d'Octobre

Mais cette posture confortable du pacifisme tranquille de nos chroniqueurs de la bonne opinion est d'un laxisme intellectuel évident. Louis Riel, les patriotes, les Iroquois, les pères fondateurs américains, Spartacus, les suffragettes, Martin Luther King, Gandhi, Malcom X, les républicains français du XIXème siècle furent tous, en leur temps, des terroristes, des dangers publics, des éléments perturbateurs qu'il fallait contrôler. Si certains optèrent pour le pacifisme, nombres eurent des marées de sang sur les mains.

La démocratie occidentale comme nous la connaissons existe et se répand à coups de missile et de salve de fusil-mitrailleur. Le droit de vote et de libre-entreprise autorise la mort de combien d'humains? À partir de quand, nos convictions ne se suffisent plus pour justifier le meurtre d'autrui?

Je ne dis pas qu'il est moralement acceptable de tuer quelqu'un, je me refuse simplement à dire le contraire, je tente un peu naïvement de pointer la réalité dans ce qu'elle est. Les idéologies et les rêves politiques se traduisent bien souvent en mort d'homme et c'est dans le lointain que s'écrit l'histoire.

Paul Rose est mort, gardons nous de parler d'inhumanité, gardons nous de parler de héros: Paul Rose était un humain qui croyait profondément au bien fondé de ce qu'il faisait et, pour l'instant, il n'est rien de plus, ou de moins, que ça.

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