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L'intervention russe et l'imbroglio syrien analysés par Gérard Chaliand

Vladimir Poutine, que l'on a diabolisé à propos de l'Ukraine, fait un retour international fracassant.
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Dans cet essai percutant du géopolicien et stratége Gérard Chaliand, on soulignera volontiers, à l'instar d'Hubert Védrine, «la profondeur historique de sa vision et la force de son analyse qui éclairent d'un jour nouveau l'imbroglio syrien».

Qu'on se le dise, l'essoufflement des forces armées du régime de Bachar Al-Assad conduit la Russie à intervenir en septembre 2015. Cette intervention permet en outre à la Russie d'oublier pour un temps l'échec ukrainien. Étant entendu que la récupération de la Crimée qui est russe et l'appui aux mouvements insurrectionnels de l'est ukrainien n'effacent pas la perte de l'Ukraine, peuplée de 50 millions de slaves russophones qui ne feront pas partie de l'Union euroasiatique.

Mais Vladimir Poutine a t-il pu éviter l'inclusion de l'Ukraine dans l'OTAN?

À ce titre, le politilogue en vue Richard K. Betts a écrit dans Foreign Affairs en 2014 : «À ses débuts, les tensions en Ukraine furent moins causées par la posture agressive du président Vladimir Poutine que par les provocations occidentales irréfléchies ainsi que par les provocations sans frein de l'OTAN, le refus humiliant de considérer la Russie comme une grande puissance et les efforts de l'Union européenne pour convaincre Kiev de couper ses liens avec Moscou».

On rappellera ainsi que la Syrie est le seul allié de la Russie aujourd'hui au Moyen-Orient, et c'est l'occasion pour cette dernière de jouer un rôle important dans une situation où les États-Unis et leurs alliés sont contraints, par leurs alliances avec Ankara et Ryad, à adopter une certaine réserve.

De fait, pour Washington, stopper le groupe État islamique (EI) dans sa marche sur Palmyre aurait paru un acte de défense de l'armée du régime. À cet égard, la Russie dispose d'une liberté d'action beaucoup plus important et n'hésite pas, outre l'EI, à frapper Jabhat al-Nosra et Ahrar al-Sham, indique le stratège.

Et il y a plus. La Russie dispose d'un accès à la Méditerranée avec le port de Tartous, et aura une base militaire à Lattaquié, les deux étant en territoire alaouite. Par ailleurs, Moscou n'a aucun intérêt au retour de djihadistes caucasiens, hier nationalistes, comme les Tchétchènes qui désormais combattent sous la bannière de l'islamisme le plus radical.

On l'aura compris, Vladimir Poutine, que l'on a diabolisé à propos de l'Ukraine, fait un retour international fracassant au Proche-Orient.

De fait, l'intervention russe, sans être décisive, pèse lourdement dans le rapport de force complexe qui s'exerce en Syrie et dont les conséquences sont largement régionales. Par ailleurs, quelle que soit l'ambiguïté de nos alliances officielles, il faut agir de telle sorte que les mouvements islamistes ne remportent pas de victoires militaires, ni en Syrie, ni ailleurs.

On notera volontiers que le régime de Bachar Al-Assad ne conspire pas à notre perte, contrairement aux islamistes. En politique, il importe de savoir qui est, conjoncturellement, l'adversaire principal. Or, il se trouve, indique le géopoliticien, que les buts poursuivis par nos alliés régionaux majeurs, à savoir la Turquie et l'Arabie saoudite, sont opposés aux nôtres.

Et Gérard Chaliand de conclure que le conflit en Syrie est dominé par l'antagonisme entre sunnites et chiites ; et ces deux courants rivaux sont condamnés à s'entendre demain.

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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