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Russie et États-Unis: difficiles négociations pour un accord de coopération contre l'EI

Washington suspecte Moscou d'épargner l'État islamique et de n'attaquer que des rebelles dits «modérés».
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Tandis que Nice était frappée par le terrorisme islamiste en pleine fête nationale, les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, se sont rencontrés le 14 juillet 2016 pour discuter de la possibilité d'une coopération militaire accrue destinée à combattre l'organisation État islamique (EI), mais aussi d'autres groupes djihadistes à l'instar du Front al-Nosra, émanation syrienne d'Al-Qaida, exclus des négociations et du cessez-le-feu par le Conseil de sécurité des Nations unies, car assimilés à des groupes terroristes.

Cette coopération militaire passe notamment par la proposition d'un commandement conjoint basé en Jordanie.

Mais qu'on se le dise, cette rencontre au sommet a bien été imposée par l'enlisement des négociations en Syrie.

Et dans ce contexte, on pense volontiers aux négociations dominées par le Haut Comité des Négociations (HCN), lui-même inféodé aux Frères musulmans et aux djihadistes et très largement parrainé par les monarchies sunnites du Golfe et la Turquie. Elles officialisent d'ailleurs les groupes islamistes radicaux et djihadistes tels que Jaich al-Islam ou Ahrar al-Sham rejetés par Moscou car considérés par les Russes comme terroristes. Et il y a plus, elles conditionnent toute solution de transition à la démission de Bachar El-Assad.

«Washington suspecte Moscou d'épargner l'État islamique et de n'attaquer que des rebelles dits ''modérés''».

Or, chacun sait que depuis des semaines, ces divergences autour de la nature fréquentable ou pas des rebelles frappés par les raids russes, notamment à Alep, est devenue une véritable pierre d'achoppement entre Moscou et les Occidentaux, qui qualifient de «fréquentables» des islamistes sunnites syriens que Moscou classe dans la catégorie de djihadistes et de terroristes. Dans le même temps, Washington suspecte Moscou d'épargner l'État islamique et de n'attaquer que des rebelles dits «modérés».

Rechercher l'opposition dite «modérée» tient de la gageure

Or on soulignera à l'instar de Fabrice Balanche, Senior Fellow au Washington Institute, que rechercher l'opposition dite «modérée» tient de la gageure, car cette dernière est très largement dominée par al Nosra.

Et pour mémoire, toutes les fois que Washington s'enquiert d'entraîner ces rebelles modérés contre Daech, cette entreprise est couronnée d'échec, car ces derniers sont incapables de se métamorphoser en une armée susceptible de rivaliser avec Daech, conclut Fabrice Balanche.

Par ailleurs, dans l'éventualité d'une coordination entre les États-Unis et la Russie contre Daech et al-Nosra, beaucoup de rebelles «modérés» sur le terrain vont se radicaliser, puisqu'ils ne sont pas vraiment opposés à al-Nosra et luttent surtout contre le régime syrien.

On insistera aussi sur l'une des conditions mise en avant par Washington pour finaliser cet accord: bombarder al-Nosra soit, mais Bachar El-Assad doit s'abstenir d'avancer dans ces territoires.

«Il faut donc arrêter d'avoir des vapeurs avec la Russie, comprendre qu'il faut travailler avec l'Iran et même accepter de le faire avec la Syrie» - François Fillon

Dans cette perspective, on soulignera que l'ancien premier ministre François Fillon martelait déjà en novembre 2015:

«Si on fait une guerre, c'est pour la gagner, et il faut mobiliser une coalition mondiale la plus large possible pour éradiquer l'État islamique. Il faut donc arrêter d'avoir des vapeurs avec la Russie, comprendre qu'il faut travailler avec l'Iran et même accepter de le faire avec la Syrie.»

Mais on l'aura compris, les négociations pour un accord de coopération avec la Russie et Washington contre l'EI ne seront pas un long fleuve tranquille.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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