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Quand les relations entre Riyad et Washington sont compliquées

On le sait, le secrétaire d'État américain John Kerry et le vice-Prince héritier Mohammed ben Salmane se sont rencontrés lors d'un dîner à Washington pour la rupture du jeûne du ramadan, le 13 juin 2016.
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On le sait, le Secrétaire d'État américain John Kerry et le vice-Prince héritier Mohammed ben Salmane se sont rencontrés lors d'un dîner à Washington pour la rupture du jeûne du ramadan, le 13 juin 2016.

Officiellement, la diplomatie américaine a nié toute tension avec l'Arabie saoudite sur la manière dont les États-Unis gèrent la guerre en Syrie, pourtant source de frictions entre les deux alliés.

"Si vous me demandez s'il y a un grand fossé philosophique entre les Saoudiens et les États-Unis sur la manière d'avancer sur le terrain en Syrie, la réponse est non", a répondu visiblement énervé, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, John Kirby à la presse.

Or justement, ce fameux dîner à eu lieu dans un contexte de tensions exacerbées entre Riyad et Washington sur fond de crise syrienne dans le même temps, l'Arabie saoudite sunnite n'a pas non plus digéré l'amorce de dégel historique entre l'Amérique et l'Iran, le rival régional chiite.

De fait, le sort à réserver au président Bachar El-Assad est assurément un sujet de controverse: Riyad milite avec ardeur pour le départ d'Assad. Quant à Washington, il s'est finalement rapproché de la position de Moscou, allié de Damas, et il est donc dorénavant favorable à son maintien au pouvoir.

Chemin faisant, les deux dirigeants "ont passé en revue la relation forte et durable entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et ont discuté d'un large éventail de sujets tels que le Yémen, la Syrie, la Libye et la lutte contre le terrorisme".

Mais pour mémoire on soulignera volontiers que le Président américain n'apprécie pas beaucoup les Saoudiens. Et pour s'en convaincre, on relatera l'échange avec le premier ministre australien:

"Aren't the Saudis your friends?," (les Saoudiens sont-ils vos amis?) Turnbull asked (a demandé le Premier ministre Malcolm Turnbull). Obama smiled. "It's complicated," (Obama a souri. "c'est compliqué").

Au-delà de cet échange plus qu'anecdotique, on relèvera par ailleurs que c'est la décision du 30 août 2013 quant au refus de ne pas bombarder Assad qui constitue un point de rupture dans les relations entre Riyad et Washington, confie Maya Kandel dans son blog froggy bottom.

Dès lors, comment interpréter cet échange entre Canberra et le Président Obama?

Certainement, la volonté d'Obama d'aller contre un certain consensus dominant à Washington, sur la politique étrangère américaine en général, conduisant à un recours quasi systématique à des frappes militaires comme solution à toute crise, notamment au Moyen-Orient.

Et dans cette prospective on soulignera que l'administration Obama est très largement hostile aux think tanks des néo conservateurs, considérés comme trop "pays du Golfe" et "pro-sunnite".

On ajoutera aussi qu'Obama critique souvent le traitement des femmes en Arabie Saoudite, et plus généralement le financement d'un certain islam qui a bouleversé notamment l'Indonésie où il a grandi pendant, mais dont il ne reconnaît plus la pratique de l'Islam.

Toute l'analyse d'Obama repose sur la nécessité pour les États-Unis de se tourner vers l'Asie, pivot de sa politique étrangère

Quoi qu'il en soit, ce qui sous-tend toute l'analyse d'Obama, c'est assurément la nécessité pour les États-Unis de se tourner vers l'Asie qu'il considère comme le pivot de sa politique étrangère .

Et dans ce contexte, il va sans dire que le Moyen-Orient n'est plus du tout sa priorité.

Vladimir Poutine a désormais toute latitude pour reconfigurer la région

Ce passage au second plan du Moyen-Orient s'appuie notamment sur la réintégration de l'Iran comme acteur dans la région, puisque Obama a fait dès le début de son mandat le pari d'un Iran acteur responsable pouvant contribuer positivement à la résolution des multiples crises qui déchirent la région au grand dam de l'Arabie Saoudite et de l'État hébreu.

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Mai 2017

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