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Cigarette électronique: pourquoi tant de haine?

Liberticide et absurde, le projet d'interdiction de la cigarette électronique dans les lieux publics est une nouvelle illustration de l'infantilisation de notre société et révèle un trait caractéristique des États religieux modernes qui se méfient du plaisir.
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La cigarette électronique est le préservatif du fumeur. Moins glamour, contraignante, parfumée pour pallier la tristesse du renoncement, mais plus sûre. Elle permet de limiter considérablement les risques de cancer comme le préservatif protège du sida. Elle est sans danger pour l'entourage comme le préservatif limite la propagation du VIH et protège les partenaires. On peut aussi revenir à la bonne vieille méthode des électrochocs pour arrêter de fumer, de baiser et de boire.

Certes la nicotine est une drogue dure, mais qui est vendue rappelons-le à tous les coins de rue. La cigarette électronique permet d'arrêter de fumer (les tabacologues la préconisent comme un outil "miraculeux") ou de continuer à cultiver son vice en limitant les dégâts. Au Brésil, elle est interdite à la vente alors que la caïpirinha est servie sur les plages dès 10 h du matin. Aux États-Unis, on s'oriente vers son interdiction après plusieurs cas d'intoxications chez les enfants. Malgré un système de fermeture élaborée des petites fioles de nicotine (le même que pour l'eau de javel, le Destop ou les médicaments à risques) et une tête de mort signalant le danger, de jeunes enfants en auraient absorbé. Va-t-on aussi interdire les piscines au prétexte que des enfants sans surveillance s'y noient régulièrement? Dans un pays où les armes continuent d'être en vente libre, malgré le drame de Colombine et ses avatars récurrents, cela ne manque pas de piquant.

En France, on met en avant l'aspect incitatif. Cela donnerait envie de fumer aux mineurs. D'abord on ne voit pas pourquoi vapoter conduirait à fumer. Pourquoi dépenser plus et empester le tabac quand le vapotage remplit fort bien son office? Et puis connaît-on si mal la psychologie adolescente pour penser qu'une prohibition ne va pas provoquer l'effet contraire d'une volonté de transgression? Quant à interdire le vapotage dans les avions et dans les trains comme cela se fait déjà, cela équivaut à dire: il prend du plaisir, pas moi, faut que ça change! Comme disait Erik Satie avec esprit: "Fumez! sinon quelqu'un d'autre fumera à votre place." On peut aussi interdire de boire de l'alcool dans les bars pour limiter les débordements de l'alcoolisme. Couper tout accès à Internet à cause de la pornographie ou des risques de pédophilie via les réseaux sociaux.

La cigarette électronique est tout simplement un patch à la nicotine en plus ludique et en plus convivial (un mot pourtant à la mode). Serait-ce à ce point insupportable pour la société qu'on cherche à se guérir d'une addiction (ou à la canaliser) en y prenant de la joie? Heureusement, il existe encore quelques lieux civilisés comme les cafés de Vienne, les halls d'hôtels de Moscou, les restaurants de Tunis ou les bars de nuit de Marseille où l'on peut encore fumer sans déranger personne. Mais pour combien de temps?

Le vapotage, lui, est une bénédiction pour les pauvres, car c'est un plaisir à faible coût. La gauche pourrait y voir une limitation des odieux profits de l'industrie du tabac, mais visiblement la morale petite-bourgeoise sévit davantage dans ses rangs que la lutte contre le grand Capital et les lobbies du crime organisé.

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