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Taxis: faites mieux qu'Uber

Pendant que vos collègues ravagent des bagnoles et s'en prennent aux passagers d'Uber, Uber profite du fait que ce n'est pas lui qui casse la gueule des citoyens.
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Je ne vous le cacherai pas: j'utilise le service Uber parce que c'est concurrentiel et pratique. De plus, si un chauffeur d'Uber m'agresse, il sera immédiatement expulsé du service. Sachant que le Bureau du taxi de Montréal n'a pas jugé bon d'en faire autant quand un chauffeur a reçu au moins deux plaintes de nature sexuelle, et qu'en plus, ils ont tenté de cacher le nombre de plaintes semblables (27 en 2014 et 33 en 2013) lors d'une poursuite, je me sens beaucoup plus en sécurité au moment où j'embarque une voiture Uber.

Je n'ai pas d'illusions. Uber n'est pas un service parfait, et sa culture d'entreprise laisse beaucoup à désirer. Mais chaque fois qu'on lui en fait part, celui-ci se permet d'évoluer. Il est à l'écoute des usagers et de ses plus ardents critiques.

Autrement, si votre trajet avec Uber est moindrement désagréable, le système d'évaluation vous permet de le communiquer instantanément. Les chauffeurs peuvent eux aussi coter leurs passagers. Tout le monde gagne, finalement! Surtout Uber, on s'entend... mais au moins, on sent qu'on se soucie un peu du bien-être des passagers et chauffeurs.

Mais je veux être claire: je n'en veux pas forcément aux chauffeurs de taxi. Ce n'est pas de leur faute si les organismes qui sont là pour agir et négocier en leur nom le font mal; si ceux-ci refusent d'équiper les chauffeurs et les compagnies de taxi avec des outils qui leurs permettraient d'être aussi attrayants qu'Uber.

D'ailleurs, chers chauffeurs de taxi, à votre place, je serais en tabarnak! Mais là où nous ne sommes pas d'accord, c'est sur la cible de cette colère.

Moi, j'en voudrais au Bureau du taxi de Montréal, qui, malgré leur appui à la lutte contre Uber, se compte parmi les différents organismes qui vous obligent à payer ces frais coûteux qu'on vous impose pour faire votre métier.

J'en voudrais au système de permis quasi-féodal, qui ne vous donne aucun autre choix de travailler 70 heures par semaine afin de payer le prix de location, puisque plusieurs d'entre vous ne sont pas propriétaires d'un permis.

J'en voudrais aux employeurs qui ont vu Uber venir de loin, et qui ne se sont pas pressés pour moderniser votre industrie.

Je comprends tout à fait pourquoi vous en voulez à Uber. Je comprends encore mieux pourquoi ceux qui vous demandent des frais vous encouragent dans vos démarches pour contrer Uber. Mais parfois, malgré vos bonnes intentions, vous demeurez perdants.

Sachez que le vandalisme lors des manifestations contre Uber - comme ce qu'on a vu à Paris - ne vous gagne aucun admirateur.

Sachez qu'en prenant le temps de vous inscrire au service d'Uber pour vous déguiser en chauffeur, avec l'unique intention de chicaner les passagers, vous découvrirez assez rapidement - comme l'a fait l'auteure India Desjardins - que vous êtes «facile à dénoncer». Et ce, grâce aux outils du service que vous méprisez, et de son excellent rapport avec sa clientèle.

Tout ça, c'est surtout de la bonne publicité pour Uber. Pendant que vos collègues ravagent des bagnoles et s'en prennent aux passagers d'Uber, Uber profite du fait que ce n'est pas lui qui casse la gueule des citoyens.

Uber est actuellement illégal, mais il ne l'est pas partout, et en attendant, il continue à gagner du terrain. Il vient d'être adopté officiellement à Toronto. Il le sera bientôt à Montréal. C'est inévitable.

Mais nous n'en sommes pas encore là. Donc, chers chauffeurs de taxi, ça vous donne l'occasion d'implorer vos associés de vous aider à améliorer vos services et vos conditions de travail.

Exigez qu'on suspende, minimum, les agresseurs sexuels parmi vos chauffeurs. Parce que ça n'en prend qu'un seul pour gâcher la réputation de tous.

Insistez qu'on informatise vos services pour mieux répondre aux besoins actuels du marché.

Revendiquez un nouveau système de permis de taxi pour remplacer celui qui n'est ni juste, ni rentable.

Demandez un salaire équitable qui ne prend pas 70 heures par semaine à réaliser.

Bref, c'est votre chance de faire mieux qu'Uber. Montrez-leur que c'est possible.

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