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Le déconstructionnisme social, courant de pensée partiellement incompris

La mode est bien souvent rattaché aux vêtements, à la musique, etc. La mode, c'est le présent, c'est ce qui est au goût du jour. Seulement voilà, il y a aussi les intellectuels qui sont plus ou moins "à la mode".
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La mode est bien souvent rattaché aux vêtements, à la musique, etc. La mode, c'est le présent, c'est ce qui est au goût du jour. Seulement voilà, il y a aussi les intellectuels qui sont plus ou moins "à la mode". En épistémologie, un courant de pensée qui est à la mode ces derniers temps, c'est le déconstructionnisme. Jacques Derrida développe la philosophie de la "déconstruction" dans les années 60. Aujourd'hui, cette vision n'appartient plus seulement à l'élite. Elle s'est vulgarisée, popularisée et de nombreux journalistes, écrivains, "polémiqueur" et "penseurs dissidents" de notre société utilisent cette méthode de penser afin de déconstruire une idée. Malheureusement, trop souvent, ces derniers finissent par détruire cette idée et non pas la déconstruire. Il m'a parut intéressant de me pencher sur la méthodologie employée par ceux qui influencent l'opinion publique.

La déconstruction, ce n'est pas la destruction

Le déconstructionnisme, qui est souvent réduit à être un courant de pensée dont le but est de détruire les systèmes de notre société dit traditionnels, les institutions héritées du passé, est malheureusement trop souvent mal compris. Plutôt que de détruire, il remet en cause afin de réévaluer. Seulement, réévaluer ne veut pas dire détruire et remplacer mais plutôt vérifier avec un esprit critique à la lumière du contexte présent.

L'esprit critique passe par la déconstruction

Récemment, un ami se plaignait de "l'excès d'esprit critique" des Français. Seulement critiquer ne veut pas dire avoir l'esprit critique. Houser (2014) explique qu'il y a une différence entre l'esprit critique et l'esprit cynique. L'esprit cynique a pour but de critiquer pour détruire et enfin de dominer alors que l'esprit critique a pour but de critiquer pour améliorer. L'un s'inscrit dans une logique de domination alors que l'autre est dans une logique de justice. L'une des dimensions de l'esprit critique n'est pas seulement d'avoir la capacité de refuser la vérité mais aussi, et c'est là où se trouve la nuance, d'avoir la capacité de l'accepter.

Pour pouvoir accepter la vérité, il faut pouvoir l'analyser à travers un processus de "déconstruction-reconstruction". Voilà pourquoi le déconstructionnisme est un courant qui prend de l'ampleur dans les œuvres qui se veulent critiques.

Qu'est ce que c'est que le déconstructionnisme?

La fonction première du déconstructionnisme en tant que courant de pensée n'est pas de détruire mais de prendre un système, d'en analyser chaque partie individuellement afin de découvrir, d'extraire et enfin d'éliminer les relations de domination sous-jacentes. Plutôt que de remplacer le système, le déconstructionnisme propose d'ajouter une nouvelle perspective au système déjà en place. Durant ce processus, on se pose les questions suivantes: comment s'est construit ce système? Par qui? Afin d'avantager qui? Etant donné le contexte actuel, ce système est-il toujours efficace? Comment proposer une évolution du système (et non pas une révolution du système) qui est plus juste pour tous?

La déconstruction de la langue, c'est la déconstruction des idées

Prenons comme exemple un système que nous avons tous en commun: la langue. En linguistique, Paulo Freire (1970) développe le principe de "démythologisation" de la langue qui n'est ni plus ni moins l'application du déconstructionnisme à la langue. Il suggère que les mots, en plus de posséder un poids intellectuel possèdent un poids émotionnel qui emprisonne l'esprit critique. Pour simplifier, ce poids émotionnel, c'est un peu ce que l'on appelle "la connotation" du mot. Par exemple, dans son œuvre La Voie, le philosophe Edgar Morin déconstruit le sens du mot "développement" pour mieux le comprendre.

"Le développement, promu comme une vérité universelle pour la planète, est en réalité pseudo-universaliste, puisqu'il donne le modèle occidental comme modèle universel. C'est un produit du socio-centrisme occidental et c'est aussi un moteur d'occidentalisation forcené. Il suppose que les sociétés occidentales sont la finalité de l'histoire humaine."

En déconstruisant le terme développement, il expose la subjectivité de la connotation positive du mot et nous propose une nouvelle vision: une vision qui ne détruit pas la précédente mais qui y ajoute une autre dimension afin de mieux la comprendre. Voilà comment on "se libère du poids du mot" comme dirait Freire. Nous pouvons en faire de même avec le mot "Djihad" par exemple qui lui, n'est connu en France que sous sa connotation négative. Le sens plus positif du mot "Djihad", en tant que combat spirituel contre soi-même, contre ses pulsions qu'elles soient violentes, sexuelles ou autres n'est pas connu de l'opinion publique.

En ce moment, un système intéressant à déconstruire serait l'idée de "l'identité française". Qu'est-ce qui fait de moi un Français? Qui a construit cette définition? Ai-je mon mot à dire dans cette définition? Est-elle inclusive ou exclusive? évolutive ou rigide?

Le déconstructionnisme appelle donc à l'esprit critique. Il appelle à une vision rationnelle et non émotionnelle de la société, une vision qui se veut juste en essence. De cette justice utopique pourra naître une paix dans l'absolue. Voilà donc comment un courant, pourtant né en France, s'est développé aux USA dans les universités américaines pour nous revenir dans l'hexagone à nouveau.

La finalité du déconstructionnisme est donc de rajouter une nuance à une idée mais pas forcément de la remplacer. Par un processus de déconstruction,l'individu tente de prendre du recul par rapport à l'information et de penser rationnellement. Toute pensée qui est le produit d'une peur et non d'un raisonnement n'est pas critique. La raison apaise la peur tandis que la peur étouffe la raison.

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Avril 2018

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