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Le PQ et l'immigration: un pas dans la bonne direction?

Est-il souhaitable de vouloir appliquer la solution allemande au Québec?
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Des migrants reçoivent de la nourriture dans un camps près de Munich, en Allemagne. (2016)
Michael Dalder / Reuters
Des migrants reçoivent de la nourriture dans un camps près de Munich, en Allemagne. (2016)

Lorsque j'ai appris qu'un éventuel «gouvernement péquiste se donnerait comme objectif [...] d'attirer un immigrant sur quatre en région», je n'ai pu m'empêcher de penser qu'il envisageait de suivre l'exemple de l'Allemagne.

Pour rappel, ce pays cinq fois plus petit mais dix fois plus densément peuplé que le Québec a accueilli, «sans drame, un million de candidats à l'asile depuis 2015». Toutes proportions gardées, si le Québec devait décider un jour d'en faire autant, il accueillerait cent mille réfugiés en une seule année !

La recette allemande pour faire face à un tel flux de migrants est à la fois simple et efficace : ils ont été répartis au prorata de la population des différentes régions, villes et municipalités de l'ensemble du territoire de la République fédérale. L'objectif étant, de toute évidence, de faciliter leur intégration et d'éviter ainsi que ne se forment des ghettos dans les grandes villes.

À n'en pas douter, Jean-François Lisée compte utiliser la même approche, comme le laisse entendre la plateforme électorale du Parti québécois : «Des gestes concrets seront nécessaires pour renverser la tendance, alors que plus de 90 % des nouveaux Québécois s'installent dans la région métropolitaine, et ce, malgré une pénurie de main-d'œuvre et un déclin démographique touchant principalement les régions du Québec.»

Il s'agit a priori d'une excellente idée et on ne peut que s'étonner qu'aucun autre parti politique n'y ait songé plus tôt !

Oui, mais...

Car il y a un, sinon plusieurs, «mais».

Il faudrait déjà que le PQ prenne le pouvoir, ce qui, compte tenu des résultats du plus récent sondage, est loin d'être assuré.

Mais passons outre ce «petit détail»! Examinons plutôt ce qui s'est produit en Allemagne depuis que la chancelière Angela Merkel a ouvert toutes grandes les portes de son pays aux réfugiés en lançant son désormais célèbre cri du cœur destiné à inciter ses compatriotes à se mobiliser en faveur des demandeurs d'asile : «Wir schaffen das!» («On va y arriver!»)

Premier constat, la légendaire efficacité allemande en a pris pour son rhume ! Déjà, une ville comme Munich, capitale de la Bavière, avait été submergée par l'arrivée de dizaines de milliers de réfugiés en septembre 2015. À l'heure actuelle, dans le nord du pays, des soupçons de favoritisme dans le traitement des demandes d'asile pèsent sur une employée du ministère de l'Immigration, tandis que trois avocats et un interprète sont pour leur part soupçonnés de corruption.

Ajoutons que les réfugiés doivent parfois attendre de longs mois avant de voir leur demande d'asile acceptée – ou carrément refusée ! Le gouvernement allemand a par ailleurs durci le ton et entrepris dès le début de 2016 de restreindre les droits des arrivants. De concert avec l'Autriche et l'Italie, l'Allemagne s'apprête en outre à lutter contre l'immigration clandestine.

De l'eau au moulin de l'extrême droite

Cela étant, l'accueil des réfugiés a malgré tout été un succès dans l'ensemble – grâce surtout à une très forte implication de la société civile. Mais les attaques terroristes de Berlin en décembre 2016 et de Hambourg en juillet 2017 ont quelque peu refroidi les ardeurs depuis.

Sans oublier que les «incidents de Cologne» n'ont pas manqué de marquer durablement les esprits. Dans la nuit du Nouvel An 2016, près de la cathédrale de Cologne, «un millier (!) de jeunes hommes "d'origine arabe ou nord-africaine", la plupart d'entre eux en état d'ébriété, se sont rués sur les femmes qui y passaient, pour les molester et les voler».

C'est le courant xénophobe qui a le plus bénéficié des conséquences de la crise migratoire, tant en Allemagne qu'ailleurs en Europe.

Deuxième constat : les migrants ont été les premiers à souffrir du changement progressif d'attitude à leur égard. Ainsi, certaines villes, notamment dans l'ex-Allemagne de l'Est, veulent désormais limiter le nombre de réfugiés. Pis encore : «La criminalité d'extrême droite explose dans toute l'Allemagne : 921 attaques contre des foyers de réfugiés en 2016, dont 66 incendies et quatre attentats à l'explosif. »

Comme on le devine, c'est le courant xénophobe qui a le plus bénéficié des conséquences de la crise migratoire, tant en Allemagne qu'ailleurs en Europe. En témoignent les récents succès du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui a fait son entrée pour la première fois au Parlement allemand à la suite des élections fédérales de septembre 2017 – au point d'y former l'opposition officielle!

Troisième et dernier constat : Mme Merkel a dû payer le prix de sa politique migratoire. Tant l'Union démocrate chrétienne (CDU/CSU), dont elle était la candidate à la chancellerie, que le Parti social-démocrate (SPD), tous membres de la «grande coalition» qui existait depuis 2013, ont enregistré «leurs pires résultats depuis les élections d'après guerre».

En conclusion, c'est bien beau d'avoir de bonnes intentions, encore faut-il s'assurer que la population locale soit disposée à accueillir de nouveaux réfugiés en son sein avant de s'exclamer: «On va y arriver!» Que cela serve de leçon au PQ, ainsi qu'à toute la classe politique du Québec, avant qu'il ne soit trop tard!

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