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Lutter contre la violence sexuelle à l’heure de #MeToo

Si nous souhaitons véritablement mettre fin à la violence sexuelle, nous devons continuer à écouter ces histoires qui ne cessent de sortir de l’ombre.
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Hollie Fernando via Getty Images

Bien des choses ont changé depuis les premiers pas de mon combat contre la violence sexuelle, il y a huit ans. À l'époque, nous nous réunissions principalement à huis clos dans le sous-sol d'une salle communautaire ou dans un centre d'accueil afin d'en discuter en petit groupe de soutien. Les quelques personnes ayant entendu parler de nos récits faisaient preuve de compréhension, mais nous n'avons jamais été encouragés à évoquer ce thème en public. En tant que militante, je savais que la seule solution pour éradiquer la violence sexuelle consistait à en parler ouvertement ; après tout, il est impossible de changer quoi que ce soit sans le comprendre. C'est la raison pour laquelle j'ai battu le record du monde Guinness du plus long triathlon jamais accompli, ce qui m'a permis d'attirer l'attention du grand public et d'évoquer ce sujet au grand jour. Depuis la chute de Harvey Weinstein, à la suite de la décision courageuse de femmes telles que Rose McGowan, Asia Argento et Ashley Judd, entre autres, de le dénoncer publiquement, la violence sexuelle fait la une de l'actualité, et les organisations ont enfin réalisé qu'il est bien trop coûteux de l'ignorer et que l'heure du changement a sonné.

Il sera aisé de penser que nous n'avons pas besoin d'entendre davantage de récits de ce type, qu'une simple prise de conscience de ce problème suffit à y mettre un terme, mais tout cela est absolument faux.

Il sera aisé de penser que nous n'avons pas besoin d'entendre davantage de récits de ce type, qu'une simple prise de conscience de ce problème suffit à y mettre un terme, mais tout cela est absolument faux. Si nous souhaitons véritablement mettre fin à la violence sexuelle, nous devons continuer à écouter ces histoires qui ne cessent de sortir de l'ombre. Nous pourrions être tentés de faire la sourde oreille, d'estimer que nous comprenons et qu'il est inutile d'en dire davantage, mais il est essentiel de continuer à écouter et à apprendre. Dans le cas contraire, nous risquons de laisser des victimes derrière nous si elles ne correspondent pas bien à notre compréhension limitée de ce problème des plus complexes. Nous devons progresser afin de respecter les limites de chaque individu et tout cela n'est possible qu'en écoutant.

Après tout, il ne nous appartient pas de décider où devraient se situer les limites d'une personne, il nous incombe de leur demander où elles se trouvent et de les respecter ; telle est la définition même du consentement.

En ma qualité de militante, je veille à ce que le dialogue continue, à ce que la violence sexuelle ne devienne pas un sujet tendance tombant par la suite aux oubliettes. Nous avons fait des progrès, mais nous sommes loin d'avoir terminé. Après #MeToo et #TimesUp, je me demandais si j'avais encore ma place en tant qu'intervenante, mais il existe encore tant de confusion et d'incompréhension liées à la violence sexuelle, et notamment au harcèlement sexuel, que j'ai réalisé que la prise de parole en public est non seulement importante, mais aussi absolument indispensable. Reculer maintenant nuirait à toutes les femmes courageuses qui se sont battues avant moi afin de pouvoir faire entendre nos histoires, ainsi qu'à toutes celles qui m'ont succédé. Nous sommes un rappel constant que la violence sexuelle n'est pas un sujet d'actualité tendance et nous concerne nous, des rescapées dont les existences ont été brisées, mais qui ont refusé de laisser ces instants définir le reste de nos vies. Je continuerai à lutter contre la violence sexuelle dans l'intérêt de tous, et pas uniquement de quelques-uns. Tout comme pour mes épreuves d'endurance, je ne m'arrête pas lorsque je suis fatiguée, mais seulement après avoir franchi la ligne d'arrivée.

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