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Les origines de la crise grecque

La Grèce pèse 2 % du PIB européen. C'est un pays en crise. Excepté l'Angleterre et l'Allemagne dans une moindre mesure, rares sont les pays de la zone euro affichant aujourd'hui une croissance économique et une baisse du chômage ancrées dans la durée.
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La Grèce pèse 2 % du PIB européen. C'est un pays en crise. Excepté l'Angleterre et l'Allemagne dans une moindre mesure, rares sont les pays de la zone euro affichant aujourd'hui une croissance économique et une baisse du chômage ancrées dans la durée.

Selon John Adams, « Il y a deux manières de conquérir et d'asservir une nation, l'une est par les armes, l'autre par la dette ». Une dette excessive peut conduire un pays à sa faillite. Lorsque celle-ci est évitée, la crise n'est pas absente pour autant. Elle peut être plus ou moins violente et durer dans le temps. Toute dette publique n'entraîne pas nécessairement une faillite. En effet, la dette de la France représente plus de 2 000 milliards d'euros, ce n'est pas pour autant que le pays est au bord du chaos. Les crises ont chacune leur singularité. On ne peut les comparer les unes autres en raison de la différence de leurs contextes et des périodes durant lesquelles elles surviennent. Le seul dénominateur commun que nous retrouvons dans chaque crise tient dans les causes et les conséquences économiques, politiques et sociétales. Dans cette mondialisation économique et financière, les pertes peuvent devenir abyssales avec des conséquences internationales difficilement prévisibles. Le système financier international n'a jamais été aussi volatile et instable depuis une quinzaine d'années.

La Grèce devait 107 milliards d'euros en 2000 à ses créanciers. Dès lors, elle envisage de se développer grâce aux aides européennes et aux marchés obligataires. Durant ces années, la Grèce va profiter des conditions très favorables en se finançant sur les marchés. Grâce à l'abondance de liquidités disponibles durant les années 2000, les banques commerciales et les investisseurs étrangers continueront de consentir des prêts, puisque le pays n'était pas risqué. En effet, les trois agences de notation attribuaient à sa dette souveraine la meilleure note. Avec l'arrivée de capitaux étrangers et la croissance de l'économie mondiale, la Grèce connaissait un taux de croissance de plus de 4 % entre 2000 et 2007. Les Grecs consommaient davantage que ce qu'ils produisaient. Ce scénario ne pouvait pas durer sans contrepartie. La Grèce a dû emprunter pour financer cette croissance. Sans cette consommation il n'y aurait pas eu de croissance. Cette excellente notation ne pouvait pas durer ad vitam aeternam. En effet, les recettes fiscales n'ont jamais compensé l'augmentation des dépenses publiques.

La crise de 2008

La crise financière américaine de 2008 avec la faillite de Lehman Brothers a précipité le sort de la Grèce. Les répercussions financières ont été mondiales et immédiates avec un effet domino. L'administration américaine est venue au secours de ses acteurs industriels et financiers afin d'éviter que le scénario de 1929 ne se reproduise. Cette crise laissera des traces profondes au niveau de l'emploi et de l'investissement des entreprises aux États-Unis comme en Europe. La Grèce a été l'un des premiers pays européens à connaître une crise financière et économique. À la suite de cette crise, de nouvelles liquidités ont été nécessaires afin de renforcer les fonds propres des banques. Il fallait éviter toute faillite bancaire. La Grèce entre en récession en 2009. Son déficit budgétaire représentait 6 % du PIB. Il dépassera les 13 % en 2010. La récession mondiale de 2008-2009 a conduit à l'augmentation de l'endettement public qui était déjà élevé avant la crise.

Les mesures d'austérité

Des mesures d'austérité ont été mises en place afin de diminuer les dépenses publiques et réduire la dette. Depuis cette période, le PIB Grec, c'est-à-dire la richesse intérieure du pays a diminué de 25 %. Le niveau de vie actuelle de la population grecque représente le même niveau de vie qu'elle avait durant la fin des années 90. Ces mesures d'austérité n'ont pas provoqué le cercle vertueux qui devait diminuer le chômage et générer de la croissance. Aujourd'hui le taux de chômage avoisine les 25 % et plus de 50 % chez les jeunes de moins de 25 ans. Depuis le début de la crise, les Grecs ont perdu 40 % de leurs revenus. Tous les salariés et les retraités ont été touchés par ces diminutions de revenus. Les Grecs ont donc moins consommé entrainant une augmentation mécanique du chômage. Les mesures d'austérité ont joué un rôle non négligeable dans la crise grecque.

Une dette élevée

Plus le niveau de la dette rapportée au PIB est important et plus le service de la dette est élevé, et ce quelle que soit la devise du pays affecté par la dette. Lorsque le ratio dette/PIB avoisine et dépasse les 160 %, la situation financière se tend avec de réelles conséquences économiques, politiques et sociétales. Lorsque ce ratio est atteint, il faut éviter tout endettement supplémentaire s'il n'y a pas une diminution du taux d'effort des remboursements annuels. Le réaménagement de la dette est donc nécessaire.

Depuis son intégration dans la zone euro, la dette publique a toujours été supérieure à 100 % du PIB. L'une des dates clés est le moment où la BCE en décembre 2009 signifie à la Grèce qu'elle n'accepterait plus ses obligations en garantie si les agences de notation dégradaient sa note. Le coût du crédit s'est envolé. Les taux d'intérêt exigés des pays risqués ont atteint des niveaux très élevés dans les années 2011-2012. Le marché obligataire grecque a été très volatile puisque le taux des obligations grecques est passé de 5 % à 25 % entre janvier 2010 et octobre 2011. Plus le taux des obligations augmente et plus le loyer de l'argent devient prohibitif. Dans cet environnement, comment les particuliers pouvaient-ils emprunter pour acheter une voiture ou un bien immobilier ? La même question se posait pour les entreprises. Comment pouvaient-elles financer l'investissement [afin de rester compétitives] avec de telles conditions ? Avec une faible inflation, comment ces taux de crédit auraient-ils pu solvabiliser le financement des ménages et des acteurs économiques ?

Les problèmes structurels

Le gouvernement grec a tout fait pour faire rentrer la Grèce dans la zone euro en 2001 sans procéder à de nouvelles réformes. Entre 2004 et 2009, la Grèce a embauché 75 000 fonctionnaires alors que ces derniers représentent un actif sur quatre. Durant la même période, les retraites ont augmenté de 30 %. Cela allait avoir des conséquences sur le déficit public. Ce dernier allait représenter 7 % du PIB contre 3 % en Europe. Le déficit budgétaire résulte de recettes insuffisantes par rapport aux dépenses qui n'ont jamais été compensées par une fiscalité performante. En effet, culturellement, la fiscalité n'a jamais été une priorité pour les gouvernements grecs. L'économie souterraine a toujours représenté entre 20 et 30 % du PIB selon le FMI. Toutes les professions exerçant dans le public comme dans le privé ont profité de ce système pendant des décennies. À la fin des années 2000, les Grecs aisés ont envoyé à l'étranger leurs liquidités vers les banques suisses et anglaises. Autant de rentrées fiscales en moins pour l'État grec. Ces ressources auraient permis de rembourser ses créanciers et relancer l'investissement avec des mesures cohérentes et appropriées.

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