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Tapis rouge pour les coupes à blanc: ne faisons pas une croix sur nos dernières forêts vierges

Le 21 mars est la Journée internationale des forêts, une occasion pour rappeler aux Québécoises et Québécois à quel point notre forêt est précieuse et qu'elle est publique, donc qu'elle nous concerne tous et toutes.
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Le 21 mars est la Journée internationale des forêts, une occasion pour rappeler aux Québécoises et Québécois à quel point notre forêt est précieuse et qu'elle est publique, donc qu'elle nous concerne tous et toutes. Mis à mal pendant des décennies, nos écosystèmes forestiers sont essoufflés mais recèlent encore de beautés extraordinaires qui doivent être protégées. Si l'exploitation forestière a bien sûr sa place et doit perdurer, il est clair que de dérouler le tapis rouge pour les coupes à blanc jusqu'aux frontières de nos forêts productives mènera cette industrie à sa perte. Sans protection adéquate, c'est toute la crédibilité du secteur forestier qui souffre.

Les perles à sauvegarder sont connues, cartographiées et bien documentées : ce sont nos dernières grandes forêts vierges, ces zones intactes qui n'ont pas encore subit d'activité industrielle ni de fragmentation par les chemins forestiers. Malheureusement, elles fondent à vue d'œil, et à peine 10% du territoire au sud de la limite nordique est encore intact. Il y a urgence d'agir.

Rétablir l'équilibre en forêt

Plus tôt cette semaine, Greenpeace a transformé la croix du Mont-Royal en balance de la justice pour dénoncer le déséquilibre des forces dans nos forêts publiques, et particulièrement l'immense empreinte qu'a sur nos forêts la plus grande multinationale forestière au pays, Produits forestiers Résolu (anciennement AbitibiBowater). Le balancier penchant lourdement en faveur de Résolu, les six activistes arrêtés pour méfait suite à ce coup d'éclat voulaient montrer que de favoriser une multinationale au détriment de nos dernières forêts vierges n'est pas à l'avantage du bien commun.

Ce cri du cœur vise à interpeller Résolu et les partis politiques en lisse aux élections afin que l'on rétablisse un équilibre dans nos forêts publiques et qu'une plus grande place soit faite à la conservation de nos écosystèmes. Quoi qu'en dise le Conseil de l'industrie forestière du Québec, à peine 5% de nos forêts sont légalement protégées actuellement et la pression de l'industrie pour limiter les aires protégées porte fruit. Au Lac St-Jean, là où Résolu a récemment perdu des certificats environnementaux très importants justement car elle ne protège pas adéquatement les forêts et ne respecte pas les droits des Premières Nations, le PQ et le PLQ semblent vouloir repousser l'atteinte des objectifs minimaux de conservation fixés à 12% d'aires protégées suite à la levée de boucliers. Rien de rassurant pour les travailleurs qui, dans ce marché mondialisé exigeant de plus en plus de produits verts, dépendent des certifications environnementales pour s'assurer d'emplois à long terme.

Défendons la forêt pour en finir avec l'Erreur boréale

Le dossier forestier est moins dans les médias de masse et plusieurs ont l'impression que cet enjeu est réglé, qu'il n'y a plus de problème en forêt. Or le nouveau régime forestier appliqué le 1er avril 2013 tarde à se concrétiser sur le terrain, entre autres car le gouvernement refuse toujours de publier la Stratégie d'aménagement durable des forêts, sorte de guide d'application du nouveau régime. Si de grands progrès ont été accomplis suite à la parution de l'Erreur boréale de Richard Desjardins et Robert Monderie en 1999, reste que des problèmes fondamentaux sont toujours criants et méritent l'attention des Québécoises et Québécois. Le manque d'aires protégées en est un d'une plus grande importance. Le fait que nous payons davantage l'industrie forestière que ce qu'elle rapporte au Québec en redevances forestières en est un autre. L'inclusion des peuples autochtones dans la gestion forestière afin que leurs droits soient respectés sur leurs territoires ancestraux est aussi un enjeu qui n'est clairement pas réglé.

Mais les solutions sont à portée de main. Des pionniers comme les coopératives forestières, qui diversifient leur gamme de produits issus de la forêt afin de créer plus de valeur, sont d'une grande inspiration. La mobilisation de la Nation crie pour protéger 13 000 km2 de la Vallée de la Broadback, un territoire vierge dans le Nord-du-Québec, est aussi un bon exemple d'implication autochtone qui nous espérons aura un effet d'entraînement chez les autres Nations aux prises avec une pression industrielle similaire. Mais pour rétablir l'équilibre en forêt, il est clair que le peuple québécois doit intervenir dans la gestion de nos forêts publiques, sans quoi ce sont les multinationales, dont le profit à court terme est le principal objectif, qui continueront à tirer leur épingle du jeu. La campagne #Défendonslaforêt, qui a déjà récolté l'appui de plus de 50 000 citoyens, vise à faire pression sur Résolu et à rétablir l'équilibre en forêt. Prenez les temps d'y jeter un coup d'œil au www.defendonslaforet.ca.

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