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Désolant de constater que des gens ne savent pas qu'une femme a le droit de dire «Non» n'importe quand, à n'importe qui, dans n'importe quelle circonstance. Qu'elle ait bu, qu'elle soit habillée sexy ou non.
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L'incident, qui date d'il y a quelques jours seulement, semble anodin. Une journaliste de la CBC en plein reportage extérieur reçoit un baiser sur la joue de la part d'un étranger. Jusque là, rien de plus qu'un blooper qui sera populaire pendant à peine une semaine sur YouTube.

Mais voilà, la journaliste Megan Batchelor décide de porter plainte à la police. Elle en a assez de ne pouvoir faire son travail en paix. C'est à partir de ce moment que la déferlante s'abat.

«Quelle conne !», peut-on lire sur les médias sociaux.

«Pour qui se prend-elle ?»

«Bon c'est ça, qu'elle l'accuse de viol tant qu'à y être !», ironise un autre.

Et la pire: «Elle a du sable dans le vagin». (J'aimerais bien connaître l'idiot détesteur de femmes qui a pondu cette expression. Elle en dit beaucoup plus sur la personne qui l'emploie que sur la personne visée).

Ces quatre commentaires, quatre parmi des centaines, répétés et «aimés» ad nauseam, démontrent l'abîme qui nous sépare de la fin (et de la compréhension même) du sexisme. Deux de ces commentaires font même directement référence à l'anatomie féminine, juste pour être bien certain de victimiser Batchelor à nouveau.

Mon souhait le plus sincère est que les gens qui commentent ainsi l'affaire (j'écris «gens» car il y a des hommes mais aussi, pire, des femmes) ne se rendent pas compte. Pas compte de ce qu'ils cautionnent. Pas compte de leur sexisme à eux. Pas compte de leur violence.

Que vous ne trouviez pas ça grave un baiser sur la joue est votre droit absolu. C'est votre limite. Sauf que nous n'avons pas à rabaisser une femme en choisissant pour elle ses limites. Cette fois, c'est un baiser sur la joue. Le prochain fera quoi?

J'ose croire que ces gens qui critiquent Batchelor n'ont pas pensé que la base pour quiconque sur la planète, peu importe le sexe, est de pouvoir exercer son métier sans crainte de se faire harceler par des blagues de mauvais goût, des avances ou des contacts physiques non consensuels.

J'ose aussi croire que ces gens ignorent que depuis 2014, les femmes journalistes de la planète craignent qu'un autre énergumène s'ajoute à la vague de ceux qui crient «Fuck her right in the pussy» à la caméra. (Là encore, les idiots ne se rendent pas compte qu'ils se sont fait avoir par un canular). Et là encore, certains vont trouver ça anodin. «Ce ne sont que des mots», diront-ils, comme si les mots n'avaient aucune portée. C'est pourtant une phrase d'une vulgarité renversante, et surtout d'une violence misogyne qui ne doit jamais être toléré, encore moins qualifiée d'anodine.

J'ose croire que ces gens ne savent pas combien de femmes dans leur entourage ont déjà eu peur de leur conjoint. Parlez-leur et écoutez-les, les femmes de votre entourage, et vous voudrez pleurer en vous rendant compte que c'est dangereusement près de 100% d'entre elles.

J'ose croire que ces gens ne sont pas conscients que dans certains pays, le viol collectif est train de devenir tendance (c'est à toi que je parle, l'Inde). Qu'on utilise encore en 2015 le viol comme arme de guerre (voir l'État Islamique).

Désolant aussi de constater que ces gens ne savent pas qu'une femme a le droit de dire «Non» n'importe quand, à n'importe qui, à n'importe quoi, dans n'importe quelle circonstance. Qu'elle ait bu, qu'elle soit habillée sexy ou non, qu'elle initie des avances ou non. Qu'elle soit une figure publique ou pas. Oui, elle a même le droit de refuser un anodin baiser sur la joue.

Oh, la fin heureuse de l'histoire de Megan Batchelor? Contrairement à beaucoup trop de gens sur les z'internets, le jeune homme de 17 ans qui l'a embrassée a compris, lui, et l'a appelée pour s'excuser à profusion.

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