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Bolduc et nous: se regarder dans le miroir

Je ne cesse jamais de m'étonner devant cette société qui, alors que le politique lui renvoie une image remarquablement fidèle d'elle-même, s'empresse de traiter le politique comme une chose aussi immonde qu'étrangère.
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Pendant que le méniss Bolduc est pris en flagrant délit de bourrage de poches professionnel, on apprend que les amis de l'ex-gouvernement péquiste prospèrent grâce à un Sommet sur l'éducation dont on se souvient davantage comme manoeuvre politicienne que comme exercice déterminant et inspirant.

Suis-je scandalisé ? En tout cas, je ne suis pas content. Je ne suis jamais content quand on pille le bien commun.

Mais au-delà de ça, je ne cesse jamais de m'étonner devant cette société qui, alors que le politique lui renvoie une image remarquablement fidèle d'elle-même, s'empresse de traiter le politique comme une chose aussi immonde qu'étrangère.

Comme si nous n'étions pas des millions à faire des pieds et des mains pour fourrer l'impôt à tour de bras. Comme si personne n'engageait jamais un gars en dessous de la table pour refaire sa salle de bains ou sa cuisine; comme si, en fait, ce n'était pas la norme d'agir ainsi dans une multitude de domaines qui, mis bout à bout, constituent une gigantesque part de notre économie. Comme si des milliers de petits commerçants n'avaient pas des dizaines de milliers d'employés non déclarés qui eux-mêmes ne soutiraient pas simultanément du BS, du chômage, de la CSST et que sais-je encore. Comme si n'importe quel travailleur, cadre, entrepreneur, employé ou pigiste, n'avait pas pour but de profiter au maximum de toutes les possibilités de primes, d'avantages sociaux, d'avancement et de subventions reliés à son travail, et ce même au risque de malmener quelque peu l'éthique de temps en temps. Comme si la grande entreprise ne s'enfuyait pas au vu et au su de tous dans mille et un paradis fiscaux avec de gargantuesques cargaisons de ce fric qui nous manque tellement: notre fric.

Qui n'a pas passé une partie de son printemps à regarder des joueurs de hockey pousser une rondelle pour des millions de dollars devant une salle bondée de gens consommant des saucisses et de la bière de piètre qualité à prix exorbitant ? Qui ne se fait pas avoir jusqu'aux oreilles par la facturation abusive et malhonnête de sa compagnie de cellulaire ? Qui ne paie pas de frais grotesques pour avoir le droit de prêter son modeste argent à une banque milliardaire ? Qui n'est pas inondé à l'année longue de publicité mensongère pour des biens de consommation qui lui seraient furieusement inutiles ? Qui n'a pas déjà payé une fortune pour aller voir le spectacle d'une grosse vedette dans une salle beaucoup trop grande où on entend mal et on ne voit pas grand-chose ?

Et on se scandalise parce que le méniss Machin essaie, comme tout le monde, de s'accaparer un max d'oseille pour un minimum d'effort ? J'ai parfois l'impression qu'il y a des coups de regard dans le miroir qui se perdent.

Je ne veux pas moraliser et renvoyer tout le monde dos à dos. Il existe certainement divers degrés de cupidité. Mais je pense que s'il y a scandale, on en échappe les neuf dixièmes en se concentrant exclusivement sur la pointe politique de l'iceberg.

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