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Option nationale et Québec solidaire: le mythe de la similarité

En lisant les comptes rendus du dernier congrès de Québec solidaire, on est tenté de se dire qu'un peu plus, et Québec solidaire (QS) annonçait de sa propre initiative une fusion avec Option nationale (ON). Afin de bien réaliser la grosseur du piège à ours devant lequel le congrès de QS place objectivement Option nationale, récapitulons un peu. L'été dernier, Amir Khadir affirmait en toute légèreté que le programme d'ON était à "90%" semblable à celui de QS", et qu'une fusion était donc envisageable.
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En lisant les comptes rendus du dernier congrès de Québec solidaire, on est tenté de se dire qu'un peu plus, et Québec solidaire (QS) annonçait de sa propre initiative une fusion avec Option nationale (ON).

Afin de bien réaliser la grosseur du piège à ours devant lequel le congrès de QS place objectivement Option nationale, récapitulons un peu. L'été dernier, Amir Khadir affirmait en toute légèreté que le programme d'ON était à "90%" semblable à celui de QS", et qu'une fusion était donc envisageable.

Quiconque connaît minimalement les deux partis sait pourtant qu'ils sont très, très différents, et ce dans leur essence même; ON est résolument indépendantiste; QS, c'est la gauche, exclusivement et avant tout, et peut-être une indépendance qui, au surplus, doit absolument passer par la gauche.

Qu'à cela ne tienne, plusieurs déclarations du même genre et une élection plus tard, QS en remet, et n'hésite pas à faire d'une volonté de "rapprochement" avec ON -- assortie d'un intérêt envers ce qui pourrait être "plus que des ententes ponctuelles" --, un point saillant très médiatisé de son congrès. Au passage, le nouveau porte-parole de QS reprend la ritournelle des programmes supposément très semblables, et trace des pistes de collaboration comme si c'était déjà presque entendu.

Résultat, les militants d'ON en sont quittes pour discuter et conjecturer sur la pertinence d'une telle offre.

Or, entre-temps, on risque de ne pas remarquer que le message premier qu'envoie QS à travers cette prise de position et au fil des déclarations qui l'ont précédée est ailleurs; il n'est pas dans les mots, il est dans le geste. Il n'est pas dans l'offre de collaborer, mais plutôt dans ce qu'elle sous-entend.

Ce message, c'est celui de la similarité. Ce qu'on dit vraiment, quand on parle sans arrêt d'alliances, de rapprochements et de fusion, c'est que les deux partis sont assez semblables pour que cela soit possible. C'est celà, que QS martèle avec insistance.

Que la proposition elle-même n'aboutisse jamais, ici, n'a qu'une importance relative, et pourra toujours être mis sur le compte de la partisanerie; au final, de toute façon, le mythe de la similarité aura été entretenu. Ainsi, pour l'électorat qui ne scrute pas la vie politique à la loupe et qui entend souvent à travers les branches des histoires de rapprochement, QS et ON, ce sera peut-être, encore un peu plus, la même chose.

Mais alors, pourquoi entretenir ce mythe? Sans présumer des intentions des gens de QS, il faut voir que ce parti a un intérêt tout naturel à le faire, surtout s'il redoute la concurrence grandissante d'ON, jeune parti dont le dynamisme et la progression retiennent l'attention.

D'abord parce que, si on l'apparente à QS, ON perd de sa pertinence, se voyant alors cantonné dans une gauche déjà occupée -- s'il y a deux partis de gauche souverainistes, pourquoi ne pas choisir l'original ? --, et historiquement beaucoup moins consensuelle qu'un souverainisme plus ouvert dans son rapport au spectre gauche-droite.

En même temps, se coller à ON ne peut qu'aider QS à entretenir une image plus souverainiste que ce qui émane vraiment de son programme, ce par quoi les solidaires peuvent espérer contrer la migration possible de leurs appuis souverainistes vers ON. Pendant longtemps, des souverainistes désabusés du Parti québécois se sont tournés vers QS, un peu par défaut, et non pas parce qu'ils étaient absolument mordus de son projet social. Ceux-là peuvent à tout moment rejoindre ON; d'où l'intérêt pour QS, si l'occasion lui en est donnée, de rendre ON le plus insignifiant possible.

La conclusion de tout cela est que plus ON est assimilé à QS, plus son avenir est trouble. À titre de membre d'Option nationale, et surtout, d'indépendantiste, je nous souhaite donc d'être clairvoyants devant les manoeuvres de Québec solidaire à notre endroit, même si j'ai en haute estime l'engagement politique des militants de ce parti.

Grand rassemblement de Québec solidaire en 2012

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