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Obama en Arabie saoudite: l'accord sur le nucléaire iranien remis en cause?

La revanche est un plat qui se mange froid et l'Arabie saoudite et ses alliés des pays du Golfe semblent bien appliquer cette maxime.
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La revanche est un plat qui se mange froid et l'Arabie saoudite et ses alliés des pays du Golfe semblent bien appliquer cette maxime.

L'Iran a gagné la première partie d'un match diplomatique sans égal avec la signature, le 14 juillet 2015, d'un accord historique réintégrant le pays dans le concert des nations et décidant de la levée progressive des sanctions. Accord historique, tsunami diplomatique et stratégique aussi car, ce faisant, il redistribue sur le papier la carte des puissances et des influences, ravivant au passage les rivalités historiques.

Si on regarde l'actualité d'un œil attentif, la situation n'est pas aussi claire et la victoire diplomatique de l'Iran pourrait bien ne pas se traduire dans les faits avant longtemps.

Reprenons l'actualité récente ,en janvier 2016, l'exécution en Arabie saoudite du cheikh Nimr Baqer al-Nimr, suivie de l'incendie de l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran et d'une rupture des relations diplomatiques entre les pays alliés de l'Arabie, ceux du Conseil de coopération des pays du Golfe, et d'une crise diplomatique aiguë à la hauteur du mécontentement de l'Arabie, voyant l'Iran de retour sur la scène internationale.

Cette rupture s'est confirmée par la récente résolution prise lors de la 13ème conférence de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Les 57 pays membres, réunis à Istanbul du 10 au 15 avril dernier, ont en effet condamné la politique interventionniste de l'Iran dans la région, via ses proxys.

Puisque cette réunion s'est tenue en Turquie, parlons de ce pays qui, après des années de rupture diplomatique, a fait d'Israël son allié le plus important et a reçu en grande pompe, le 12 avril, le roi d'Arabie saoudite.

Ce dernier, par ailleurs, au cours de sa récente tournée, s'est aussi rendu en Égypte, où il a pu récupérer la possession de deux îlots stratégiques, Tiran et Sanafir, avec l'accord de l'État hébreu.

Nous assistons sans doute à la plus extraordinaire application du principe selon lequel «les ennemis de nos ennemis sont nos amis». Se dessine donc lentement, mais sûrement, une alliance stratégique entre les monarchies sunnites du Golfe, la Turquie, l'Égypte et Israël pour lutter contre le retour de l'Iran.

Quant à la politique américaine, elle est à l'image de la situation générale : le Congrès a voté, en décembre dernier, des mesures restrictives d'entrée sur le territoire, en la conditionnant à la délivrance d'un visa pour les personnes ayant voyagé en Iran ou pour les doubles nationaux irano-américains.

La visite de deux jours qu'entame le 20 avril le président Obama en Arabie saoudite, pour rassurer l'allié historique, portera-t-elle ses fruits, et à quel prix, alors qu'il arrive au terme de son mandat?

De leur côté, les Israéliens ne restent pas inactifs, tant les élections américaines leurs offrent une nouvelle tribune pour déclarer leur hostilité, rejoignant ainsi les Saoudiens dans l'irrationalité.

Bref, c'est dans ce climat international qui ressemble à un jeu de go que le président Rohani et le ministre des Affaires étrangères Zarif doivent affronter la réalité. L'incessant ballet diplomatique et du monde des affaires et les contrats signés ne sont pas gages de réussite pour le président Rohani, qui doit faire face à une opposition déterminée à le faire chuter, d'autant que les sanctions ne sont pas levées - et loin de l'être en totalité.

Cette ouverture économique crée des tensions entre les différents cercles de pouvoir, peu décidés à partager leurs acquis et les fortunes amassées durant l'embargo.

Pour les mêmes raisons, alors que le programme de démantèlement du nucléaire est suivi à la lettre, les Gardiens de la révolution développent un programme de missile balistique - ceux-là mêmes qui s'opposent à la politique du président et de son ministre et ne rendent de comptes qu'au Guide suprême.

Il est clair que cette attitude de provocation ne peut que nuire à l'image de l'Iran et faire douter de la bonne foi de ses dirigeants.

Les Gardiens de la révolution ne voient d'ailleurs que des avantages à ruiner le travail du président Rohani et sa crédibilité, face à une opinion publique internationale ne faisant aucune différence entre les factions dans l'architecture complexe du pouvoir iranien. Les cercles de pouvoirs en Iran sont puissants et mal compris d'une opinion qui se satisfait d'amalgames.

La situation est donc particulièrement délicate et le succès diplomatique majeur sur le nucléaire iranien pourrait bien ne pas en résister aux nouvelles alliances locales et aux élections américaines. Je fais le pari que les monarchies du Golfe et leur nouvel et improbable allié auront raison de cet accord. Faut-il le déplorer ou s'en réjouir? Telle est la question!

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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