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C’est lui, le petit tannant de la classe

Aujourd’hui, je suis repartie de la marternelle les larmes aux yeux parce qu’un enfant près de nous avait dit à sa maman que mon fils était vraiment tannant.
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Ce matin, je suis allée reconduire mon fils à la maternelle, comme tous les jours depuis le début du mois de septembre. Comme tous les matins, mon garçon était heureux de s'y rendre, content de retrouver sa classe, son enseignante et ses camarades de classe qu'il aime tant.

Tous les jours, j'en repars le cœur léger, les yeux brillants, en ayant confiance que mon fils s'amusera et passera une autre belle journée.

Aujourd'hui, toutefois, c'était différent, et j'en suis plutôt repartie les yeux brillants de larmes.

Pas parce que mon fils s'était accroché à mes jambes pendant de longues minutes, refusant de me laisser partir. Pas parce que j'allais tellement m'ennuyer de lui pendant la journée. Non.

Aujourd'hui, j'en suis repartie les larmes aux yeux parce qu'un enfant près de nous avait dit à sa maman que mon fils était vraiment tannant. Que mon garçon avait tout entendu. Et que ses yeux à lui aussi s'étaient remplis aussitôt de larmes.

Je sais qu'il déplace souvent beaucoup plus que de l'air et qu'il prend beaucoup de place dans un groupe.

Comme je côtoie évidemment mon fils depuis sa naissance et que je suis celle qui le connaît probablement le mieux, je sais très bien que ce n'est pas un enfant tranquille et particulièrement docile. Je sais qu'il déplace souvent beaucoup plus que de l'air et qu'il prend beaucoup de place dans un groupe. Je sais qu'il fait du bruit, qu'il a de l'énergie pour vingt et qu'il arrive trop peu souvent à s'arrêter lorsque c'est le moment. Je sais aussi que le petit garçon qui a candidement « dénoncé » mon fils à sa maman ne l'a certainement pas fait pour mal faire, et qu'il n'a évidemment pas saisi toute la portée de ses paroles.

Pourtant, les larmes me sont tout de même venues naturellement aux yeux.

D'abord, parce que j'ai vu dans ceux de mon fils toute la peine que ça représente pour lui de se faire catégoriser ainsi. Parce que j'ai vu sa tristesse devant le fait qu'il n'arrive souvent pas à se contrôler. Parce que j'ai vu son découragement de ne pas arriver à avoir un vert dans son agenda comme les autres, parce qu'il a encore une fois parlé trop fort ou dérangé pendant le repos. Parce que j'ai vu tous ses efforts s'anéantir l'espace d'un instant dans ces seules paroles, celles qui le catégorisent et lui laissent parfois croire qu'il ne peut être rien d'autre que ça, le « vraiment tannant ». Parce que j'ai aussi vu tout notre travail et notre encadrement s'effacer dans cette étiquette qui lui colle trop souvent à la peau.

J'ai aussi eu les larmes aux yeux de découragement.

De déception de voir cette maman laisser ces paroles s'envoler comme si elles étaient complètement anodines. De la voir acquiescer de la tête comme si son garçon ne faisait que simplement lui partager une vérité déjà bien établie. De constater qu'elle ne saisissait pas cette précieuse occasion de lui enseigner que personne ne devrait être attaché à une étiquette et que chaque enfant mérite d'être accepté avec ses forces, mais surtout avec ses faiblesses.

À la maison, je ne tolère aucunement ce genre de commentaire sur les autres.

Si je les entends, je saisis toujours l'occasion pour expliquer à mes enfants que personne ne se définit qu'à une seule chose et, surtout, que chaque enfant a ses défis. Je prends toujours le temps de leur nommer aussi les forces de cet enfant qu'ils trouvent trop ci ou trop ça ainsi que tout le travail qu'il doit sûrement faire pour arriver, lui aussi, à être « comme les autres ».

Je tiens à ce que mes enfants comprennent que personne n'est parfait, pas même eux, et que la tolérance et l'acceptation sont des valeurs primordiales à appliquer dans leur vie sociale. Et que ce sont ces mêmes valeurs qui feront non seulement d'eux de meilleurs êtres humains, mais qui rendront surtout le monde encore plus beau.

Et des enfants comme mon garçon beaucoup plus heureux.

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