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«District 31»: les origines de la controverse

M. Dionne a une responsabilité: celle de ne pas contribuer à véhiculer des préjugés et à coller des étiquettes sur des membres de minorités culturelles du Québec.
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Les scénaristes et les réalisateurs doivent parler des victimes de crime avec intelligence, sans tomber dans les clichés, à l'image du père musulman ultraconservateur qui ne parle pas un mot de français, de la mère musulmane naïve et soumise à son mari.
Aetios Production
Les scénaristes et les réalisateurs doivent parler des victimes de crime avec intelligence, sans tomber dans les clichés, à l'image du père musulman ultraconservateur qui ne parle pas un mot de français, de la mère musulmane naïve et soumise à son mari.

La semaine dernière, Luc Dionne, auteur de la série District 31, s'est retrouvé au cœur d'une controverse, après qu'une intrigue mettant en avant plan une famille musulmane a, semble-t-il, fait réagir quelques internautes.

Luc Dionne avait répondu publiquement, via la page Facebook de l'émission, en citant l'une de ces critiques qui lui reprochaient de «véhiculer des préjugés et coller des étiquettes sur des membres de minorités culturelles du Québec».

Je me permets de remettre les choses dans leur contexte, puisque la citation utilisée par M. Dionne dans sa longue publication est la mienne.

Je me permets de remettre les choses dans leur contexte, puisque la citation utilisée par M. Dionne dans sa longue publication est la mienne. Celle-ci a d'ailleurs été extraite d'un message qui lui a été transmis d'une manière privée et qui comptait plusieurs paragraphes.

Dans ce message, j'attirais surtout l'attention de M. Dionne sur la faible représentation des minorités culturelles du Québec dans nos médias et plus particulièrement dans le milieu télévisuel. Ce constat, lui disais-je, est de plus en plus accompagné d'une autre inquiétude, celle des histoires véhiculées et des rôles attribués aux seules minorités présentes à l'écran.

M. Dionne a une responsabilité: celle de ne pas contribuer à véhiculer des préjugés et à coller des étiquettes sur des membres de minorités culturelles du Québec.

Je lui ai bien précisé que je suis conscient de la thématique «policière» de son émission, traitant de sujets qui baignent dans le milieu criminel. Cependant, je persiste à croire qu'en tant que scénariste, réalisateur et personne influente du milieu culturel québécois, M. Dionne a une responsabilité: celle de ne pas contribuer à véhiculer des préjugés et à coller des étiquettes sur des membres de minorités culturelles du Québec. L'actualité nationale et internationale s'en occupe déjà assez bien.

Par ailleurs, il est évident qu'on se doit de parler des victimes de crimes en tous genres: viol, meurtre, crime d'honneur, corruption, terrorisme, gangs de rue, etc. Les scénaristes et les réalisateurs doivent cependant le faire avec intelligence, sans tomber dans les clichés, à l'image du père musulman ultraconservateur qui ne parle pas un mot de français, de la mère musulmane naïve et soumise à son mari et du fils violent qui exécute les idées noires de son père. Il faut être conscient que ceux-ci représentent des cas anecdotiques parmi les 300 000 Québécois de confession musulmane dont l'écrasante majorité vit paisiblement au sein de notre société. Cela devrait, à mon avis, transparaître dans le scénario.

Pourquoi cette représentation est inquiétante, voire dangereuse?

À travers leurs œuvres, les scénaristes et réalisateurs sont créateurs d'une identité et d'un imaginaire culturels, quoiqu'en pense M. Dionne. De ce fait, moins il y a des personnes issues des minorités (culturelles ou autres) sur nos écrans, plus les téléspectateurs vont se référer aux seuls rôles qui leur sont accordés. Rappelons que District 31 rassemble autour d'un million et demi de téléspectateurs par jour.

Comment traiter de tels sujets d'une façon différente et intelligente?

Représenter les minorités culturelles d'une manière positive sur nos écrans et sur scène serait une première piste de solution. Que ce soit par des histoires valorisantes, ou par des rôles qui serviraient de modèle aux jeunes issus de ces minorités-là.

De plus, il serait peut-être temps d'envisager l'écriture d'un scénario de manière différente en travaillant avec ces personnes issues de la «diversité», puisqu'elles font partie du paysage social du Québec. Si l'on veut traiter de la diversité, d'une manière directe ou indirecte, et que ceux qui la représentent ne peuvent pas l'écrire ou contribuer à son écriture, quel est l'intérêt d'en parler?

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