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Elle revient de Syrie et témoigne des atrocités de Daesh

Après neuf mois de cauchemar en Syrie, Laura Passoni revient en Belgique. Dans son livre, elle raconte son expérience cauchemardesque auprès de Daesh.
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Après neuf mois de cauchemar en Syrie, Laura Passoni revient en Belgique. Dans son livre intitulé Au cœur de Daesh avec mon fils, elle raconte son expérience cauchemardesque auprès de Daesh.

Il lui promet le paradis en Syrie

Tout commence pour Laura par une déception amoureuse, par le sentiment d'être inutile, par une perte de confiance en soi et par l'absence de perspectives. Laura végète dans un monde où elle ne trouve pas sa place. Livrée à elle-même, isolée, faible et affaiblie, elle trouve une consolation sur les sites religieux. Sur les réseaux sociaux, elle devient «Nora la convertie». Un homme clavarde avec elle; il l'attendrit, exploite sa naïveté et rehausse son estime de soi en lui promettant tout ce dont elle manque et rêve d'obtenir: un mari fidèle, un amour éternel, une vie familiale rangée, un monde imprégné de dignité, d'humanisme, de justice et de rapports égalitaires, le respect pour les femmes. Il lui parle de la Syrie, «Terre sainte», du djihad (au sens de guerre sainte). Il l'influence, l'endoctrine et lui parle d'Al-hidjra (migration vers la terre sainte). Il l'incite et l'encourage à s'engager sur «le sentier d'Allah» pour rejoindre l'EIIL (l'État islamique en Irak et au Levant) engagé dans la défense de l'Islam. Au bout de quelques mois, il réussit à la convaincre de quitter le pays des «kouffar» (mécréants), ennemis de Dieu, de l'Islam et de Daesh, pour rejoindre la terre promise.

En route vers le djihad

La voilà embarquée avec Nassim, son fils âgé de quatre ans et Oussama, l'homme qu'elle épouse religieusement dans le secret le plus total, vers la Syrie, pays où elle envisage de retrouver sa dignité de femme et d'être humain et de réaliser son rêve le plus cher, celui d'être aimée fidèlement par un homme, de combattre le pouvoir de Bachar El-Assad et d'aider le peuple syrien en s'engageant aux côtés de Daesh en qualité d'infirmière.

Laura et Nassim sont enfermés dans une mafada

Dès son arrivée à Raqqa, capitale du califat autoproclamé par Abou Bakr Al Baghdadi, Emir de l'EIIL, Laura devient «Oum Nassim» (mère de Nassim); on la sépare de Oussama qui va rejoindre un camp d'entraînement de combattants. Laura et Nassim sont confinés dans une mafada (maison de femmes) où sont entassées des femmes, très souvent mineures, qui passent leur temps à attendre le retour de leurs époux des champs de combats, pendant que d'autres sont à la recherche d'un époux. Laura Passoni répertorie trois catégories de femmes dans cette maison réservée aux femmes: celles qui sont à la recherche d'une vie meilleure et qui luttent pour la défense de l'Islam et des musulmans; celles qui ont accompagné leurs époux et ces femmes qui veulent tuer les incroyants. Dans ce huis clos «sombre et rigide» où règne «une morosité ambiante», les femmes ne sont pas libres; elles sont surveillées; elles sont reléguées à des tâches maternantes; elles sont principalement conçues comme des ventres dont la fonction consiste à enfanter afin d'agrandir la communauté de Daesh.

Mensonge, déception, désillusion

Très vite, Laura se rend compte de la supercherie; elle découvre une réalité qui la bouleverse; elle prend conscience d'une situation sombre, cauchemardesque, où la violence est le lot quotidien de cette femme qui a quitté la Belgique où elle ne trouvait pas sa place. Au fil des jours, à Raqqa et à Al-Bab, deux fiefs de l'EIIL, Laura découvre un ordre policier où «la hisba» patrouille, à toute heure, dans les rues. La mission de cette police religieuse est de promouvoir la vertu et le bien, de prévenir le vice et de chasser le mal afin de veiller à la bonne application des préceptes religieux et de maintenir l'ordre public. Elle trouve un pays en guerre, une contrée à feu et à sang, qui prend l'allure d'une «véritable boucherie»: bombardements, carnages, femmes et enfants tués, décapitations, enfants entraînés, dès leur jeune âge, à utiliser les armes, à égorger et à devenir des meurtriers.

Enfermement, isolement, frustration, peur permanente, peur de mourir sous les bombes, peur de représailles, peur pour son fils et pour l'enfant à venir, désillusion, déception; tel est le lot quotidien de Laura Passoni qui a vécu neuf mois parmi ceux qu'elle croyait «appartenir au clan des forts».

Enfermement, isolement, frustration, peur permanente, peur de mourir sous les bombes, peur de représailles, peur pour son fils et pour l'enfant à venir, désillusion, déception; tel est le lot quotidien de Laura Passoni qui a vécu neuf mois parmi ceux qu'elle croyait «appartenir au clan des forts». «Notre vie est un enfer. Daesh est un monstre à l'ombre duquel je ne veux pas voir grandir mes enfants», raconte Laura.

Le retour: qu'adviendra-t-il de Laura et de Oussama?

Après bien de péripéties, Laura, Nassim et Oussama parviennent à s'échapper de l'enfer de Daesh. Comment? Avec quelle aide? Comment Laura est-elle accueillie en Belgique? Est-elle arrêtée? Emprisonnée? Quel châtiment l'État belge réserve-t-il aux femmes djihadistes repenties? Et Oussama, quel est son sort? Nassim, l'enfant de quatre ans qui a été témoin des violences et des horreurs de Daesh, sera-t-il enlevé à sa mère et placé dans une famille d'accueil afin qu'il soit protégé?

Laura témoigne pour alerter et prévenir

À travers ce livre coécrit avec la journaliste belge, Catherine Lorsignol, Laura Passoni nous livre un témoignage inquiétant et ahurissant au sujet de Daesh, en Syrie. Elle décrit un environnement chaotique où des hommes sanguinaires règnent en maîtres absolus sur cette contrée du monde; où des enfants sont préparés à devenir des égorgeurs; où les femmes, très souvent jeunes, sont soumises au diktat de la collectivité dirigée par des hommes; des femmes qui acceptent d'être réduites à des corps au service du plaisir masculin; des femmes essentiellement conçues comme des ventres dont la fonction est d'assurer la reproduction et la continuité de Daesh. Grâce à ce livre, les lecteurs et les lectrices découvriront la réalité de la situation en Syrie, la vraie nature des combattants d'EIIL, leurs instincts meurtriers et leur esprit revanchard, y compris avec les leurs. Pour justifier son départ en Syrie, Laura évoque l'exploitation par les recruteurs de Daesh de «sa naïveté, de sa faiblesse, de son manque de confiance». Laura a été leurrée; cette duperie, elle ne l'acceptera pas, elle ne le taira pas.

C'est pourquoi elle s'est engagée dans une démarche de prévention dans les établissements scolaires auprès de jeunes filles. Laura parle, témoigne, dénonce à visage découvert. Son objectif est de leur montrer le vrai visage de Daesh et de les dissuader de tomber dans leur piège; piège de la séduction, du mensonge et de la supercherie. Prévenir est «une manière de me racheter et de faire ce que j'ai toujours voulu: aider les autres», confie Laura dans son livre.

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