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Entre transparence et cynisme

Connaissez-vous bien des gens qui ont l’opportunité de payer leur loyer ou l’hypothèque de leur propriété avec de l’argent non imposable?
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Pierre Paradis
La Presse canadienne/Jacques Boissinot
Pierre Paradis

On apprenait cette semaine dans un rapport de la commissaire à l'éthique et à la déontologie que l'ex-ministre libéral Pierre Paradis a utilisé ses allocations de logement afin de financer dans un premier temps le loyer de sa fille et de son gendre et dans un deuxième temps leur hypothèque de condo.

La commissaire avance notamment que ces comportements sont susceptibles d'entrainer des abus de confiance entre la population et les députés de l'Assemblée nationale. Si on ne peut qu'être d'accord avec cette affirmation, Monsieur Paradis n'est cependant pas le seul à avoir une utilisation douteuse de ces allocations de logement. On pense notamment à Sylvain Pagé qui siège sous la bannière du Parti Québécois depuis 2001 et est maintenant propriétaire de deux condos à Québec, dont un qu'il loue.

On peut s'entendre sur le fait que nul ne devrait s'appauvrir pour travailler. C'est la logique derrière certains articles de la Loi sur les normes du travail qui obligent les employeurs à fournir les uniformes ou les outils de travail ou stipulent que dans les cas de voyagement à l'effet du travail il doit avoir certaines compensations de logement et de déplacement qui soient versées à l'employé.

Si nous appliquons cette logique à la situation des parlementaires, le résultat est que ceux et celles qui n'habitent pas la région de la Capitale-Nationale, où ils et elles doivent siéger trois journées par semaine et parfois davantage, doivent en effet s'y loger. La somme qui leur est remise est cependant non-imposable et ne constitue pas un prolongement du salaire. Que des élus en profitent pour payer les logements de leurs enfants ou se payer des hypothèques pour ensuite louer leur nouvelle propriété est tout à fait critiquable. Connaissez-vous bien des gens qui ont l'opportunité de payer leur loyer ou l'hypothèque de leur propriété avec de l'argent non imposable?

Le but d'une allocation de logement est simple et légitime: réduire les dépenses des députés pour qu'ils et elles n'aient pas de coûts associés à l'exercice de leurs fonctions.

Le but d'une allocation de logement est simple et légitime: réduire les dépenses des députés pour qu'ils et elles n'aient pas de coûts associés à l'exercice de leurs fonctions. Pourtant, quand on demande à nos élus de dévoiler la façon dont ils utilisent ces sommes afin de vérifier si l'utilisation qui en est faite correspond aux objectifs, seul Québec Solidaire répond présent et prône une utilisation transparente de ces sommes.

La semaine dernière, on apprenait par ailleurs qu'il nous est impossible d'obtenir le détail des dépenses des députés lors de leurs missions à l'étranger alors que ces missions ont totalisé plus de 825 000$ pour la seule année parlementaire 2016-2017. La semaine d'avant, le premier ministre Philippe Couillard nous disait avoir atteint son objectif d'être le gouvernement le plus transparent de l'histoire du Québec. On se demande ensuite pourquoi les Québécois et les Québécoises sont cyniques face à la question politique. Si nous obtenions finalement ces données, qui devraient d'ores et déjà être publiques, serions-nous nécessairement moins cyniques ? Probablement pas, puisque les informations que nous obtenons au compte-goutte ne laissent rien présager de bien reluisant, mais nous pourrions au moins commencer à faire un grand ménage. Après tout, nous sommes en année électorale.

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