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Journée des femmes: bâtir intelligemment et innover pour un changement durable

Il importe de changer notre façon de penser et de bâtir des communautés équitables et solidaires, qui encouragent la participation de toutes les femmes et des filles.
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L’accès équitable et égalitaire aux ressources d’éducation, à la santé, aux services publics et au marché régulier du travail est l’une des conditions premières s’inscrivant dans une volonté réelle du changement.
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L’accès équitable et égalitaire aux ressources d’éducation, à la santé, aux services publics et au marché régulier du travail est l’une des conditions premières s’inscrivant dans une volonté réelle du changement.

Pour souligner la Journée internationale des femmes, l'ONU lance, cette année, la thématique «Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement», une belle prémisse porteuse d'espoir et de perspectives nouvelles. Ce 8 mars 2019, nous sommes toutes et tous invités à réfléchir à une façon de mieux concevoir nos actions pour assurer l'établissement de systèmes de protections sociales, l'accès aux services publics et à des infrastructures durables, réalisant ainsi l'égalité de fait des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles. C'est une occasion renouvelée d'échanger, de partager, d'évoluer, mais surtout de se questionner sur nos avancées et nos reculs!

Il est vrai que durant des décennies, la lutte des femmes à travers le monde n'a cessé de faire des avancées et parfois des reculs. On n'oubliera jamais que si certains droits sont acquis pour des femmes, pour d'autres ailleurs dans le monde on en est encore au balbutiement de certaines permissions.

Le fait est qu'on s'est beaucoup focalisé sur la lutte pour une égalité des droits, mais sans vraiment se soucier de l'égalité de fait pour toutes les femmes.

Cette journée devrait célébrer TOUTES les femmes: femmes en situation de handicap, femmes autochtones, femmes immigrantes et racisées, femmes réfugiées, etc., il est heureux de constater que nous sommes tous témoins de la libération de la parole des femmes. Ici comme ailleurs, de nombreuses voix s'élèveront pour dénoncer, à juste titre, les préjugés, l'exclusion, le capacitisme, le sexisme, etc. Une question se pose pourtant: allons-nous entendre la parole de Toutes ces femmes et réaliser la société égalitaire en toute équité?

Penser équitablement est un processus menant à l'innovation pour le changement durable réalisant l'égalité de fait: «Les changements sociaux ne se font pas en suivant les mêmes structures qui excluent les gens, mais plutôt en les remplaçant par des structures plus égalitaires.» (Maria Barile, 1958-2013 femme handicapée, militante et agente du changement).

Nos sociétés sont diverses et les voix le seront tout autant. Selon les plus récentes données de l'enquête canadienne sur les incapacités ECI (2017), près de 23% (6,2 millions d'individus) de la population canadienne sont des personnes en situation de handicap, et plus de la moitié sont des femmes. Toujours selon ces mêmes données, le Québec comptait 616 740 personnes vivant avec des incapacités en 2012, dont 338 630 étaient des femmes.

Il est important de rappeler qu'en 2010, le Canada avait ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ce qui ouvrait la porte à l'élimination des inégalités sociales et l'exclusion économique.

Pourtant, sept ans plus tard, à la suite de la présentation du rapport du Canada sur l'application de cette même convention, le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD-CDPH) faisait la recommandation suivante: «Définir des critères en vue de lutter contre les formes multiples et croisées de discrimination au moyen de lois et de politiques publiques, notamment par des programmes d'action positive en faveur des femmes et des filles handicapées, des Autochtones et des migrants handicapés, et d'offrir des recours utiles lorsque ce type de discrimination se produit».

Serait-il possible que certaines voix n'aient pas été entendues?

Serait-il possible qu'une tranche de la population ait été oubliée? Poser la question, c'est aussi y répondre. La thématique de la Journée internationale des droits des femmes doit impérativement nous offrir cet espace de réflexion. Penser équitablement exige que l'on élargisse notre esprit et nos perspectives.

Nous devons nous émanciper de notre pensée capacitiste, celle-là même qui appelle à hiérarchiser nos luttes reproduisant ainsi les oppressions et l'exclusion!

Au Québec comme au Canada, nos décideurs ont l'obligation de penser équitablement, et d'encourager toutes les initiatives sociales afin que disparaissent les inégalités. Pour ce faire, il importe de changer notre façon de penser et de bâtir des communautés équitables et solidaires qui encouragent la participation de toutes les femmes et des filles. Ceci est non seulement un gage de réussite assurant le développement durable et inclusif dans nos sociétés, mais est aussi une marque de respect des droits de l'Homme, peu importe le genre, l'âge, l'ethnicité, le statut économique, la religion, etc.

Penser le changement social implique l'augmentation des capacités d'agir pour les groupes les plus marginalisés.

Les femmes et les filles en situation de handicap sont des citoyennes à part entière. Demandons-nous alors pourquoi les femmes et les filles en situation de handicap par exemple sont encore exclues lorsqu'il s'agit de parler développement social, culturel, politique et économique? Demandons-nous ensuite: que pouvons-nous faire collectivement pour assurer l'inclusion et la diversité?

Lorsque les opportunités de participations leur sont octroyées, elles peuvent contribuer activement au développement social et économique de leurs communautés.

L'accès équitable et égalitaire aux ressources d'éducation, à la santé, aux services publics et au marché régulier du travail est l'une des conditions premières s'inscrivant dans une volonté réelle du changement.

Enfin, les femmes en situation de handicap ont été pionnières lorsqu'il s'agissait de développer le discours inclusif et d'éviter la reproduction des oppressions. Il est donc important qu'elles soient au centre de nos initiatives innovantes.

Lorsque l'équité pour atteindre l'égalité de fait et l'inclusion sont au centre de nos actions dès le début d'un quelconque processus, nous devrons nous assurer qu'aucune femme ou fille ne soit oubliée ou laissée pour compte. Dans une perspective d'analyse qui promeut une meilleure compréhension et analyse des inégalités sociales, nous pouvons aisément entamer un véritable changement de paradigmes. Sommes-nous enfin arrivés au stade d'agir, au-delà des vœux pieux? Cette année, allons-nous #InnoverPourTransformer pour toutes les femmes?

Muriel Mac-Seing, Patrick Fougeyrollas, Selma Kouidri, cosignent ce blogue au nom de l'Institut National pour l'Équité, l'Égalité et l'Inclusion des personnes en situation de handicap (INÉÉI – PSH), un institut dont la mission est l'élimination de toute forme de violence et de discrimination envers les personnes en situation de handicap ainsi que la promotion de l'équité pour atteindre l'égalité et l'inclusion de celles-ci, et ce, quel que soit leur âge, leur genre ou leur origine ethnoculturelle.

La section des blogues propose des textes personnels qui reflètent l'opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

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