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Et si Donald Trump devenait président des États-Unis?

L'année 2016 est clairement très volatile et des épiphénomènes émergents pourraient très bien engendrer la victoire de Trump le 8 novembre.
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Suite à la Convention nationale républicaine, la plupart des sondages plaçaient Donald Trump en avance dans la course à la Maison-Blanche (48% contre 45% pour Hillary Clinton), contrastant largement avec la tendance générale qui assurait une victoire à Clinton le 8 novembre prochain. La rhétorique populiste du candidat, qui exploite notamment les inquiétudes liées à l'économie, à l'immigration ainsi qu'au terrorisme, semblent trouver de plus en plus d'écho dans la population américaine et nous amène à considérer sérieusement la possibilité d'une présidence Trump.

Dans cette éventualité, l'implantation de son programme politique axé sur la primauté des intérêts américains, le protectionnisme, une fiscalité allégée et la sécurité aura des conséquences dramatiques sur l'économie américaine et mondiale (ralentissement du commerce, récession, inflation, chômage, dépréciation du dollar) et la stabilité internationale (réémergence de tensions, risque accru de conflit, abandon du rôle modérateur des organisations internationales). Le Financial Times prévenait déjà que «pour les banques centrales encore engagées dans les programmes d'assouplissement quantitatif à la poursuite d'un environnement normalisé post-crise, ces facteurs rendraient leur tâche beaucoup plus difficile».

Programme politique de Trump

Fiscalité

Réduction du taux d'imposition, tant aux particuliers (réduction de 39,6% à 25% maximum) qu'aux entreprises (réduction de 35% à 15% maximum).

Santé

Abrogation de l'Obamacare. Mise en place de comptes d'épargne libres d'impôts dédiés à la santé. Contrôle du prix des médicaments et arrêts de l'aide aux immigrants illégaux.

Immigration

Expulsion des 11 millions d'immigrants illégaux. Construction d'un mur avec le Mexique. Réduction drastique de l'immigration et priorité d'emploi aux Américains. Réduction des émissions de visas.

Commerce

Augmentation des barrières tarifaires, notamment avec le Mexique et la Chine. Révision de l'ALÉNA, rejet du Partenariat transpacifique (TPP) et potentiel retrait de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Interventionnisme accru. Guerre des devises.

Environnement

Retrait de l'Accord de Paris et approbation de Keystone XL. Néglige les changements climatiques et les énergies renouvelables.

Politiques sociales

Fervent défendeur du droit au port d'armes. Emphase sur la sécurité domestique («law and order»). Mise sur la diminution du recours aux programmes sociaux par la création d'emplois.

Politique étrangère

Intervention américaine en mer de Chine. Guerre accrue contre le terrorisme. Réengagement militaire, investissements massifs dans la Défense.

Bien qu'une présidence Trump représente de plus en plus une possibilité crédible, le facteur démographique semble jouer à l'avantage de Clinton. Elle jouit d'un support marqué, tant chez les femmes que chez les minorités, qui constituent un pourcentage de l'électorat de plus en plus important, tandis que le Midwest, le principal bassin électoral de Trump, voit sa population diminuer d'année en année.

Pour gagner la présidence, un des candidats doit obtenir une majorité de grands électeurs (270 sur 538) répartis proportionnellement au poids démographique de chaque État. Pour le moment, Clinton semble jouir d'une avance confortable. Nous considérons toutefois que la menace terroriste, le renforcement des tensions raciales ou le risque d'un ralentissement économique pourrait inverser la tendance et favoriser Trump sur Clinton.

Répartition des grands électeurs selon les derniers sondages nationaux (source: 270 to win)

Facteurs de mitigation ou d'accentuation d'une présidence Trump

«I like to be unpredictable»

Bien que le système politique américain ne favorise pas les grandes réformes, il ne faut pas sous-estimer la volonté et le tempérament imprévisible de Trump, qui pourrait être tenté d'utiliser des méthodes peu orthodoxes afin de faire avancer son agenda (abus du pouvoir de veto et de nomination, prolifération des ordres exécutifs). L'histoire américaine nous rappelle qu'en temps de crise, les présidents ont tendance à surutiliser ce genre de pouvoirs pour satisfaire la classe moyenne.

Facteurs de mitigation

Dans un scénario moins pessimiste, le recours intensif aux poids et contrepoids du système politique américain dans un Congrès divisé ou mal acquis à la cause de Trump, et l'éventuelle érosion du soutien populaire limiteraient à la fois l'implémentation de son programme et ses impacts néfastes sur l'économie.

Sommes-nous dans une période d'accélération temporelle?

De façon plus globale, comment doit-on interpréter la cascade d'événements aussi surprenants que volatiles qui précèdent le fait «Trump» (Brexit, explosion du terrorisme en Occident, poussée de l'extrême droite en Europe, crise des migrants, coup d'État en Turquie)? Dans le jargon, on parle d'une période d'accélération temporelle où la moindre action perturbatrice peut entraîner malgré elle une réaction en chaîne incontrôlable dans un monde déjà passablement agité.

En 331 avant J.-C., Alexandre le Grand met fin au vaste et puissant empire perse en vainquant Darius III à la bataille de Gaugamèles. Quinze ans de régime napoléonien ont mis fin à 1500 ans de régimes monarchiques en Europe. La victoire de l'Angleterre sur la Chine en 1842 a mis au système impérial pluriséculaire et à son dépeçage par les Occidentaux et les Japonais. La crise de 1929 a précipité la chute des démocraties et favorisé l'émergence du fascisme, puis du nazisme, alors que quelques mois de l'été 1989 auront suffi à faire chuter le mur de Berlin puis l'URSS.

L'année 2016 est clairement très volatile et l'ensemble des épiphénomènes émergents (comme la multiplication des attentats dans les pays développés) pourrait très bien engendrer la victoire de Trump le 8 novembre prochain et ainsi accélérer inévitablement la course du temps.

Son élection, en remettant en cause toutes les fondations du système international coopté par les Américains depuis 1945, signalerait le déclin inévitable de l'économie et de l'hégémonie américaine, et engendrerait une fragmentation plus forte de la puissance internationale et un renforcement à long terme de l'instabilité et des conflits.

Guillaume Callonico

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