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Le marché mondial de l’acier et son problème de surcapacité

Aujourd'hui, une tonne d'acier sur deux est produite en Chine, alors que le ratio était d'une sur cinq il y a quinze ans.
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Le problème de surcapacité qui affecte le secteur de l'acier ne fléchit pas. Seulement 70% de sa capacité de production est aujourd'hui opérationnelle, selon l'OCDE. L'organisation estime que 730 millions de tonnes (Mt) d'acier se seraient ajoutées à la production globale de 1 670 Mt en 2016, si l'industrie avait fonctionné à plein régime.

Bon nombre de sidérurgistes occidentaux tiennent la Chine pour responsable de cette situation. Depuis une quinzaine d'années, Pékin stimule la production d'acier des entreprises sidérurgiques étatiques sous son contrôle. Cette politique productiviste a revêtu une importance particulière après la crise financière de 2007-2008. Alors que la croissance chinoise s'essoufflait, Pékin a accéléré la production d'acier en dépit d'une demande mondiale exsangue. Cette surproduction a servi de soupape pour le marché de l'emploi chinois : elle a permis d'atténuer la hausse du chômage, de même que les risques de crise sociale qui s'y rattachaient, dans le contexte de ralentissement économique qui prévalait.

Ainsi, la production chinoise d'acier a grimpé de façon fulgurante, passant de 200 Mt en 2002 à 800 Mt en 2016. Aujourd'hui, une tonne d'acier sur deux est produite en Chine, alors que le ratio était d'une sur cinq il y a quinze ans. La ville de Tangshan, située dans le Hebei, cette province en forme de fer à cheval qui ceinture Pékin et Tianjin, fabrique à elle seule annuellement plus d'acier que les États-Unis.

À la hausse de production s'est suivie une hausse des exportations chinoises, qui ont doublé à 112 Mt entre 2008 et 2015, tirant ainsi vers le bas le prix de cet alliage sur les marchés internationaux.

La déprime du marché de l'acier a également mené à sa consolidation. En septembre 2017, ThyssenKrupp et Tata Steel ont fusionné leurs opérations européennes. ArcelorMittal, le numéro un mondial de la sidérurgie, a annoncé presque au même moment l'acquisition de l'italien Ilva. En Chine, un an plus tôt, l'alliance entre BaoSteel et Wuhan Iron & Steel a donné naissance à Baowu Steel, le deuxième plus grand sidérurgiste au monde.

En dépit d'une embellie des prix depuis 2015, le marché de l'acier demeure en situation de surcapacité.

En dépit d'une embellie des prix depuis 2015, le marché de l'acier demeure en situation de surcapacité. Pour pallier la concurrence chinoise jugée déloyale, la Commission européenne a mis en place des droits antidumping sur l'importation d'une gamme de produits en acier provenant de la Chine. Aux États-Unis, l'administration Trump considère aussi l'imposition de droits de douane en vertu de la section 232 du Trade Expansion Act. Cependant, les répercussions sur l'acier chinois seraient minimes en cas d'application de cette mesure : les États-Unis s'approvisionnent principalement en Europe (23% de leurs importations d'acier), au Canada (18%) et en Corée du Sud (10%), selon le Bureau du recensement américain.

Pékin reconnaît le problème que la surproduction a engendré. C'est pourquoi le gouvernement a lancé en 2016, une politique visant à réduire de 150 Mt la production d'acier d'ici 2020. Ces coupes sont mises en place également dans une optique d'assainissement de l'air des provinces fort polluées qui bordent le golfe de Bohai.

Or, il y a fort à parier que ces réductions ne juguleront pas le problème de surcapacité sur le marché mondial. La hausse de production venant d'ailleurs annulera sans doute l'effort chinois. L'Inde s'est engagée dans un programme visant à tripler sa production jusqu'à 300 Mt d'ici 2030. La Russie, la Turquie et l'Iran axent de plus en plus leur production vers l'exportation. Tout indique que l'industrie de l'acier traînera ce problème de surcapacité encore plusieurs années.

Par Étienne Gamache

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