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Le printemps arabe et le défi démocratique

Trois ans après le Printemps arabe, les mouvements fondamentalistes-radicaux, loin de s'essouffler, continuent de se développer sur des terrains traditionnels ou d'autres, plus inattendus, que l'on relève en Libye, en Égypte ou encore en Tunisie.
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Trois ans après le "printemps arabe", les mouvements fondamentalistes-radicaux, loin de s'essouffler, continuent de se développer sur des terrains traditionnels ou d'autres, plus inattendus, que l'on relève en Libye, en Égypte ou encore en Tunisie.

Retour aux sources

Cependant, analystes et experts sont souvent réduits à des études au cas par cas sans pouvoir tirer de conclusions globales, tant le sujet apparaît se fondre en creux dans un contexte social ou politique à chaque fois différent. Les expériences hétérogènes que nous avons pu observer durant ces trois dernières années nous amènent à analyser les causes de cette autolégitimation.

En effet, les échecs des modèles de développement imposés dans le monde arabe et la faillite des pouvoirs personnels, autoritaires et oligarchiques, qui ont généré des "dynasties" de rapaces et de corrompus incapables d'entrevoir un rapport politique à leur société ont, pour partie, déclenché le phénomène de "retour aux sources" dans une bonne partie de la société arabe, ce qui traduit une forme de malaise socio-psychologique. À la fois contestataire, identitaire et passéiste, l'islamisme politique attire à lui aussi bien les arrivistes que les serviteurs de l'ancien régime et que les masses.

Marketing de l'islam politique

À examiner de près, le phénomène d'islamisation de la société est adapté à chaque réalité tel un "marketing" puissant dans le vécu quotidien des personnes auxquelles il s'adresse. Le discours adopté est simple, animé par un background historico-religieux; il est souvent antimoderniste et très répressif à l'encontre des acquis de l'État moderne. À travers cette réalité, on peut découvrir des mouvements hiérarchiques dirigés par une sorte de "guide suprême" qui essaie de consacrer sa prédominance au sein du mouvement. Ainsi, pour consolider leur pouvoir, ces nouveaux régimes ont noué des dizaines d'alliances avec des associations de tendance religieuse, qui jouent le rôle de propagandistes et de bras séculier.

Néanmoins, des débats internes, en Tunisie et en Égypte, commencent à mettre l'accent sur l'échec de cette perspective adoptée par les islamistes. D'ailleurs, la notion de "l'islam politique » doit être réexaminée, car il s'agit d'une notion qui nous amène à parler d'un régime théocratique plutôt que démocratique. En effet, la nouvelle expérience politique dans le monde arabe postrévolutionnaire permet de revenir à la question de la démocratie directe, où le pouvoir est exercé directement par les citoyens, sans l'intermédiaire d'organes représentatifs tel que les "Cheikhs" - bien que la confusion du religieux et du politique remonte assurément à la plus lointaine antiquité. Mais l'histoire prouve qu'elle a été ainsi à la source d'innombrables conflits et violences, en mettant la force au service du religieux et en faisant de la religion la couverture d'ambitions politiques ou de rancunes sociales.

Démocratie directe

Compte tenu de l'importance du marqueur religieux dans les mentalités et dans la mémoire collective de la société arabe, le moyen le plus efficace pour les ambitions politiques et les appétits de domination a été, et est encore parfois, de s'abriter derrière le fait religieux. Pourtant, le printemps arabe marque un passage épistémologique vers l'application du fameux principe athénien du "demos cratos", c'est à dire "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple" selon la fameuse expression d'Abraham Lincoln, de sorte que l'idée de démocratie directe doive se rapporter à différentes conceptions de l'exercice direct de la souveraineté par le peuple. Si, aujourd'hui, le terme de démocratie renvoie généralement à l'idée de gouvernement représentatif, il fut longtemps associé à celle de démocratie directe, notamment en référence à la démocratie athénienne, où les citoyens réunis en assemblée décidaient des lois.

Cette description du fond philosophique de la démocratie nous pousse à poser les questions suivantes: sommes-nous en train d'assister à des révolutions politiques inachevées de pair avec une régression économique? Les pays arabes impliqués finiront-ils par être des démocraties réelles? À la lumière de ces vrais défis, qui exigent de vraies actions, on peut noter que le temps est venu pour les élites arabes de se montrer à la hauteur des espoirs des peuples et de faire justice à leur potentiel culturel et politique.

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