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Mère est une tragédie pour la sublime Jennifer Lawrence et c’est la nôtre également.
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Le réalisateur Darren Aronofsky en compagnie des acteurs Javier Bardem, Jennifer Lawrence et Michelle Pfeiffer lors de la projection de Mère à la Mostra de Venise.
Alessandro Bianchi / Reuters
Le réalisateur Darren Aronofsky en compagnie des acteurs Javier Bardem, Jennifer Lawrence et Michelle Pfeiffer lors de la projection de Mère à la Mostra de Venise.

De ce cinéaste célèbre, j'ai vu en Requiem for a dream en 2000 et Black Swan en 2011. J'ai le souvenir d'un très grand artiste, incomparable et d'une révélation. D'où ma hâte d'assister à un évènement. Un seul regret: la salle est vide et il y fait un froid polaire. Je me sens mal à l'aise dans cet environnement hostile qui contamine mon attente. Entre l'écran et mon fauteuil, je souffre physiquement. À la fin de la projection, au moment du générique une voix s'élève, profonde, mélodieuse. C'est Patti Smith qui chante à la demande de Darren, le soir de la première au Festival de Toronto. Je sors silencieuse et dehors la chaleur me réconforte. Je n'ai rien à dire... La seule façon de retrouver mes esprits: c'est de retourner voir le film.

Je suis de celles qui savent les risques que prend Darren Aronofsky en choisissant l'état des lieux. Les critiques sont dévastatrices: on parle de production d'horreur fantastique poussée à l'extrême. Âmes sensibles s'abstenir... À Toronto lors de l'ouverture, le film commence avec un avertissement «Dites aux gens qu'il s'agit d'une expérience avant tout: mon film en est un de rage agitée». C'est vrai.

Mais qui est ce cinéaste controversé?

Natif de Brooklyn, Darren Aronofsky, grandit dans une famille juive traditionnelle, mais il se détourne assez vite de la religion pour s'intéresser à l'art. Il étudie les techniques de réalisation et d'animation, de la prestigieuse université de Harvard, où il rencontre le futur interprète de Pi. Sean, avec qui il tourne son court métrage de fin d'études, Supermarket Sweep. Grâce à ce film, il entre à l'American Institute où il reste deux années. C'est alors qu'il décide d'adapter le roman d'Hubert Selby Jr, Last exit to Broklyn, sous le titre de Requiem for a dream, une véritable descente aux enfers liée à la drogue et aux autres dépendances.

C'est une œuvre puissante et pour moi, une révélation.

C'est une œuvre puissante et pour moi, une révélation. Le film se fait immédiatement remarquer grâce à ses effets de montage et son thème musical composé par Clint Mansell. Il devient un réalisateur culte pour ma génération et de nombreux jeunes cinéastes. Après deux films, Darren Aronofsky s'éloigne de New York pour écrire une fable autour de l'immortalité. Il met plus de six années pour réaliser et produire The Fountain présenté à la Mostra de Venise en Septembre 2006. Il dirige notamment sa fiancée de l'époque, Rachel Weisz. Divisant le public et les critiques, le film ne rencontre pas le succès de Requiem. Infatigable, il se lance dans un projet moins personnel avec The Wrestler, dont le scénario est tourné à Hollywood. Porté par l'acteur Mickey Rourque dans le rôle d'un vieux catcheur, le film séduit grâce à une mise en scène plus âpre et retenue que par le passé. Récompensé par le Lion d'or à Venise, il permettra à Mickey Rourque de retrouver à Hollywood une place de choix, en gagnant le Golden Globe du meilleur acteur en 2009.

Qu'il divise parfois public et critique, mais on ne peut nier la personnalité d'un grand réalisateur, surdoué, iconoclaste peut-être, qui ose sans compromis montrer ce qu'il ressent en nous le faisant partager.

En 2011 il signe un thriller sur le monde de la danse et des ballets, BLack Swan, qui place Nathalie Portman, transcendante, et Vincent Cassel en haut de l'affiche. Le film fait un succès retentissant. J'ai encore des images en mémoire de son élégance dans la mise en scène. Qu'il divise parfois public et critique, mais on ne peut nier la personnalité d'un grand réalisateur, surdoué, iconoclaste peut-être, qui ose sans compromis montrer ce qu'il ressent en nous le faisant partager.

Mère est une tragédie pour la sublime Jennifer Lawrence et c'est la nôtre également. Son doux visage effrayé ne sait comment faire pour retrouver son identité. Elle craint d'être engloutie, dévorée par des inconnus qui menacent sa sécurité. Grâce à son montage d'une virtuosité extrême, Darren pourchasse en gros plans la mère abandonnée, dont les mots cassants des intrus crachent à son visage «t'es qui toi?».

Plus le mari écrivain ouvre les portes a ses admirateurs, plus la maison se dégrade et c'est le chaos...On se plaint que les films se ressemblent. Pas celui-ci, précise Darren Aronofsky. Je suis d'accord.

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