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Hommage à François Girard

Ma rencontre avec François Girard date de la sortie de son film. J'avais reconnu dans cette première œuvre une force, une personnalité originale, la certitude d'un talent.
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François Girard est un réalisateur, scénariste, acteur et metteur en scène québécois, né le 12 janvier 1963 à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Il s'est fait connaître d'abord par Trente-deux films brefs sur Glenn Gould en 1993, qui a obtenu quatre prix Génie à Toronto avant d'être diffusé dans plus de 30 pays. Plus tard, François Girard s'est fait connaître internationalement grâce à son film, Le violon rouge.

C'est en 1990 qu'il se lance dans un premier long-métrage avec Cargo, dont il signe le scénario et la réalisation. La critique démolit le film, mais attire mon attention et fait dire à Francine Laurendeau, critique au Devoir et réalisatrice à Radio Canada : « François Girard a fait un film qui se tient, un film dont les images et les sons nous restent dans la tête. Et qui donne hâte au prochain. »

Ma rencontre avec François Girard date de cette époque, car j'avais reconnu dans cette première œuvre une force, une personnalité originale, la certitude d'un talent.

À ma plus grande joie, François Girard ne s'est pas démenti. Artiste accompli, son travail ne connaît pas de frontières ; il explore avec autant de profondeur l'opéra, les arts visuels, le théâtre, la musique et le cinéma.

En 2007, il tourne au Japon et en Italie l'adaptation du roman Soie, d'Alessandro Barrico, avec l'inoubliable Michael Pitt.

S'étant éloigné du cinéma après Soie, François Girard attendait patiemment de pouvoir monter un projet auquel il tenait depuis longtemps : travailler avec Dustin Hoffman, mais rien ne débouchait. Avec Boychoir, le cinéaste a pu enfin lui offrir un rôle, celui, surprenant, d'un chef de chœur acariâtre, mais d'une élégance et d'une retenue admirable.

François Girard ne fait rien de banal.

Boychoir met en scène un jeune garçon de 12 ans (Garrett Wareing), au visage d'une pureté enfantine, orphelin de mère et abandonné par son père. Pour seul bagage, il est doté d'une voix exceptionnelle, mais sans éducation. Il sera projeté brusquement dans une institution prestigieuse même s'il ne sait pas lire une partition. François Girard gomme très rapidement les bons sentiments.

Le film sait parler de musique comme il sait en faire entendre. On sent qu'un musicien est aux commandes, et François installe l'audience dans des sphères précieuses : poser la voix, démontrer techniquement les efforts et les difficultés, pousser l'élève sans tenir compte des limites. Garrett s'est pris au jeu, il veut devenir le meilleur, un soliste. La route est longue, pleine d'obstacles, de découragements, car son chef de chœur (Dustin Hoffman) ne l'aime pas, croit-il.

À un moment du film, Dustin Hoffman pose la question au jeune garçon : « Tu as un don, ta voix, mais que ressens-tu lorsque tu chantes ? » « Je ne sais pas », répond l'enfant. Tout le film repose sur cette question. Pour devenir soliste, il faut dépasser ses angoisses, franchir les différences, surmonter l'orgueil, les remontrances. Faire dans cette aventure le don de son âme à la musique.

Mais qu'en est-il de ces chefs de chœurs qui forment des voix angéliques vouées à muer très rapidement, la précarité de l'effort, de la récompense, tant pour le maître que pour l'élève.

François Girard, avec sa discrétion habituelle et son savoir-faire, atteint le cœur du spectateur avec Boychoir.

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