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«Adore», une sulfureuse histoire d'amour

Étant anticonformiste et amorale, j'aime le cinéma d'Anne Fontaine, surtout lorsqu'elle dénonce un sujet tabou que l'on n'exploite jamais au cinéma : deux mères splendides qui tombent amoureuses chacune du fils de l'autre.
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Adore, le film franco-australien d'Anne Fontaine, est une sulfureuse histoire d'amour.

Synopsis

Inséparables depuis l'enfance, Lil (Naomi Watts) et Roz (Robin Wright) vivent en parfaite harmonie avec leurs deux fils à la beauté singulière, dans une petite communauté paradisiaque, Seal Rocks, isolée du monde au bord de l'océan. À l'abri des regards, mères et fils vont vivre une histoire d'amour hors-norme jusqu'à ce que l'âge vienne mettre un terme au désordre amoureux. D'après l'œuvre originale de Doris Lessing, Les grands-mères.

Les personnages

L'action se déroule en Australie sur plusieurs années. Les maris sont absents, et ainsi se forme le quatuor : Lil est la mère de Ian (Xavier Samuel) et elle tombe amoureuse de Tom (James Frecheville), le fils de son amie Roz, tandis que celle-ci s'éprend de Ian.

Anne Fontaine

Anne est née au Luxembourg le 15 juillet 1959. Elle débute dans le milieu artistique par la danse, puis elle devient comédienne, scénariste et réalisatrice. On lui doit Nettoyage à sec en 1997, Comment j'ai tué mon père en 2001, Nathalie en 2003, La fille de Monaco en 2008 et, en 2009, Coco avant Chanel. C'est une très belle femme, bourrée de talent, toujours à la recherche de sujets troublants, frôlant l'ambiguïté et l'audace avec beaucoup d'élégance.

Une histoire vraie

Après avoir lu le roman de Doris Lessing, Les grands-mères, Anne Fontaine part à Londres rencontrer l'écrivaine de 93 ans qui, par miracle, la reçoit chez elle. Doris Lessing précise que l'inspiration de ce roman lui vient de cette histoire qu'un jeune Australien saoul lui a racontée dans l'obscurité d'un bar lorsqu'elle avait 85 ans. Il avait été témoin d'une telle aventure étant l'ami de deux garçons que deux femmes avaient élevés ensemble, dans une osmose quasiment amoureuse, et qu'elles avaient ensuite poursuivi une relation chacune avec le fils de l'autre. Le jeune témoin, au lieu d'être horrifié par la troublante situation, éprouvait une jalousie féroce à l'égard de ses deux amis, car il jugeait leurs relations idylliques.

Anne Fontaine souhaite que le spectateur se retrouve à la place du jeune australien envoûté par cette histoire, pour transcender le point de vue moral.

Le film

Étant anticonformiste et amorale, j'aime le cinéma d'Anne Fontaine, surtout lorsqu'elle dénonce un sujet tabou que l'on n'exploite jamais au cinéma : deux mères splendides, Naomi Watts et Robin Wright, qui tombent amoureuses chacune du fils de l'autre. Les jeunes sont beaux, elles en sont fières, et tout est possible. Il faut dire qu'un autre personnage est déclencheur, c'est le lieu, l'Australie, ses plages à perte de vue, le soleil brûlant, la végétation luxuriante propice à implanter le récit. Ce lointain pays, ce lieu magique, provoque en nous un sentiment intemporel et universel. Vous souvenez-vous de l'affiche de La leçon de piano ?

Ce film est une célébration lyrique de l'amour à la fois idyllique, inattendue et cruelle.

Et pourquoi ce bonheur devrait s'arrêter ? J'aime la scène où Robin Wright se regarde dans le miroir, elle a peur de souffrir. Et la morale rôde sans cesse dans ce portrait. Les histoires d'amour finissent mal... en général, c'était le titre du tout premier film d'Anne Fontaine. Parce que les femmes ont peur d'être abandonnées. Et surtout, le regard des autres et leurs préjugés menacent l'édifice de la normalité. Il y a dix ans, ce film aurait fait des deux garçons des homosexuels, aujourd'hui le scandale arrive lorsqu'une femme plus vieille (vilain mot) aime et reçoit en retour l'amour du jeune homme.

Ce que je déplore, c'est que le film dérape quand il doit rentrer dans la norme, il devient alors ennuyeux. Pourtant, Doris Lessing avait dit : Pourquoi cela devrait finir ? C'est un poème.

Ne faisons pas de projets, la vie s'en charge.

Devant ce film, laissez-vous séduire, par la vague, le soleil, l'eau, les paysages, la sensualité du lieu ; moi, Ian, il me plairait bien.

Le film sort en salles le 6 septembre.

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