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La normalisation de l'extrémisme

La classe médiatique mondiale est en partie responsable du résultat. N'a-t-elle pas tapissé nos écrans du visage de Trump depuis son lancement en 2015?
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Trump a gagné.

Ce qui semble le plus choquant n'est pas sa victoire en tant que telle, mais bien la normalisation. Il était un candidat comme un autre. Les animateurs des soirées électorales virevoltaient devant leurs écrans interactifs, nous bourrant le crâne de statistiques bidons, mais le populisme d'extrême-droite venait de prendre la tête de la première puissance mondiale. Comme chien de garde, nous devrons compter sur les congressistes républicains de Paul Ryan, conservateur radical, nouvellement garni de l'étiquette de modéré.

La classe médiatique mondiale est en partie responsable du résultat. N'a-t-elle pas tapissé nos écrans du visage de Trump depuis son lancement en 2015? Et que dire de certains humoristes qui se sont attaqués non pas à ses positions radicales, mais à son élocution ou à sa coiffure?

Comment les médias et l'espace public peuvent-ils avoir perçu Bernie Sanders comme un candidat marginal et peu crédible, alors qu'ils n'eurent aucune difficulté à normaliser Donald Trump, milliardaire corrompu, raciste, misogyne, mégalomane et hypocrite, ne comptant comme expérience récente qu'un siège de juge de téléréalité? Le changement par la gauche est-il si subversif que l'on lui préfère le danger populiste?

À CNN, on parlait déjà de la prochaine élection. Des comtés. Des districts. Nous n'en sommes pas là.

Même si Trump devenait normal, ça ne changerait rien. Il reste celui qui a gagné la campagne sur le dos des minorités, dans une violence et une démagogie inouïe. Non seulement Donald Trump fut normalisé, mais, de manière plus importante, son discours le fut aussi.

Des airs de Neville Chamberlain

Le président de la Chambre de commerce de Montréal qui relevait le passé d'homme d'affaires de Trump. Le premier ministre Couillard qui qualifiait de «rassembleur» le ton du président élu dans son allocution. La normalisation franchit les frontières plus vite que la vitesse du son. De la préférence vis-à-vis de Clinton, nous assisterons peut-être à l'indifférence cordiale et commerciale envers le voisin du sud.

Nous devons rester vigilants. Ni le Québec, ni le Canada anglais ne sont à l'abri de ce phénomène. C'est un danger bien réel. Méfions-nous de l'ambiguïté coupable de certains et sachons le reconnaître, et ne pas le diminuer.

Il en revient aux progressistes, aux intellectuels, de prendre place dans l'espace public. Trop souvent laissé libre aux idéologues de la mouvance néoconservatrice, la parole de la raison, du progrès, du pluralisme doit se faire entendre. La population doit sentir que la société civile, son intelligentsia, ses artistes, ses idéateurs et créateurs, ses syndicalistes, ses leaders communautaires, ses politiciens sont à l'écoute.

Prenez la parole!

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