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Rouhani: «Ne parlez pas à la nation iranienne avec le langage des sanctions, mais celui de la dignité»

Hassan Rouhani est officiellement le 7e président de la République islamique et lors de son discours d'investiture délivré au parlement, il a annoncé un changement d'approche et de ton comparé à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad.
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TEHRAN, IRAN - JUNE 17: Iran's president elect Hassan Rouhani waves during his first press conference after being elected on June 17, 2013 in Tehran, Iran. Rouhani expressed hope that Iran can reach a new agreement with major powers over its disputed nuclear program, saying a deal should be reached through more transparency and mutual trust. (Photo by Majid Saeedi/Getty Images)
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TEHRAN, IRAN - JUNE 17: Iran's president elect Hassan Rouhani waves during his first press conference after being elected on June 17, 2013 in Tehran, Iran. Rouhani expressed hope that Iran can reach a new agreement with major powers over its disputed nuclear program, saying a deal should be reached through more transparency and mutual trust. (Photo by Majid Saeedi/Getty Images)

Hassan Rouhani est officiellement le 7e président de la République islamique et lors de son discours d'investiture délivré au parlement, il a annoncé un changement d'approche et de ton comparé à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad.

Lors de son discours, le président iranien a évoqué les questions économiques et sociales, mais également les questions internationales. Rouhani a répété que "le gouvernement de l'Espoir et de la Prudence aura comme fondement la modération."

En ce qui concerne les affaires étrangères, Rouhani a indiqué que "le gouvernement essaiera d'établir le respect mutuel et la confiance avec les autres nations". Ce message s'adresse aussi bien aux pays voisins qu'aux pays occidentaux qui ont connu un froid diplomatique avec l'Iran depuis la présidence d'Ahmadinejad et sa rhétorique agressive. Cependant, Rouhani est connu pour être un diplomate habile et pragmatique. Il est par ailleurs surnommé le "diplomate Sheikh". Connaissant donc l'importance et le poids des mots, son discours était bien préparé, intelligent et très calculé. En effet, s'adresser au monde entier et aux Iraniens de toutes parts en même temps n'est pas chose facile.

Tout au long de sa campagne électorale, Rouhani s'est opposé aux sanctions. Lors de son discours d'investiture, il a déclaré que "personne ne peut créer de stabilité à travers l'intimidation" et que "l'utilisation de la force est contre la démocratie et le droit des peuples de déterminer leurs propres aspirations". Il a ensuite déclaré que "la République Islamique d'Iran recherche la paix dans la région" et que "l'Iran est le centre de stabilité d'une région chaotique". Enfin, le président iranien a également répondu aux sanctions et à l'intimidation avec cette phrase qui a été reçue par les applaudissements du parlement :

"Je vous le dis clairement, si vous voulez une réponse appropriée de la part de l'Iran, ne parlez pas à la nation iranienne avec le langage des sanctions, mais avec le langage du respect/dignité".

Le parlement (Majles) est en majorité conservateur et, bien que le président du parlement Ali Larijani ait donné son soutien au nouveau président, Hassan Rouhani devra trouver l'équilibre pour concilier les différentes factions. Le nouveau président a les capacités de rassembler un échiquier politique complexe (entre les réformateurs d'un côté et les conservateurs de l'autre, mais également les Gardiens de la Révolution), car Rouhani est un centriste (dans le sens où il est ni un réformateur, ni un conservateur), et un modéré qui peut aller au-delà des factions. En Iran, le Guide Suprême Ali Khamenei reste l'ultime décideur, mais le président garde tout de même une marge de manœuvre.

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Hassan Rohani remporte la présidentielle en Iran

Rouhani a commencé ce travail de rassemblement des différentes factions en annonçant qu'il est "le président de tous les Iraniens" et il a appelé le Parlement à reconnaitre chaque citoyen iranien:

"Tout ceux qui ont voté, qu'ils aient voté pour moi, quelqu'un d'autre, ou même s'ils n'ont pas voté, ce sont tous des citoyens iraniens et ils ont des droits de citoyens."

Pour rappel, les Iraniens ont élu Rouhani le 14 juin au premier tour avec 51,7% des suffrages et un taux de participation de 73%. Cependant, face à ces gestes d'ouvertures (invitations, nomination de Javad Zarif comme ministre des Affaires étrangères, nomination de Mohammad Nahavandian comme chef de cabinet, messages d'ouvertures et de modération) la Chambre des Représentants du Congrès américain a voté des nouvelles sanctions draconiennes sur le pétrole iranien. En réaction aux sanctions, Rouhani a déclaré qu'un peuple qui a voté pour la modération "ne peut succomber face aux sanctions".

L'Iran fait face au plus lourd régime de sanctions jamais imposées, et ce pour les inquiétudes existantes au sujet de son programme nucléaire. Lorsque Rouhani était le chef négociateur du nucléaire de 2003 et 2005 (sous l'administration du président Réformateur Mohammad Khatami), il négociait de manière intensive avec les pays européens (la France, l'Allemagne, et la Grande-Bretagne) et le dossier nucléaire n'était alors pas référé au Conseil de Sécurité de l'ONU (pour un éventuel vote en faveur de sanctions multilatérales, non unilatérales). Lors de la présidence de George Bush, les États-Unis ne négociaient alors pas avec l'Iran, car Washington avait une politique de "zéro enrichissement". Les choses ont changé depuis la présidence d'Ahmadinejad en 2005 puisque l'Iran a été référé au Conseil de Sécurité de l'ONU, et depuis l'Iran est sous quatre rounds de sanctions des Nations Unies (sur six résolutions qui visent le programme nucléaire de Téhéran). Par ailleurs, des sanctions unilatérales de la part des États-Unis et de l'Union européenne (qui visent à paralyser l'économie iranienne) ont également été décidées.

À Washington, la Maison-Blanche a renouvelé ses "félicitations au peuple iranien pour avoir fait entendre sa voix" qui est celle du "changement". Contrairement au Congrès, l'administration Obama a exprimé que le nouveau gouvernement iranien "trouvera un partenaire volontaire chez les États-Unis" s'il "choisissait de s'engager sérieusement et substantiellement" afin de "trouver une solution pacifique et respecter ses obligations internationales" concernant la question du nucléaire.

De son côté, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu voit d'un mauvais œil la modération prônée par le nouveau président iranien et continue de presser pour davantage de sanctions. Il a à nouveau détourné les propos de Rouhani en disant que le président iranien avait "appelé Israël une blessure", alors qu'en réalité Rouhani parlait de "l'occupation de la terre sacrée de Palestine".

Sur les politiques sociales et économiques, Rouhani a exprimé qu'une des priorités du "gouvernement de l'Espoir" sera le droit des femmes afin qu'elles aient "un rôle plus important dans la société" (d'ailleurs l'image figurant sur son compte Twitter montre deux jeunes Iraniennes, en revanche aucune femme ne figure dans la liste du gouvernement). Il a aussi réaffirmé la volonté de "diminuer le rôle du gouvernement dans la vie" des Iraniens et de leur faire confiance afin que "le peuple ressente qu'il a besoin de jouer un rôle". Des délégations étrangères de plus de 50 pays ont participé à la cérémonie. Une geste sans précédent depuis l'instauration de la République islamique en 1979. Parmi les délégations étrangères, plusieurs présidents, des premiers ministres, des ministres des affaires étrangères et autres officiels de hauts rangs. A noté également la présence du Député Secrétaire-Générale des Nations-Unis Jan Kubish et de l'ancien Haut Représentant aux Affaires étrangères de l'Union Européenne Javier Solana qui a twitté qu'il connaissait Rouhani depuis 2000 et qu'il est "bon d'avoir des courants de communication" avec l'Iran.

Selon la constitution iranienne, le président a deux semaines pour remettre la liste des ministres qu'il suggère et qui doit être approuvée par le Parlement. Rouhani a cependant remis la liste dès la fin de son discours d'investiture à Ali Larijani. Le Parlement a maintenant une semaine pour approuver cette liste.

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