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Les Québécois paient-ils trop cher pour leur vin?

L'heure de la libéralisation du marché des vins et spiritueux a-t-elle sonné?
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Westend61 via Getty Images

Depuis quelques jours, la Société des alcools du Québec (SAQ) occupe une grande partie de l'espace médiatique. Cette fois, c'est parce qu'une grève a été déclenchée par les employés syndiqués. On en parle à l'épicerie, au travail, à la maison, bref, un peu partout.

Après tout, c'est normal, les Québécois consomment plus de 170 millions de litres de vin par année! C'est une moyenne d'environ 35 bouteilles par adulte par année. Le vin semble donc être une boisson que nous avons adoptée.

Bien que nous soyons contraints de nous approvisionner à la SAQ – faute de concurrence – les consommateurs demeurent sensibles aux prix. Plusieurs condamnent le prix des vins, jugé trop élevé, tandis que d'autres stipulent que le monopole étatique est un choix de société et que nous en bénéficions tous, peu importe les prix.

La question demeure: payons-nous trop cher pour nos vins?

Une majoration du prix de 41% pour une bouteille de vin à 15$

Dans son rapport annuel de 2018, la SAQ nous dévoile ses états financiers et plusieurs autres chiffres importants.

J'ai donc décortiqué le tout et je vous présente ici la répartition du prix de vente pour une bouteille de vin importé de 750 ml vendue à 15$.

La figure ci-dessous nous illustre la répartition pour cette bouteille.

Société des alcools du Québec

Comme vous pouvez le constater, la SAQ achète la bouteille au fournisseur à un prix de 5,36$, ce qui représente seulement 35,8% du prix de vente final. Où est passé l'autre 64,2%?

Les taxes comptent pour 23,1% du prix de vente. Le reste, vous l'avez deviné, représente la marge brute de la SAQ pour la bouteille, soit 41,1% du prix. C'est beaucoup!

Autrement dit, c'est une augmentation d'environ 70% par rapport au prix hors marge!

Il faut toutefois noter qu'il ne s'agit pas ici du profit. La SAQ doit ensuite payer certains frais, dont ceux de distribution et de mise en marché. Cependant, les coûts de distribution dépassent très rarement 1$ ou 2$ par bouteille.

De plus, le rapport nous indique que la marge brute de la société d'État s'est établie à 50,8% en 2017-2018. À titre de comparaison, les dépanneurs et épiceries affichent généralement des marges brutes s'établissant en moyenne entre 15 et 25%. Les magasins de bières et d'alcool spécialisés ont en moyenne une marge plus élevée.

Nos gouvernements empochent donc près du quart du prix de vente de la bouteille de vin en taxes et droits en plus des redevances versées par la SAQ.

Un modèle désuet?

Le fait d'accorder un pouvoir de monopole à l'État pour la vente de plusieurs vins et des spiritueux est un choix de société que les Québécois ont fait. Cependant, soyons clairs, ce choix a été effectué en 1921, à l'époque de la prohibition.

L'an dernier, 71% des Québécois se disaient favorables à ce que les marchands puissent librement importer les vins et les vendre directement aux consommateurs sans passer par la SAQ.

Si nous devions refaire ce choix, aujourd'hui, tout porte à croire que la SAQ ne détiendrait pas les mêmes parts de marché. En effet, l'an dernier, 71% des Québécois se disaient favorables à ce que les marchands puissent librement importer les vins et les vendre directement aux consommateurs sans passer par la SAQ.

L'idée de plusieurs n'est pas de privatiser cette société, mais bien d'ouvrir le marché à la concurrence.

L'idée de plusieurs n'est pas de privatiser cette société, mais bien d'ouvrir le marché à la concurrence. Ce faisant, la SAQ serait poussée à innover et plausiblement diminuer ses coûts et ses prix.

Est-ce normal que la SAQ n'ait enregistré aucun véritable gain de productivité depuis les années 1980? Comment peut-on justifier qu'en Belgique, un marché sans monopole, mais semblable au nôtre en taille et en habitudes de consommation, les citoyens jouissent d'une offre de produits beaucoup plus diversifiée?

En permettant à des entrepreneurs d'ouvrir leurs propres magasins de vins et de spiritueux, non seulement le gouvernement récolterait une belle cagnotte en taxes et impôts, mais les consommateurs seraient libres de choisir entre aller s'approvisionner chez ces marchands ou à la SAQ.

L'heure de la libéralisation du marché des vins et spiritueux a-t-elle sonné?

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