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Malnutrition: 1000 jours pour changer toute une vie

Chaque année la malnutrition est responsable de plus du tiers des 7 millions de décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde. Et, quand elle ne tue pas, la malnutrition, sous sa forme chronique, s'attaque au développement physique et cognitif des enfants. Nous savons ce qui marche. Il suffit de 1000 jours: investir sur la période-clé qui va de la conception d'un bébé à son deuxième anniversaire, peut changer une vie entière. C'est une formidable fenêtre d'action dans laquelle l'impact des interventions est maximal.
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Chaque année la malnutrition est responsable de plus du tiers des 7 millions de décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde. Et, quand elle ne tue pas, la malnutrition, sous sa forme chronique, s'attaque au développement physique et cognitif des enfants. Aujourd'hui, 165 millions d'entre eux sont affectés dans le monde. Une tragédie trop souvent ignorée et dont les conséquences restent sous-estimées.

Le retard de croissance, conséquence de la malnutrition chronique, est bien plus qu'un problème d'enfants trop petits pour leur âge. Il leur fait aussi courir le risque d'une vie fragilisée, rendue plus vulnérable face à la maladie, à la pauvreté et à l'injustice.

Pourquoi? Parce que les carences nutritionnelles subies par un enfant au cours des deux premières années de sa vie sont une menace pour le développement de son cerveau. Elles peuvent réduire ses capacités d'apprentissage, augmentant le risque d'échec scolaire et impactant, à terme, son niveau de vie. Selon une étude publiée dans The Lancet en 2007 , les adultes ayant souffert de retard de croissance dans leur enfance gagnent en moyenne 22% de moins que leurs semblables. Ils sont également davantage sujets aux maladies chroniques comme le diabète, l'obésité et les maladies cardiovasculaires.

80% des enfants souffrant de malnutrition chronique vivent en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Dans certains pays africains du sud du Sahara, jusqu'à 40% des enfants de moins de cinq sont atteints, assombrissant les perspectives mêmes de développement économique et de progrès social.

Cette prévalence inacceptable de la malnutrition chronique explique en grande partie que le monde peine tant à atteindre la plupart des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), notamment ceux portant sur la pauvreté extrême et la faim, la santé maternelle et infantile, et la lutte contre le VIH/sida.

Le tableau est bien noir, direz-vous, mais nous avons une bonne nouvelle: les choses peuvent changer. Le combat contre la malnutrition constitue même une opportunité majeure de développement, pour autant qu'existe la volonté politique de le mener.

Nous savons ce qui marche. Il suffit de 1000 jours: investir sur la période-clé qui va de la conception d'un bébé à son deuxième anniversaire, peut changer une vie entière. C'est une formidable fenêtre d'action dans laquelle l'impact des interventions est maximal.

Les femmes enceintes ont besoin de nutriments essentiels comme le fer et l'acide folique; les nouveau-nés, du lait maternel, cette "super nourriture" naturelle, dès la première heure suivant la naissance et exclusivement jusqu'à 6 mois. À partir de cet âge, des aliments solides adéquats doivent être progressivement introduits, au bon moment. Les bonnes conditions d'hygiène sont essentielles, car la consommation d'eau insalubre et un accès insuffisant aux soins peuvent provoquer des épisodes répétés de diarrhées, qui à leur tour sont facteurs de malnutrition.

En 2008, huit économistes de renommée mondiale dont 5 lauréats du prix Nobel ont défini les grandes priorités pour faire face aux dix principaux défis mondiaux. Ils ont classé la bataille contre la malnutrition au premier rang d'entre elles, comme le vecteur de progrès le plus rentable. En 2012, ils ont réitéré la même conclusion.

Nous avons une autre bonne nouvelle: bien que la malnutrition reste un défi mondial sous-estimé, on assiste à l'émergence d'une forte mobilisation internationale, donnant l'espoir d'une réelle prise en compte et le déploiement, à grande échelle, de solutions adaptées.

De plus en plus de pays déploient des politiques publiques se traduisant par des programmes nationaux de lutte contre la malnutrition. Comme le montre le tout dernier rapport de l'Unicef sur la nutrition infantile et maternelle, des pays comme l'Éthiopie, Haïti, le Pérou ou encore le Rwanda ont réussi à réduire leurs taux de malnutrition, démontrant que des progrès sont possibles.

Engager les États, les bailleurs de fonds, les acteurs du développement et le secteur privé pour une accélération des progrès dans la lutte contre la malnutrition en Afrique subsaharienne, telle était l'ambition de l'Unicef en réunissant pendant deux jours ces différents acteurs. La Conférence internationale contre la malnutrition que nous avons organisée les 14 et 15 mai à Paris était résolument tournée vers la promotion, la mise en œuvre et la généralisation de stratégies qui ont fait la preuve de leur efficacité.

Nous pensons qu'aucun enfant, ni aucune mère ne devraient souffrir de malnutrition au 21e siècle. N'est-il pas intolérable de condamner un nouveau-né à une vie de privations, alors que nous pouvons l'empêcher? Puisque nous savons comment faire, dès lors que nous en avons les moyens, alors nous devons agir. De toute urgence.

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Grantham-McGregor, S., et al., Developmental Potential in the First 5 Years for Children in Developing Countries, The Lancet, vol. 369, noº 9555, 6 janvier 2007, p. 67.

Conférence internationale contre la malnutrition infantile les 14 et 15 mai 2013 à Paris à la Maison internationale. www.conference-malnutrition-infantile.org

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La faim dans le monde (diaporama en anglais)

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