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Ensemble, mettons fin à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones

Cette triste tragédie affectant la Polytechnique a eu pour effet de sonner l’alarme et de faire ressortir les trop nombreux comportements de violence contre les femmes présents dans notre société.
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L’éducation est l’un des éléments clés de l’autonomisation et de la résolution des inégalités systémiques entre les femmes et les hommes.
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L’éducation est l’un des éléments clés de l’autonomisation et de la résolution des inégalités systémiques entre les femmes et les hommes.

Il y a 29 ans aujourd'hui, les Canadiens ont été frappés par la violence du geste posé à l'égard de femmes fréquentant l'École Polytechnique de Montréal. Le 6 décembre 1989, 14 jeunes femmes sont mortes et 10 autres femmes et quatre hommes ont été blessés.

Cette triste tragédie a eu pour effet, à bien des égards, de sonner l'alarme et de faire ressortir les trop nombreux comportements de violence contre les femmes présents dans notre société. En contrepartie, elle a donné naissance à une forte volonté de changement au sein de la population.

Malheureusement, près de trois décennies plus tard, le triste constat est celui que les femmes sont encore trop nombreuses à être victimes de violences sexistes. Des faits recensés par la Fondation canadienne des femmes sont des plus bouleversants. Selon l'organisation, «la moitié des femmes ont été victimes d'au moins un acte de violence physique ou sexuelle depuis l'âge de 16 ans» au Canada.

Depuis l'hiver 2016, je parcours le pays dans le but de procéder à une enquête nationale sur les causes systémiques qui sous-tendent la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, de même que celles expliquant leur plus grande vulnérabilité à la violence. Rappelons qu'au Canada, les femmes autochtones sont 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes de violence que les autres femmes.

Fait inacceptable, le taux de meurtre chez les femmes autochtones est six fois plus élevé que celui des autres femmes.

Dans le cadre de cette enquête, plus de 1400 familles et survivantes, dont plusieurs provenant du Québec, sont venues partager leur vérité et leur expérience de vie, marquée par la souffrance et la perte d'êtres chers. Il est pour moi essentiel que les voix des familles et des survivantes soient entendues. C'est pour moi un devoir de non seulement honorer la mémoire des victimes, mais de participer à l'élaboration de solutions pour mettre fin à cette tragédie qui afflige encore les communautés autochtones, pour améliorer les vies des générations à venir.

L'éducation est l'un des éléments clés de l'autonomisation et de la résolution des inégalités systémiques entre les femmes et les hommes.

Alors que nous recherchons des solutions pour construire un monde plus sécuritaire pour les femmes et les filles, l'éducation est l'un des éléments clés de l'autonomisation et de la résolution des inégalités systémiques entre les femmes et les hommes. Je le constate autour de moi, les femmes qui atteignent un niveau de scolarité supérieur contribuent à améliorer leur propre sort ainsi que celui de leur communauté.

Il faut ainsi soutenir les femmes et les filles autochtones pour qu'elles puissent accéder à des études supérieures et ainsi réaliser leur plein potentiel. Cela est d'autant plus important que la proportion de diplômés universitaires autochtones au Canada est inférieure à celle des personnes non autochtones. Alors que des études démontrent que le niveau d'éducation augmente progressivement chez les Autochtones, l'écart continue de se creuser avec le niveau d'éducation des non-Autochtones qui s'accroît également.

Pour mettre fin au cycle de violence observé dans notre société, nous devons avoir le courage de remettre en cause puis de changer les systèmes et les structures de pouvoir qui accroissent la vulnérabilité des femmes et des filles. Des gestes concrets et rapides doivent être posés pour protéger les femmes les plus vulnérables. Sinon, ce sont les filles, les petites-filles et les nièces de la prochaine génération qui continueront d'en payer le prix.

Voilà pourquoi il est important que les Canadiens soient informés des injustices, de la violence et des abus subis par les femmes autochtones. La lumière sur ces dures vérités doit être faite. Bien que notre société ne cesse d'évoluer et que de nombreux individus prônent le respect, dénoncent la discrimination et luttent contre la violence sous toutes ses formes, il est primordial d'agir afin de s'attaquer aux causes systémiques sous-jacentes à la disparition et le meurtre de femmes et de filles autochtones.

La présentation des observations finales des parties ayant qualité pour agir de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées se poursuit la semaine prochaine à Ottawa. À l'issue de notre enquête, nous proposerons au gouvernement du Canada et des provinces des solutions concrètes. Le temps est venu pour les gouvernements, les organisations autochtones, les membres de famille et les survivantes, ainsi que les Canadiens de partout au pays d'unir leurs efforts pour faire face à cette tragédie qui touche chacun d'entre nous. Il est temps de poser des gestes qui permettront aux femmes et aux filles de reconquérir leur pouvoir et leur place.

En ce jour de mémoire envers les étudiantes tuées à l'École polytechnique de Montréal, je vous demande une faveur: ajoutez à vos rêves une petite partie du mien. Mon rêve qui consiste en une meilleure cohabitation, une réelle réconciliation, une justice sociale, une équité et une égalité, dans nos institutions d'enseignement comme partout.

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