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L'humanité a besoin qu'on s'attarde aux détails

Pratiquement personne ne cueille les détails, l'illusion prédomine, le grand, le bruyant, le brillant et le clinquant portent ombrage à l'essentiel, celui ou celle le regard tourné vers le microcosme des attentions, démontre l'intention de grandir et surtout, de faire grandir le monde avec lui.
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On dit que le diable est dans les détails. C'est tout à fait vrai. Belzébuth a cette irritante manie destructrice, il aime s'immiscer dans les minuscules interstices de la vie, afin de valider cette affirmation. Tant dans un monde tangible qu'intangible, les détails ont un potentiel exponentiel, l'effet domino s'emballe fréquemment, une imposante pyramide inversée s'élève alors graduellement, gigantesque, elle prend toute la place dans la pièce de nos pensées. Avec ses gros sabots, Lucifer s'est frayé un chemin : c'est l'enfer ! Il n'y a plus d'espace confortable où aller se réfugier, un profond malaise s'est installé.

Une parole, un geste ou un regard fuyant, blessant, possèdent tous les clefs de l'avenir d'un tel désordre, parfois, ils permettent d'ouvrir la porte secrète, discrète mais bruyante, du chaos intérieur. Les blessures portant le sceau de l'invisibilité n'en sont pas moins réelles. Une fois la graine plantée, difficile de revenir en arrière, ce que l'on sème peut devenir grand, très grand, immense même. Cela prend peu de chose, n'importe quoi et, c'est tout aussi vrai sur le versant matériel de la vie, une banale sacoche, un rond de poêle ou un feu de circulation oubliés, mis de côtés, achètent tous, sournoisement, bêtement, un billet pour le tirage infernal ; quelques secondes d'inattention peuvent causer une forte réaction. Et on ne cessera de se répéter : à quoi aie-je bien pu penser, mais à quoi ?

Le temps, lui, ne pense point, il obéit.

Car c'est également un des nombreux paramètres parasités par l'altesse démoniaque, comme le poids, la vitesse et la distance d'ailleurs. Idem pour nos choix et nos actions, nos réactions, notre impulsivité ou, à l'opposé, notre passivité, etc. Partout. Prends un temps d'arrêt et penses-y un peu pour voir. Eh oui. Le diable est to-ta- le-ment dans les détails.

Imagine maintenant en être totalement conscient.

Quand on sort de son nombril, on entre dans une spirale d'amour, être attentif à ce qui est et à ceux qui sont, force le respect, impossible d'ignorer le point central des délicats enchevêtrements des jours et des nuits et de tout ce qui les construits : l'âme du monde.

Par la force herculéenne des choses, je porte désormais une attention particulière aux fragments de l'existence quotidienne, j'ai appris à la dure l'immense importance de leurs influences sur mes brutaux inconforts mais, j'ai surtout appris à détacher et à décortiquer les éléments d'un tout. C'est beau ! C'est un rapprochement intime avec l'essence intrinsèque de la réalité, une ode perpétuelle à l'intense beauté de la complexité fragile des interactions universelles. Absolument tout est lié, le poste d'observation privilégié qui m'est assigné - imputable à ma lenteur maladive - me permet cette profonde intrusion au cœur de la vérité et, d'être ainsi au diapason avec le gigantisme du minuscule. Le processus expliqué en début de texte applique ici les mêmes lois de l'effet domino, plus doucement cependant, il n'y a aucune loterie, aucun hasard, nul drame, ni perdant, au final, ce n'est que questions de regard, de compréhension et de compassion. Caresser les détails offre de superbes occasions pour explorer les infinies expressions de la vie. Quand on sort de son nombril, on entre dans une spirale d'amour, être attentif à ce qui est et à ceux qui sont, force le respect, impossible d'ignorer le point central des délicats enchevêtrements des jours et des nuits et de tout ce qui les construits : l'âme du monde.

Il n'y a pas que le diable qui se retrouve dans les détails.

Si seulement plus d'une parcelle de l'humanité pouvait prendre conscience de toute sa puissance. Quand les yeux se tournent vers l'invisible, vers tout ce qu'il y a à l'intérieur, on voit poindre une histoire, une minuscule esquisse de ce qu'il y a derrière les parois d'une personne, d'un animal, d'un décor, d'un fruit, d'un silence, du soleil, d'une pluie, d'une colère, d'une joie, etc. Le pouvoir se terre là. On ne connait rien. En général, nous sommes des éléphants dans un magasin de porcelaine, de grosses brutes trop brusques. Un instant ! La délicatesse est de mise. Pratiquement personne ne cueille les détails, l'illusion prédomine, le grand, le bruyant, le brillant et le clinquant portent ombrage à l'essentiel, celui ou celle le regard tourné vers le microcosme des attentions, démontre l'intention de grandir et surtout, de faire grandir le monde avec lui. De cet entraînement, on devient patient, on apprend, on comprend...un peu plus en tout cas. Puis, les jugements s'estompent, les différences se rassemblent, l'ignorance s'enfuit et l'unicité reluit. L'humanité a besoin qu'on s'attarde aux détails.

Je t'invite à en offrir des bouquets.

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Mai 2017

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