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Les changements de nationalités au cœur des Jeux olympiques de Rio

Les sélections nationales deviennent de plus en plus «internationales» et ce phénomène a toutes les chances de s'amplifier dans les années à venir dans les différentes disciplines sportives, médiatiques ou non.
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Les changements de nationalités sont au cœur des Jeux olympiques de Rio: la gymnaste Oksana Chusovitina, la joueuse de tennis de table Li Xue, le rameur Julien Bahain, l'escrimeur Victor Sintes, l'athlète Reina-Flor Okori,... et nous en oublions... C'est un des enseignements de notre 13e étude Légisport "Sport et Nationalités - la multinationalité des équipes".

La lecture du Huffington Post et plus précisément de l'article "La judoka Majlinda Kelmendi offre au Kosovo sa toute première médaille d'or aux JO" nous paraît plus qu'utile: "Il y a quatre ans à Londres, elle avait pris part à ses premiers JO mais sous étendard albanais, le Kosovo, petit état des Balkans né de la dislocation de la Yougoslavie, n'étant alors pas reconnu des instances internationales. Elle était sortie au deuxième tour".

En canoë-kayak, Jessica Fox qui est en course à Rio pour décrocher l'or olympique a gagné la médaille d'argent en aviron sous les couleurs de l'Australie à Londres en 2012 (sa mère Myriam Jerusalmi Fox a été médaille de bronze avec la France à Atlanta en 1996).

C'est dire l'actualité de la réflexion d'aujourd'hui.

Les conditions des changements de nationalités et la Charte Olympique

L'Article 41 de la Charte olympique sur la Nationalité des concurrents pose les principes suivants: "Tout concurrent aux Jeux olympiques doit être ressortissant du pays du CNO qui l'inscrit. Toutes les questions relatives à la détermination du pays qu'un concurrent peut représenter aux Jeux olympiques seront résolues par la commission exécutive du Comité international olympique".

Le Texte d'application de la Règle 41 se décompose en quatre points:

1. Un concurrent qui est simultanément ressortissant de deux ou plusieurs pays peut représenter l'un d'entre eux, à son choix. Toutefois, après avoir représenté un pays aux Jeux olympiques, à des Jeux continentaux ou régionaux ou à des championnats mondiaux ou régionaux reconnus par la FI (Fédération internationale) compétente, il ne peut représenter un autre pays, s'il ne remplit pas les conditions énoncées au paragraphe 2 ci-dessous qui s'appliquent aux personnes ayant changé de nationalité ou acquis une nouvelle nationalité.

2. Un concurrent qui a représenté un pays aux Jeux olympiques, à des Jeux continentaux ou régionaux ou à des championnats mondiaux ou régionaux reconnus par la FI compétente et qui a changé de nationalité ou acquis une nouvelle nationalité peut participer aux Jeux olympiques pour y représenter son nouveau pays à condition qu'un délai d'au moins trois ans se soit écoulé depuis que le concurrent a représenté son ancien pays pour la dernière fois. Cette période peut être réduite ou même supprimée, avec l'accord des CNO (Comité national olympique) et de la FI concernés, par la commission exécutive du CIO, qui prend en compte les circonstances de chaque cas.

3. Si un État associé, une province ou un département d'outre-mer, un pays ou une colonie acquiert son indépendance, si un pays est incorporé dans un autre pays en raison d'un changement de frontière, si un pays fusionne avec un autre pays, ou si un nouveau CNO est reconnu par le CIO, un concurrent peut continuer à représenter le pays auquel il appartient ou appartenait. Toutefois, il peut, s'il le préfère, choisir de représenter son pays ou être inscrit aux Jeux olympiques par son nouveau CNO s'il en existe un. Ce choix particulier ne peut être fait qu'une fois.

4. En outre, dans tous les cas dans lesquels un concurrent serait admis à participer aux Jeux olympiques en y représentant un pays autre que le sien ou en ayant le choix quant au pays qu'il entend représenter, la commission exécutive du CIO peut prendre toute décision de nature générale ou individuelle en ce qui concerne les questions de nationalité, de citoyenneté, de domicile ou de résidence de tout concurrent, y compris la durée de tout délai d'attente".

Pourquoi changer de sélection nationale?

Interrogé par le quotidien sportif L'Équipe et Clément Dossin, nous n'avons pas hésité à expliquer: "les raisons varient d'un athlète à l'autre, chaque sportif a son "histoire": conflit avec la fédération d'origine, non-sélection par la fédération d'origine, concurrence trop forte, raisons familiales ou du cœur, volonté de retrouver ses racines, perspectives financières... La carrière étant courte et les sacrifices nombreux, je vois mal un athlète refuser une sélection aux Jeux olympiques surtout que cet évènement prestigieux peut changer le destin d'une vie".

Si nous remontons assez loin dans l'histoire des Jeux olympiques qui fourmille d'exemples, et nous aurons l'occasion d'y revenir, qui n'a pas entendu parler du changement de nationalité de l'athlète sud-africaine devenue britannique Zola Budd dont l'affrontement face à l'Américaine Mary Decker promettait beaucoup lors des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984?

De même, il y a quelques années déjà, nous évoquions plusieurs cas célèbres dans l'ouvrage "Sportifs, transferts et liberté de circulation" paru aux Éditions Litec: Eunice Barber qui a disputé les Jeux olympiques d'Atlanta 1996 sous les couleurs de la Sierra Leone et les Jeux de Sydney 2000 sous la bannière tricolore, Cuba avait refusé à Niurka Montalvo de participer aux Jeux olympiques de Sydney sous les couleurs de l'Espagne.

En définitive, ces changements de "couleurs sportives" ne sont pas surprenants étant donné que nous sommes en pleine mondialisation et le sport ne peut pas y échapper, le changement de nationalité étant prévu par la Charte olympique, comme nous venons de l'évoquer.

Les sélections nationales deviennent de plus en plus "internationales" et ce phénomène a toutes les chances de s'amplifier dans les années à venir dans les différentes disciplines sportives, médiatiques ou non. Pour le football, l'article de Romain Daveau "Fuite des talents binationaux, un exode inéluctable?" publiée au Monde Afrique en pose les enjeux.

Michel Pautot est l'auteur du livre "Sport et nationalité".

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