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Le Parti québécois, entre échec et détresse

Dommage que Jean-François Lisée ait pensé qu'un simple « truc » comme l'invention d'une vice-cheffe pourrait aider le Parti québécois à renverser les tendances politiques lourdes au Québec et à motiver davantage ses troupes de militants.
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La Presse canadienne

La décision surprise du chef péquiste Jean-François Lisée de faire de la députée Véronique Hivon la « vice-cheffe » du Parti québécois a été la surprise de la dernière rencontre des instances de ce parti. Lisée a « sorti » cette idée de son chapeau. Puis, sans qu'aucune résolution formelle n'ait été présentée, débattue et adoptée, Mme Hivon est devenue la première « vice-cheffe » de ce parti qui n'en avait jamais connu depuis sa fondation.

Peu d'analyses en profondeur ont été faites sur ce geste de Lisée. On peut expliquer cela probablement par le fait que Véronique Hivon est une des personnes les plus respectées à l'Assemblée nationale. Son parcours politique est éloquent et elle est une femme brillante à l'empathie très développée. Elle est capable d'écoute attentive. Qu'elle ait été choisie par son chef, après la surprise de l'annonce, n'a frustré personne au sein de son parti. C'est tout à son honneur.

Un geste révélateur

Cela dit, le geste lui-même mérite qu'on s'y attarde. En ayant recours à ce «truc», cette entourloupette, Jean-François Lisée a implicitement fait une étonnante reconnaissance de l'échec de son leadership. Dans les faits, il a reconnu qu'il ne pouvait, tout seul, être « l'homme de la situation », pour reprendre une expression surutilisée. La descente lente, mais implacable du Parti québécois dans les sondages s'est poursuivie sous sa gouverne. L'indifférence mesurée des Québécois pour le concept même de l'indépendance politique du Québec n'a pas été modifiée parce que Jean-François Lisée est devenu le chef du parti fondé par René Lévesque. Fondamentalement, Jean-François Lisée a gagné la dernière course à la chefferie du PQ, et rien n'a vraiment changé pour ce parti. Pire encore, la CAQ a poursuivi sa montée dans les intentions de vote des Québécois au point d'être maintenant en tête dans les sondages.

Le déclin de son parti, inscrit dans les résultats électoraux depuis 20 ans, semble impossible à être renversé.

Lisée est un homme intelligent, tout le monde le sait. Il est capable de faire d'excellentes lectures de l'état des lieux politiques au Québec en ce début de 2018. Il a réalisé comme bien d'autres que le mouvement des plaques tectoniques politiques chez nous était impossible à arrêter. Le déclin de son parti, inscrit dans les résultats électoraux depuis 20 ans, semble impossible à être renversé. Aussi, faute de vision stratégique, Jean-François Lisée a eu recours, encore une fois, à une tactique, à un truc pour qu'on parle de son parti.

Son truc a fonctionné. On a parlé du PQ et de l'arrivée de sa vice-cheffe dans les médias pendant... quelques jours. Puis l'actualité a poursuivi son chemin. Lisée a voulu que sa vice-cheffe pose en Chambre des questions au premier ministre qui a tout simplement délégué son ministre des transports pour répondre à la question de Véronique Hivon. Mis à part les journalistes et les mordus de la politique, cet incident n'a pas réellement entraîné de batailles à coups de poing dans les autobus des villes québécoises ou dans le métro de Montréal... Bref, on peut penser que la décision surprise de Jean-François Lisée aura été un coup d'épée dans l'eau.

En même temps, cette décision a constitué un aveu sidérant de la faiblesse et de l'incapacité de redressement d'une situation où le PQ est de plus en plus marginalisé. Qu'on ne s'illusionne pas : le statut d'opposition officielle dont jouit présentement le PQ ne voudra rien dire lorsque les Québécois mettront leur bulletin dans l'urne le 1 octobre prochain. En 1973, l'Union nationale était l'opposition officielle. Après l'élection d'octobre de cette année-là, l'Union nationale n'avait plus un seul député à l'Assemblée nationale.

Un cul-de-sac

Le PQ fait face à un cul-de-sac existentiel. Tous les analystes en conviennent. Les instances péquistes le savent aussi. Le PQ n'existe, au fond, que pour réaliser la souveraineté politique du Québec, ce dont les Québécois, de plus en plus majoritairement, ne veulent même plus entendre parler. Si le PQ mettait de côté l'article un de son programme, il imploserait. Si le PQ conserve l'article un de son programme, il fait face à l'extinction, peut-être même plus rapidement qu'on ne le pense.

La situation de ce parti qui a fait rêver des générations de Québécois et de Québécoises est à proprement parler dramatique.

La situation de ce parti qui a fait rêver des générations de Québécois et de Québécoises est à proprement parler dramatique. Dommage que son chef ait pensé qu'un simple « truc » comme l'invention d'une vice-cheffe pourrait aider son parti à renverser les tendances politiques lourdes au Québec et à motiver davantage ses troupes de militants.

Le PQ, le Québec et, disons-le, Mme Véronique Hivon, méritent mieux que cela.

Avril 2018

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