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Attentats de Paris: l'obscurité dans le propos

Les évènements tragiques de Paris ont cassé le moule des bien-pensants. Non, le terrorisme islamique n'est pas le résultat de notre propre incurie.
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Le discours construit une réalité, mais pas toujours la vérité, dit-on! Les évènements tragiques de Paris nous le rappellent. Par exemple, les médias en multiplient d'heure en heure des versions pas toujours convergentes. Pour leur part, les experts interrogés ont chacun forcément leur méthode et leur logique de raisonnement dans la représentation des faits. Et, c'est une évidence, nombre de discours de nos chefs d'Etat présentent la réalité souvent teintée par leurs visées géopolitiques.

Il est pourtant essentiel pour les simples observateurs que nous sommes, en deuil de ce terrible carnage, de non seulement connaître les noms des terroristes, leurs origines et leurs parcours de djihadiste, mais surtout de comprendre ce mouvement planétaire contre l'Occident, contre l'humanité. Une fois passé la période de deuil, une fois enclenché le processus de guérison où chacun cherche à assurer l'autre de sa solidarité, de sa compassion, il faudra plus que des mots pour se sortir de ce cycle de barbarie, de terreur et de peur où les extrémistes islamiques nous entrainent. Il faut réussir à mettre ensemble tous les éléments de cette brutale réalité. Car, il y a, nous semble-t-il, derrière les propos guerriers, les prêches sur la tolérance ou la mise en garde de bon aloi contre l'islamophobie (amalgame) une constance dans les opinions et les sentiments des gens: une inquiétude légitime en regard de l'avenir de la société, la nôtre, le vivre ensemble et le système de valeurs qui s'y rattache. Plusieurs questions sont soulevées.

D'abord, qui sont donc ces fanatiques d'Allah? Ce sont des gens fragiles, désœuvrés, jeunes adultes la plupart du temps à cheval entre la tentation criminelle et l'idéalisme pur, recrutés, entrainés puis instrumentalisés pour une opération terroriste au non d'Allah. Fanatisés, dressés ou dopés, ils sont capables d'actionner une kalachnikov ou le bouton d'une ceinture d'explosifs. Pour eux, le Coran reste probablement une référence lointaine. Puis il y a tous ceux qui coordonnent et multiplient les actes terroristes revendiqués par le groupe État islamique (ou Daesh). Mais aussi, tous ceux qui font la guerre sur le terrain, en Syrie ou ailleurs. Sous la gouverne du califat, ils ont choisi la violence sous toutes ces formes. Plus qu'en guerre, ils sont en croisade au nom du Prophète. «Ils appellent à la guerre sainte», l'équivalent des guerres de religion et des croisades du Moyen-âge. Ils ont instrumentalisé le Coran en choisissant les versets qui justifient leurs horribles exactions, et de ce fait, provoqué l'islamophobie: «une haine ou une peur de l'islam ou des musulmans surtout en tant que force politique» (Définition tirée du Oxford Dictionary).

Mais il importe de le répéter, ces exaltés d'Allah ne représentent pas la majorité des musulmans et la plupart d'entre eux les condamnent, d'autant plus qu'ils en sont les premières et plus nombreuses victimes en plusieurs régions du globe. Pour éradiquer l'armée islamique et mettre un terme à cette guerre, la voie militaire semble incontournable, de même que le renforcement et une plus grande cohésion des services de renseignements des pays alliés. Il faut des forces terrestres et elles doivent d'abord venir d'une coalition des pays arabes que nous devons soutenir à leur demande. Bien sûr, le Canada doit maintenir, voire accentuer sa participation à cet effort, sous un mode conforme à ses valeurs et traditions.

Autre question: que faire avec tous ceux qui, dans nos communautés, croient que Dieu et la charia sont au-dessus des lois et des institutions démocratiques ? Par exemple, à la base de la doctrine des salafistes, il y a la conviction que les valeurs occidentales peuvent être source de déchéance de l'Islam et de la Oumma (c'est-à-dire tous ceux qui sont animés par cette quête d'une identité propre et d'affirmer sa différence devant les valeurs républicaines ou, disons, démocratiques). Dans l'idéologie des Frères musulmans, «il n'y a qu'une nation qui comprend plusieurs peuples. C'est la religion qui en fait une nation, avec un seul Dieu, un seul livre (le Coran), un seul Prophète, une seule juridiction (la Charia)» rapporte la journaliste d'origine arabe Nahida Nakad (Nahida Nakad, Derrière le voile, laïcité et foulard islamique: deux valeurs incompatibles?, Don Quichotte Éditions, Seuil, 2013). «Ils n'attachent aucune importance aux frontières et agissent en tant que mouvement international d'inspiration fondamentaliste sunnite: pour eux, la religion est la charpente de toute structure sociale et politique».

L'inquiétude réelle dans nos communautés est là. Le travail le plus urgent pour régler le conflit actuel commence ici dans notre société: un travail politique et juridique. En France, le problème se pose depuis le début des années 80. L'idéologie des Frères musulmans a beaucoup influencé l'Islam de France: ouverture d'associations, puis de mosquées financées de l'extérieur du pays, instrumentalisation et stratégie de communication afin de désolidariser les jeunes du pays occidental où ils naissent et vivent.

Chez nous aussi, on a pu aussi observer, depuis plusieurs années comme le soulignait le chroniqueur Joseph Facal, que les Frères musulmans font avancer leur idéologie en retournant contre nous la rhétorique des droits individuels, en instrumentalisant nos tribunaux. Ils se présentent alors comme des victimes qui n'hésitent pas à nous accuser d'islamophobie. Comme ils n'arrivent pas à assouvir leurs ambitions politiques comme fondamentalistes religieux, ils se présentent comme des victimes. Nous sommes islamophobes, ils sont des boucs émissaires. Notre Assemblée nationale, par l'adoption de la motion contre l'islamophobie, a en quelque sorte accrédité cette thèse !

Les évènements tragiques de Paris ont cassé le moule des bien-pensants. Non, le terrorisme islamique n'est pas le résultat de notre propre incurie.

Co-écrit avec Normand Chatigny, Denys Larose et Jean-Noël Tremblay, retraités habitant Québec et Montréal. Normand Chatigny a œuvré sur la scène municipale et fut maire de Cap Rouge. De 2001 à 2005, il était membre du Comité exécutif de la Ville de Québec. Denys Larose et Jean-Noël Tremblay ont été directeurs généraux de collèges (Cégep de Sainte-Foy et Campus Notre-Dame-de-Foy).Tremblay

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Mai 2017

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