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Jean-Paul L'Allier: un grand visionnaire et un homme de bien

Jean-Paul L'Allier était un homme intègre, un artiste de ce qu'Aristote qualifiait d'«art divin», la politique.
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Le départ de Jean-Paul L'Allier, que j'avais l'honneur de considérer comme un ami, laisse un vide d'idéal et de grandeur dans notre cité. Non pas qu'il ne se trouve encore quantité de personnes nobles et généreuses au sein de notre communauté, mais force est de reconnaître que, pour des raisons diverses, toutes ne se démarquent pas de la même manière, ne constituent pas également des leaders auxquels on se rallie ni ne réussissent à associer les gens à leur rêve et à faire partager leur vision.

Jean-Paul L'Allier, lui, a réalisé cela tout naturellement. Un jour je marchais avec lui dans le quartier Saint-Roch et j'ai vu deux vieilles dames lui dire combien elles l'aimaient et comment elles le trouvaient beau, leur «Monsieur le Maire». Elles étaient représentatives de l'affection que ses concitoyens lui portaient, même ses adversaires. Oui! Jean-Paul était une belle personne, un visionnaire, un leader, un humaniste et un homme de bien.

Nos mandats respectifs de maire et de recteur ont coïncidé entre 1987 et 1997. Quelle chance j'ai eue! D'ailleurs, au passage, qu'il me soit permis de mentionner, au nom de mes prédécesseurs comme de ceux qui m'ont suivi, combien l'Université Laval a pu bénéficier de l'appui des maires qui se sont succédés à la direction de la Ville de Québec, de Jean Pelletier à Monsieur le Maire Labeaume, et qui ont tous compris l'importance de la présence d'une université de classe mondiale comme l'Université Laval au sein de leur ville.

Pour ma part, il y a deux grands dossiers qui nous ont rendus très complices: celui des fusions municipales et celui de la revitalisation du centre-ville et du quartier Saint-Roch.

Dès le début de son mandat, j'ai fait réaliser à Monsieur L'Allier qu'il y avait une grande iniquité fiscale dans le dossier des en-lieu de taxes, les villes de Sainte-Foy et de Sillery recueillant plus de 5 millions de dollars par an à ce titre en raison de la présence de l'Université Laval sur leur territoire, alors que Québec, notre chef-lieu, ne recevait à peu près rien, mais encourrait d'énormes dépenses lorsqu'il s'agissait, par exemple, d'accueillir des délégations étrangères. Il n'en fallait pas plus pour que notre Maire se fasse le défenseur d'une plus grande équité sur toutes les tribunes avec la verve formidable qu'on lui connaissait et avec le résultat que l'on sait.

Et puis, il y a eu le dossier de la revitalisation de Saint-Roch. Monsieur L'Allier s'est fait très insistant auprès de moi pour que je favorise une déconcentration de l'Université Laval et son retour partiel vers le centre-ville. Initialement, il souhaitait que Laval transfère sa faculté de Droit près du nouveau Palais de justice. Cela ne me paraissait pas une bonne idée pour de multiples et profondes raisons. Je lui ai proposé plutôt le déménagement de l'École des arts visuels. L'idée lui a immédiatement plu. Il a fait le nécessaire et cela s'est réalisé. Ce fut le début de la présence universitaire dans Saint-Roch avec la venue du siège social de l'Université du Québec et de trois de ses constituantes. À la faveur de ces discussions, j'ai connu et admiré un homme de vision, d'écoute sincère et de dialogue franc, un homme de parole, un agréable négociateur et un pragmatique qui fait advenir ses rêves.

Au cours d'un déjeuner amical qui nous réunissait l'été dernier, lui, Monsieur Jean-Guy Paquet et moi (c'était une tradition), il nous a fait part de sa fierté de ne rien devoir à personne après tant d'années en politique. Jean-Paul L'Allier était un homme intègre, un artiste de ce qu'Aristote qualifiait d'«art divin», la politique.

Adieu, cher ami et «Monsieur le Maire». Votre départ nous fait mal, mais nous invite à regarder plus haut et plus loin.

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