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Le rodéo NomadFest: est-il légal?

En fait de controverses sur le bien-être des animaux, Montréal n'en est pas à son premier rodéo. L'avenir du NomadFest - et le sort des animaux de rodéo au Québec - est en jeu. N'est-il pas temps de dire: bye bye, mon cowboy?
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Le 15 novembre 2016, Montréal a annoncé que le festival NomadFest serait un événement phare des festivités du 375e anniversaire de la ville. Pourtant, ce «rodéo urbain» ne semble pas faire l'unanimité.

Image de Adobe Stock

La SPCA a qualifié la décision d'effroyable, déclarant que les rodéos «soumettent les animaux à des situations de stress et de souffrance dans le seul intérêt du soi-disant "divertissement"». La Humane Society, qui abonde dans le même sens, exige l'annulation de l'évènement et a lancé une pétition à cet effet. Il y a également un groupe de plus de 600 vétérinaires qui ont exprimé leur opposition au festival. Le vétérinaire Jean-Jacques Kona-Boun est à la tête de ce regroupement. Il est auteur de ce billet publié récemment dans le Huffington Post Québec.

Ces dernières années, le public est devenu de plus en plus sensible aux droits des animaux et les lois commencent à changer partout dans le monde. Un nombre croissant de pays, dont le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et la Suisse, ont mis en place des lois encadrant le bien-être des animaux afin de punir plus sévèrement les gestes de cruauté envers les animaux. L'organisme People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) précise que l'expérimentation de produits cosmétiques sur les animaux a été interdite en Inde, en Israël, en Norvège, at dans tous les pays de l'Union européenne (article en anglais).

Mais qu'en est-il au Canada?

Une nouvelle loi pour protéger les animaux au Québec

Au Canada, le bien-être animal est réglementé par les provinces. Tandis que le Manitoba, l'Ontario et la Colombie-Britannique possèdent des lois parmi les plus strictes au pays, le Québec était jusqu'à il y a quelques mois une des provinces les plus laxistes de toute l'Amérique du Nord en la matière.

Cela a changé en 2016 lorsque la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal est entrée en vigueur. Ce tournant majeur a permis d'accorder le statut «d'être doué de sensibilité» aux animaux domestiques tels que les chats, les chiens, les lapins, les vaches, les chevaux, les cochons, les moutons, les chèvres et les poules.

Cette loi met en place des mesures de protection spécifiques pour les animaux et interdit:

  • les combats entre animaux;
  • d'exposer un animal à des conditions qui lui causent une anxiété ou une souffrance excessive;
  • de soumettre un animal à des abus ou mauvais traitement pouvant affecter sa santé.

Divertissement ou cruauté envers les animaux?

La controverse suscitée par le NomadFest soulève une question importante: les rodéos sont-ils légaux au Québec? Cela dépend:

  • Est-ce que l'on place les animaux dans une situation d'anxiété ou de souffrance?
  • y a-t-il des abus ou des mauvais traitements des animaux lors des activités?

Maxime Lefebvre, organisateur du NomadFest, souligne que le festival se conforme à des normes rigoureuses afin de protéger les animaux. Il insiste sur le fait que des protocoles sont mis en place pour s'assurer du «bon traitement des animaux» et affirme qu'un vétérinaire est toujours présent sur le site au cas où l'animal nécessite un traitement.

Selon la SPCA, le rodéo «exploite la peur et la souffrance des animaux» et les expose à des blessures inutiles ou même à la mort.

Selon la SPCA, le rodéo «exploite la peur et la souffrance des animaux» et les expose à des blessures inutiles ou même à la mort. Sur leur site internet, www.notorodeo.com, on témoigne de la cruauté envers les animaux lors des rodéos. Par exemple, pour la monte de taureaux ou de chevaux, une sangle est serrée autour d'une partie sensible du corps de l'animal, ce qui cause à l'animal un inconfort ou même une douleur afin de l'inciter à ruer. De plus, la plupart des rodéos utilisent des instruments «pouvant causer la souffrance» tels des éperons. On peut donc se demander si ceux-ci seront utilisés lors du NomadFest.

À première vue, si les allégations de la SPCA sont fondées, il se peut que le NomadFest enfreigne la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal. Cependant, cette nouvelle loi n'a pas encore été mise à l'épreuve. En date d'aujourd'hui, seulement huit causes touchant cette loi ont été portées devant le tribunal, la plus connue étant celle de la SPCA contestant l'interdiction des chiens de type pitbull à Montréal.

En fait de controverses sur le bien-être des animaux, Montréal n'en est pas à son premier rodéo. L'avenir du NomadFest - et le sort des animaux de rodéo au Québec - est en jeu. N'est-il pas temps de dire: bye bye, mon cowboy?

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