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Oui, tu es « suffisamment trans» pour être transgenre

Aujourd’hui, j’ai la confiance et l’aisance suffisante pour dire que je suis une femme transgenre, mais ce n’est pas une conclusion que j’ai pu atteindre par moi-même.
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Quand quelqu’un accuse une autre personne de ne pas être « suffisamment trans », c’est du n’importe quoi élitiste, égoïste et cruel.
nito100 via Getty Images
Quand quelqu’un accuse une autre personne de ne pas être « suffisamment trans », c’est du n’importe quoi élitiste, égoïste et cruel.

Il m'aura fallu cinq ans pour me rendre compte que je suis « suffisamment trans » pour me considérer comme transgenre. Mon histoire n'est pas unique. Je connais quantité de personnes dans la communauté trans qui ont été confrontées au même problème.

Aujourd'hui, j'ai la confiance et l'aisance suffisante pour dire que je suis une femme transgenre, mais ce n'est pas une conclusion que j'ai pu atteindre par moi-même. C'est intimidant de rentrer dans un cercle fermé sans y avoir été invitée.

J'y ai pensé en raison d'une anecdote selon laquelle une femme transgenre en a accusé une autre de ne pas être « suffisamment trans » pour être transgenre. Je ne vais pas vous rediriger vers cette histoire, car ce dont je veux vous parler, c'est le sentiment qui se cache derrière ces paroles. C'est quelque chose qui m'a affectée pendant des années et qui affecte encore beaucoup de gens aujourd'hui.

Si tu t'es déjà demandé, « est-ce que je suis transgenre ? », la partie qui suit est pour toi.

Si tu te demandes si tu es transgenre, mais tu ne sais pas si tu remplis les critères, alors fais-moi confiance, tu les remplis.

Quand quelqu'un accuse une autre personne de ne pas être « suffisamment trans », c'est du n'importe quoi élitiste, égoïste et cruel.

Quand quelqu'un accuse une autre personne de ne pas être « suffisamment trans », c'est du n'importe quoi élitiste, égoïste et cruel.

Ignore les gens qui te disent qu'il faut suivre une checklist. Il n'y a pas de critère. Il n'y a pas de référence, de « seuil de transitude » pour transitionner. Tu es aux commandes, c'est à toi de décider de la manière dont tu t'identifies.

J'ai longtemps cru le mythe selon lequel être transgenre signifiait être complètement dépressif, voire suicidaire. Les documentaires poubelles aiment nous gaver de la même histoire éculée de la femme transgenre qui passe son temps à feuilleter les catalogues et à pleurer en voyant les robes, comme si la féminité se mesurait en termes de ressemblance avec une poupée Barbie des années 80. Entre-temps, les hommes transgenres sont également soumis à des normes ridicules, et les personnes non binaires sont carrément rayées du paysage.

Les médias perpétuent une idée dangereuse qui maintient nombre d'entre nous dans l'ignorance et dans le déni pendant des années.

Ce qui m'a finalement permis d'accepter la vérité sur moi-même a été de lire les paroles d'autres personnes transgenres qui ont pris le parti de dénoncer ces stéréotypes.

J'ai progressivement compris certaines choses qui sont aujourd'hui si évidentes, et pourtant, lorsque vous avez peur, que vous êtes seule et déconnectée des autres personnes transgenres, il s'avère compliqué d'apprendre ces choses.

C'est pourquoi, dans le but d'aider quiconque se pose des questions sur son genre ou se demande « Est-ce que je suis transgenre ? », voici quelques informations que j'aurais aimé qu'on me dise quand j'étais à leur place.

Tu peux transitionner sans en avoir besoin

La transition n'a pas à être un acte désespéré ou de dernier recours. Tu peux transitionner juste parce que tu le veux. La transition n'est pas uniquement destinée aux plus méritants, elle est pour quiconque le veut. Et je vais te dire un secret : seules les personnes transgenres veulent transitionner. Seules les personnes transgenres appréhendent la difficulté que va représenter la transition, et pensent quand même que c'est dans leur intérêt. Si tu veux transitionner, félicitations, tu es transgenre.

L'identité est fluide

Tu peux essayer différentes identités de genre. Tu n'as pas besoin de rejeter ton genre pour en prendre un autre immédiatement ; personne ne va le graver sur ta peau. Tu peux faire des expériences. Tu peux essayer une identité et changer d'avis plus tard. Je suis une femme transgenre, mais avant cela, je m'identifiais comme « genderqueer », ce qui m'amène au point suivant.

Le genre n'est pas binaire

Des identités de genre non binaires existent. Être non binaire ne te rend pas plus ou moins trans. Le genre est un concept large et flou et c'est possible de trouver au milieu de tout cela ce qui te correspond le mieux, sans te définir complètement homme ou femme.

Il n'existe pas de parcours de transition universel

On nous dit que la transition est une ligne droite, qui commence par le traitement hormonal, et finit par la chirurgie. C'est un mensonge. La transition implique ce que tu ressens nécessaire. Tu ne veux pas de chirurgie ? Très bien, tu n'en es pas plus ou moins trans. Ce que la transition implique et où elle te mène dépend de toi.

Tu en sais plus sur ton genre que quiconque

Ce qui inclut la famille, les docteurs, les amis, les inconnus et surtout les autres personnes trans. Tu es la seule personne compétente concernant ton identité de genre et tu peux t'identifier à ce qui à ton sens te correspond.

Les vêtements ne prennent que le sens que tu leur donnes

Le genre est dans ta tête, pas dans ce que tu portes. Il n'existe aucune coupe mystique qui confère à un vêtement des pouvoirs de genre particuliers. Un vêtement ne peut pas changer le genre de la personne qui le porte. Personnellement, je me sens mieux lorsque je porte des vêtements féminins, mais je n'en suis pas moins une femme lorsque je porte un jean. Habille-toi dans ce que tu trouves confortable. Une femme cisgenre n'arrête pas d'être une femme quand elle porte un t-shirt pour hommes. Un homme transgenre peut porter une robe, il n'en est pas moins un homme.

Ce n'est pas égoïste de s'affirmer comme étant transgenre

C'est vaguement lié, mais je pense que c'est important de le préciser. De nombreuses personnes, tôt dans la transition, et certaines plus tard, pensent être égoïstes en explorant leur identité de genre. Elles ne sont pas égoïstes. Ton identité de genre fait partie de toi. S'il t'a fallu du temps pour la découvrir, ce n'est pas de ta faute. La société met une pression monstre sur les gens pour qu'ils ne s'identifient pas comme transgenres. Il faut énormément de courage pour aller explorer son identité de genre. Cela devrait être félicité et encouragé.

Tu peux être en désaccord avec d'autres personnes transgenres

Tant que ce que tu dis ne blesse personne, tu peux exprimer ton désaccord avec des concepts et des termes liés au fait d'être transgenre. Je connais des gens, même des amis, qui ne vont pas être d'accord avec certaines choses que je dis ici, mais c'est là où je veux en venir. Ton identité de genre est une partie extrêmement intime de ta personnalité, tu as le droit de ne pas être d'accord avec l'idée que se fait quelqu'un d'autre de ce qu'être transgenre signifie. En bref, fais ton chemin, mais dans le respect des autres.

Enfin, rappelle-toi de rester toi-même, c'est le principal

J'espère que cette déclaration sera utile à quelqu'un, car ce sont des choses que j'avais vraiment besoin d'entendre lorsque j'étais plus jeune. Je pense que cela m'aide également à m'en rappeler. Je suis encore très tôt dans ma transition et j'ai encore beaucoup à apprendre, mais je pense que c'est important pour moi de me rappeler que je transitionne pour moi. Si j'avais essayé de plaire à tout le monde et de cocher toutes les cases, je n'aurais jamais bougé d'un pouce.

Si tu as besoin de quelqu'un avec qui discuter de questions transgenres, n'hésite pas à me contacter sur Twitter : @OhMiaGod (en anglais).

Ce billet de blogue a d'abord été publié sur le HuffPost américain et a été traduit par Élise Collot.

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