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Apple : la fin de la révolution ?

On nous avait promis un iphone avec une capacité de 128Go, un iphone low cost, voire une montre iWatch... Bref, des projets qui auraient pu redynamiser la firme de Cupertino qui, depuis le décès de Steve Jobs, semble se reposer sur ses lauriers et refuser de prendre des risques.
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Mardi soir se tenait un de ces événements qui agitent la planète numérique avec sa cohorte de journalistes et de fans suivant en streaming, quasiment minute par minute, les annonces de nouveaux produits, avec son lot de joies, de déceptions, de surprises quand le secret n'avait pas été éventé.

La Keynote d'Apple n'a pas dérogé à la règle, eu égard aux nombreux commentaires et analyses qui fusent sur la Toile depuis mardi. Mon analyse s'y ajoute donc, mais risque fort d'être rangée dans la partie « avis négatif », eu égard au spectacle qu'il m'a été donné de voir.

Que nous avait-on promis ? En fait, Apple se mure dans le silence les mois précédents la sortie de nouveaux produits, prenant soin de ne commenter aucune des rumeurs lisibles sur tant de sites. On nous avait promis un iphone avec une capacité de 128Go, un iphone low cost, voire une montre iWatch... Bref, des projets qui auraient pu redynamiser la firme de Cupertino qui, depuis le décès de Steve Jobs, semble se reposer sur ses lauriers et refuser de prendre des risques.

Au final, qu'a-t-on eu ? La naissance de deux iphones, le 5c (dit low cost...) et le 5s, vaisseau amiral de la flotte. Certes, ce dernier a un certain intérêt grâce à un nouveau processeur (A7) 64bits bien plus puissant que ceux équipant les anciennes générations d'iphones, mais obligeant par la même les développeurs à concevoir des applications 64 bits, ce qui risque de créer une rupture dans le monde d'Apple, les autres iphones fonctionnant tous en 32 bits. À cela s'ajoute un capteur photo sensiblement amélioré qui devrait satisfaire bon nombre de photographes amateurs qui ne voient pas l'intérêt d'investir dans un vrai appareil photo, même si ce dernier a le mérite cependant d'avoir bien souvent une stabilisation mécanique, évitant les photos floues que se partageront des millions d' « iphone addicts »... Une nouvelle couleur est proposée : « champagne ». Elégant ou effet « bling bling » ? À vous de trancher ! Enfin, et c'est sans doute l'unique réelle nouveauté du modèle haut de gamme : un lecteur d'empreintes dénommé Touch ID qui permettra à l'utilisateur de simplifier ses achats par exemple. À ceci près qu'Apple a eu l'idée de « génie » de ne pas inclure de puce NFC, ce qui aurait été cohérent pour faire du terminal mobile un vrai moyen de paiement sûr et rapide.

Le second bébé d'Apple se nomme 5c et non, ce n'est pas un iphone low cost, à moins que payer plus de 500 dollars pour un smartphone ne devienne un prix plancher ! Il s'agit d'un iphone de milieu de gamme, construit à partir de matériaux moins nobles que l'iphone 5s même s'il conserve un écran rétina à la qualité certaine. Apple suit la tendance de constructeurs comme Nokia en proposant plusieurs coloris, ce qui est apparemment recherché par les consommateurs. En réalité, le vrai iphone low cost devient l'iphone 4s qui voit son prix chuter à 399 euros pour la version 8 go. En d'autres termes, Apple vous vent un appareil sorti il y a presque trois ans avec une capacité mémoire ridicule aujourd'hui et le tout pour un prix proche de smartphones milieu voire haut de gamme aujourd'hui !

Le « one more thing » si cher à Jobs est de façon regrettable absent, Apple n'ayant rien à proposer de nouveau, d'innovant. Quid de l'Iwatch, de la TV made in Apple ? En réalité, Apple adopte le modèle des constructeurs informatiques classiques, sortant un modèle innovant tous les trois ans et surfant sur la vague via l'annonce de mises à jour ponctuelles censées faire attendre le consommateur avant une nouvelle « révolution ». Seul le MacPro peut donner l'espoir d'une société toujours innovante et courageuse, mais le délai d'attente entre l'annonce et la possibilité de voir la « bête » a cassé la dynamique marketing.

Certes, Apple va continuer à vendre des millions de smartphone, mais petit à petit, il crée des déceptions, des désillusions, visibles entre autres par des ventes moins bonnes que prévues, par un cours boursier de plus en plus fluctuant. En cédant à l'opinion dominante via la sortie d'un ipad plus petit (avec un sacrifice assumé sur ses spécificités techniques), en ajoutant des couleurs à l'iphone pour le rendre plus « cool », Apple se banalise. Or, une société qui vend si cher ses produits, qui promet une expérience hors du commun à l'utilisateur, peut-elle se permettre de ne pas être au sommet et à part ? Assurément non !

La situation est d'autant plus préoccupante qu'il est difficile de comprendre la stratégie d'Apple aujourd'hui, d'analyser comment elle se positionne vis-à-vis de ses concurrents alors qu'elle donne l'impression d'être un brin autiste par moments. Pendant qu'Apple muscle ses iphones, le concurrent coréen Samsung fait feu de tout bois avec la sortie de nombreux produits. Certes, la distinction des gammes en pâtit devant l'avalanche d'annonces, mais Samsung en profite également pour innover et apporter de réelles nouveautés à ses produits. On peut douter de la Galaxy Gear, la réponse (trop) anticipée de Samsung à la montre d'Apple Iwatch (qui n'existe qu'en croquis de designers pour l'instant), mais toujours est-il que Samsung essaie de proposer du neuf ! Tout en imitant Apple via la mise à jour des composants de ses smartphones et tablettes, il prend le risque d'apporter de nouvelles fonctions à ses machines (utilisation du stylet repensée pour la gamme Note par exemple) tout en maintenant une gamme de prix suffisamment large pour toucher le plus large public possible.

L'objectif est clair : atteindre une masse critique suffisante pour fédérer les consommateurs autour de la marque Samsung et non plus seulement de l'association Androïd (Google) / Samsung. La part de marché de Samsung, proche du tiers des ventes de smartphones, atteste du succès de la stratégie opérée.

Ce qu'il manque à Apple en ce moment, c'est une vision. Cela passe par une nécessaire remise à plat de ce qui est admis généralement. Apple a bâti son succès en repensant le fonctionnement d'objets communs (baladeurs, téléphones, etc...) et en s'interrogeant en profondeur sur le comportement du consommateur. Que veut-il ? Que cherche-t-il à faire que la technologie ne lui permet pas encore ? Comment améliorer son expérience d'utilisateur ? L'anticipation qui a fait de Jobs un visionnaire semble faire défaut aujourd'hui chez les stratèges d'Apple. Certes, la société fabrique toujours des produits de qualité, mais il manque ce « petit plus » qui la distingue des autres. Souhaitons-lui d'avoir à nouveau des idées de génie, qui seront sans aucun doute copiées, mais qui permettront aux nouvelles technologies de progresser continuellement !

Avec une petite pointe d'ironie, peut-être pourrions-nous déjà souhaiter un smartphone qu'il ne faille pas recharger quasiment tous les jours et qui assure par ailleurs une réelle sécurité et vie privée à son propriétaire... Les récentes révélations quant à la capacité de la NSA à voir avec facilité ce qu'il y a dans votre smartphone sont un pied d'appel aux constructeurs pour innover vraiment dans ce domaine!

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