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Écoles-passerelles moins populaires: petite victoire pour le Québec français

Les responsables des écoles primaires et secondaires anglophones ont beau affirmer qu'ils manquent d'effectifs en pointant du doigt la méchante loi 101, la réalité c'est que l'anglicisation est partout.
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Ayant tout juste pris connaissance de l'article publié dans Le Devoir sous la plume de Philippe Orfali mardi 5 janvier, j'aimerais réitérer que le combat citoyen mené contre les écoles-passerelles était et demeure juste, légitime et nécessaire.

Rappelons que c'est la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, alors présidée par mon prédécesseur Mario Beaulieu, qui est à l'origine de cette vaste coalition qui s'est mobilisée en 2010 contre la volonté du gouvernement Charest de se plier au jugement perfide de la Cour suprême dans l'affaire Nguyen.

Dans cette affaire, le plus haut tribunal du Canada, se fondant encore une fois sur la constitution de 1982, jamais ratifiée par le Québec, a poursuivi comme depuis près de 40 ans son massacre à la tronçonneuse de la loi 101 en invalidant cette fois des dispositions adoptées à l'unanimité par notre Assemblée nationale en 2002, lesquelles visaient à enrayer le phénomène anglicisant des écoles-passerelles. Le législateur québécois entendait alors colmater la brèche qui permettait à des parents riches, autrement obligés d'envoyer leurs enfants à l'école française, d'acheter leur accès au réseau scolaire anglophone par le détour des écoles privées non subventionnées, contournant ainsi les principes les plus fondamentaux de la Charte de la langue française.

Une question de dignité avant tout

Le seul fait de voir le Canada s'ingérer constamment dans nos affaires pour affaiblir encore davantage la vitalité de la langue française au Québec, déjà fragilisée, cela constituait en soi une raison suffisante pour se mobiliser. Au-delà des chiffres quant à la fréquentation des écoles anglophones, c'est une question de dignité et de respect. Aucun peuple ne saurait accepter de se faire dicter par un autre peuple ce qu'il doit être ou ce qu'il doit faire, au même titre qu'aucun individu n'accepterait que son voisin décide à sa place de ce qui doit se passer chez lui.

Un effet multiplicateur à ne pas banaliser

Même si «les écoles-passerelles n'ont pas la cote», n'ayant admis que 429 élèves n'appartenant pas à la communauté des ayants droit anglophones depuis 2010, il faut tout de même préciser que lorsqu'un enfant accède au réseau scolaire anglophone, c'est tous ses frères et sœurs qui peuvent aussi y avoir droit, ainsi que sa future descendance. Il est donc important de ne pas banaliser l'effet multiplicateur des écoles-passerelles.

De manière générale, tous les reculs significatifs du français doivent être dénoncés, car plus ça va, plus ils s'accumulent, et mis ensemble, même les petits reculs finissent par se traduire en reculs inquiétants. Il ne faut pas faire comme la grenouille qui ignore qu'elle est en train de bouillir à petit feu. La vigilance est de mise, surtout quand on sait que même le français, langue d'usage, est en voie de devenir minoritaire sur l'île de Montréal dans les prochaines années.

Les effectifs des écoles anglaises

Les responsables des écoles primaires et secondaires anglophones ont beau affirmer qu'ils manquent d'effectifs en pointant du doigt la méchante loi 101, la réalité c'est que l'anglicisation est partout : au travail, que ce soit dans le secteur privé ou public, dans les services, dans l'affichage, dans les médias, dans la vie culturelle, dans les cégeps et les universités anglophones qui débordent... Dans ce contexte, l'école française constitue l'un des derniers remparts qu'il nous reste afin d'éviter que notre Métropole française des Amériques ne devienne en fin de compte... la nécropole française des Amériques. On ne va quand même pas s'enfoncer encore plus profondément juste pour une question d'effectifs et d'intérêts corporatifs des commissions scolaires anglophones...

Prix de consolation pour le Québec français

À la lumière des résultats de l'enquête menée par le journaliste Philippe Orfali du Devoir, on peut avoir des raisons de se dire que pour une fois, le Québec français a remporté une «victoire», cela grâce à la mobilisation citoyenne, même si c'est une victoire qui ressemble davantage à un prix de consolation, car il eût été de loin préférable que soit rétablie telle quelle la loi 104, quitte à invoquer à la clause nonobstant. N'empêche, les efforts déployés et les concessions arrachées au gouvernement libéral en 2010 ont relativement porté leurs fruits, quand on constate qu'à tout le moins, peu de citoyens usent encore de ce stratagème affligeant des écoles-passerelles.

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Mai 2017

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