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Où en sommes-nous?

Passé l'échec du référendum de 1995, j'ai l'impression que ce n'est que la société de consommation qui a pris de l'expansion. Les idéaux souverainistes ou fédéralistes ont fait place au train-train politique, au marasme politique. Tout le monde consomme, personne ne vote. Qu'est-ce qui qualifie la société actuelle, celle post-1995?
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CP

Je me demande si, à l'époque de P.E.T. on avait le temps de se poser la question : Mais où en sommes-nous? La crise d'octobre, les felquistes, Pierre Laporte, les mesures de guerre, la constitution... Pas le temps de se poser ladite question!

Aujourd'hui, il est facile de qualifier les époques passées. Donc, dans le temps de Pierre Trudeau, on en était à la réforme constitutionnelle et, à peu près en même temps, au réveil indépendantiste du Québec. Au début des années 1990, on en était à la belle promesse, aux tentatives d'accords et de pactes constitutionnels.

Passé l'échec du référendum de 1995, j'ai l'impression que ce n'est que la société de consommation qui a pris de l'expansion. Les idéaux souverainistes ou fédéralistes ont fait place au train-train politique, au marasme politique. Tout le monde consomme, personne ne vote. Qu'est-ce qui qualifie la société actuelle, celle post-1995? Vous me répondrez en grand nombre que ce sont les technologies. Encore là, les technologies ne sont accessibles qu'à un certain pourcentage de la population.

Ma réflexion est la suivante: si l'engouement pour la souveraineté est faible, celui pour le fédéralisme l'est à peu près tout autant. Quel engouement y a-t-il donc? Le statu quo? Je n'oserais pas y croire.

Ponctuellement, on a eu la vague orange, la réélection de Barack Obama. On pourrait dire la crise isarëlo-palestinienne, mais elle dure depuis si longtemps. Que voit-on, donc, quand on prend le temps d'écouter Génération 2000 à Musimax? Pour moi, il est là le défi politique d'aujourd'hui. En effet, si la classe de 1963 de la Faculté de Droit de l'Université Laval a laissé sa marque avec ses Conrad Black et Brian Mulroney, c'est qu'ils ont fait jaser et qu'ils ont laissé leurs marques, peu importe la qualité de cette marque. Ils ont marqué les époques. Sans remettre en doute les motivations des Stephen Harper, Justin Trudeau, Bob Rae ou Thomas Mulcair de ce monde, comment les gens de la dernière décennie vont-ils marquer l'histoire canadienne et québécoise? C'est un peu le fond de ma question à savoir où nous en sommes.

Je ne crois pas une seconde que Charest va être inscrit dans les livres d'histoire avec la mention "Homme d'État qui a créé le fabuleux plan Nord". Je ne crois pas que Stephen Harper va apparaître comme l'homme aux avions de chasse ou qui a scrappé le registre des armes à feu "au grand bien du Canada". Je ne crois pas que Thomas Mulcair va être cité comme celui qui a renouvellé le parlement canadien, même si je me plais à y rêver. Je crois encore moins que Justin sera cité dans les documentaires pour des phrases aussi étonnantes que "Just watch me". Je le vois encore moins traiter un premier ministre de mangeurs de hot-dogs alors qu'il a à s'excuser pour de vieilles paroles irréfléchies qui ont un énorme coût politique aujourd'hui.

C'est un peu ça, au fond, le marasme politique et les taux de participation faibles. Il ne se passe pas grand-chose. Un évènement marquant?? Le printemps érable. Ce fut une belle cause, un énorme débat. Nous en verrons bientôt l'issu et, pour être honnête, j'ai plutôt l'impression que ce n'est qu'un problème de courte durée. Personne n'a de réelle cause actuelle, profondément motivante qui mobilise les rassemblements politiques où les discours enflammés sont déterminants. La preuve, il suffit pour Legault de répéter son message télésoufflé pour obtenir ses 20 sièges. Avant, quand on avait à choisir notre camp, la question était, pour l'électeur moyen, facilement réglée : souverainiste ou fédéraliste. On allait ensuite dans les rassemblements écouter les Lévesque, Trudeau, Bouchard, etc. On n'avait pas encore affaire à des leaders plastiques. Les leaders s'échappaient et se fâchaient. Les gens réagissaient!

Aujourd'hui, il y a une énorme indifférence face à la question. De plus, les chefs ont les mêmes cassettes en bouche et les partis offrent des options que peu connaissent jusqu'au fond. J'ai vu, dans la série sur René Lévesque à la S.R.C, un homme qui parlait avec spontanéité et coeur. La même chose avec Trudeau. C'était parfois croche, mais au moins c'était franc. C'est pour cela que le télésouffleur de Legault m'énerve autant.

Autrement, on vote donc pour son chef préféré, sans réelle motivation ou conviction forte comme celle de la question identitaire. Le marasme politique, il est entretenu par une offre accrue qui permet à tous de choisir son programme, de choisir son leader plastique. L'actualité et le débat politique sont minés, selon moi, par des divertissements qui nous éloignent du débat politique, qui nous éloignent de l'engagement social dans un débat d'idées. La faute à quoi? O.D. sans aucun doute... Et à la société de consommation plus globalement.

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