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Le mythe du Québec dépendant du pétrole albertain

Dans son éditorial du 28 janvier 2013, André Pratte déplore le ralentissement économique de l'Alberta et les effets néfastes que ceci pourrait avoir sur le Québec. Mais voilà, la puissance économique de l'Alberta est loin d'être aussi positive sur l'économie québécoise que semble le croire l'éditorialiste de.
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Dans son éditorial du 28 janvier 2013, André Pratte déplore le ralentissement économique de l'Alberta et les effets néfastes que ceci pourrait avoir sur le Québec. Selon la première ministre albertaine, les revenus du pétrole et du gaz chuteraient d'environ 6 milliards de dollars en 2013. Mais voilà, la puissance économique de l'Alberta est loin d'être aussi positive sur l'économie québécoise que semble le croire l'éditorialiste de La Presse.

Premièrement, rectifions les chiffres: le Québec ne reçoit pas 7,3 milliards de dollars de péréquation comme le prétend l'éditorial. Le Québec contribue lui-même à hauteur d'environ 3 milliards annuellement au Fonds de la péréquation, ce qu'il faut bien sûr soustraire du montant total. En 2012, le Québec recevait donc un peu plus de 4 milliards de dollars de péréquation.

Deuxièmement, la richesse albertaine, due en grande partie au pétrole, fait grimper la valeur du dollar canadien, ce qui a des conséquences néfastes pour une économie exportatrice comme celle du Québec. Plus la valeur du dollar canadien est élevée, moins les Américains achètent des produits canadiens. Même chose pour le tourisme, qui fluctue selon la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain. Affirmer, comme le fait André Pratte, que «des milliers d'emplois et de contrats seront perdus» n'est pas justifié et est inutilement alarmiste, d'autant plus que l'effet contraire pourrait aussi bien se produire advenant une baisse de la valeur du dollar canadien.

Troisièmement, comme le démontre habilement Stéphane Gobeil dans Un gouvernement de trop (important ouvrage sur lequel je tenterai de revenir dans un futur billet, lorsque le temps me le permettra), le gouvernement fédéral dépense proportionnellement beaucoup plus dans le reste du Canada qu'au Québec, en partie dû à des considérations électorales (preuve supplémentaire que les conservateurs ont fait une croix sur le vote québécois). Ce que le Québec gagne avec la péréquation, il le perd amplement ailleurs, ce qui fait qu'au final le Québec se retrouve déjà perdant. Affirmer que l'économie québécoise est soutenue par l'Alberta ou par le fédéral est donc tout simplement faux. D'ailleurs, un ralentissement économique dans le reste du Canada pourrait baisser la valeur du dollar canadien, ce qui aurait un impact positif sur l'économie québécoise (exportations et tourisme) malgré une réduction du montant de la péréquation.

Bref, sans aller jusqu'à affirmer que la chute du prix du baril de pétrole albertain n'aura nécessairement que des effets bénéfiques pour le Québec, il n'y a absolument rien qui justifie le scénario catastrophique évoqué ci-haut. Comme le démontrait récemment une étude de l'Institut Fraser, le Québec est perdant dans les conditions actuelles et s'en tirerait « possiblement » mieux à l'extérieur de la fédération. L'idée d'un Québec totalement dépendant économiquement du reste du Canada et du pétrole albertain n'est donc qu'un mythe, largement entretenu par certains groupes qui ont intérêt à ce que la population québécoise y croit.

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