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Les rendez-vous manqués de Québec solidaire

L'absence de Québec solidaire à la réédition des affiches commémoratives du référendum de 1995 n'est pas le premier rendez-vous manqué du parti en vue d'une réunification des forces indépendantistes.
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L'absence de Québec solidaire à la réédition des affiches commémoratives du référendum de 1995 n'est pas le premier rendez-vous manqué du parti en vue d'une réunification des forces indépendantistes. Le principal rendez-vous raté de l'organisation fut l'élection fédérale de 2015.

Mon commentaire n'est pas formellement une charge contre un parti, QS, dont je suis membre et avec lequel je partage énormément de valeurs. Un parti pour lequel j'éprouve un immense respect, principalement pour sa base militante qui, elle, a été au rendez-vous.

Au fédéral, il n'y avait qu'un seul parti indépendantiste et progressiste: le Bloc québécois. La dernière élection fédérale a été l'occasion de rassembler les forces indépendantistes de tout horizon. Les têtes dirigeantes de Québec solidaire ont décidé de ne pas prendre position, sous prétexte qu'une partie de leurs militants est indépendantiste et qu'une autre partie est plus progressiste.

Vous me permettrez de trouver cet argument complètement bidon et électoraliste. D'abord parce que s'il fallait refuser de prendre position à chaque fois qu'il n'y a pas consensus, le parti ne prendrait jamais position. Prenons par exemple le débat sur la légalisation de la prostitution. Au sein du mouvement féministe, il y a un courant abolitionniste et un autre qui veut légaliser la prostitution, les deux ayant des arguments valables pour soutenir leur position. Au dernier congrès de Québec solidaire, le fait que cet enjeu divise leurs forces n'a pas empêché les membres présents au congrès d'adopter des résolutions et de s'exprimer sur le sujet, en prenant une direction généralement favorable à la décriminalisation.

Plus important encore, cette division entre progressistes/fédéralistes et progressistes/indépendantistes existe de la même manière au niveau provincial, ce qui n'a jamais empêché le parti de prendre position en faveur de l'indépendance. Alors, pourquoi refuser de prendre position sur la scène fédérale?

Durant les manifestations de 2012, la citation suivante était partagée par de nombreux militants solidaires: « Si tu es neutre dans les situations d'injustice, tu choisis de prendre le parti de l'oppresseur ». À mon avis, le même raisonnement s'applique quand on laisse une nation (le Canada) prendre des décisions pour une autre (le Québec). Rester neutre dans cette situation, c'est prendre le parti du Canada. C'est ce que Québec solidaire a fait.

Alors non seulement le parti a refusé de prendre position pour ne pas froisser ses membres fédéralistes, et ce de manière purement électoraliste, mais il a pris position en faveur du fédéralisme en restant neutre.

C'est particulièrement déplorable quand on considère que la plateforme du Nouveau parti démocratique comportait énormément d'éléments qui les éloignaient de leurs positions progressistes: adopter un budget d'austérité, piger dans l'assurance-emploi, sans compter les nombreuses déclarations passées de Tom Mulcair en faveur du libre marché. Le NPD de 2015 est totalement en rupture avec les idéaux progressistes et c'est probablement pour cette raison qu'une bonne partie de leur électorat s'est redirigé vers les libéraux. QS a raté une belle occasion de dénoncer cette réorientation du NPD. Encore une fois les militants l'ont fait - ce qui les honore - mais le parti est officiellement resté neutre.

Un autre élément qui m'a perturbé durant la campagne, c'est cette invitation à la mobilisation de Québec solidaire durant la campagne fédérale dans Rosemont, en plein mois de septembre. Rappelons que le parti était supposé rester neutre, ce qui normalement aurait dû les inciter à ne pas s'activer sur le terrain en temps d'élections:

Campagne de porte-à-porte dans Rosemont: le but?

- Faire connaître les idées de Québec Solidaire pour préparer le terrain dans l'éventualité où la rumeur d'élections partielles se concrétise ou tout simplement pour laisser le temps à nos idées de faire leur chemin d'ici 2018.

- Nous souhaitons aussi augmenter notre membership.

Bien qu'il y ait effectivement eu des rumeurs de partielles au provincial à ce moment, jamais ces rumeurs n'ont concerné le départ de l'actuel député de Rosemont à l'Assemblée nationale, Jean-François Lisée... Ce qui fait qu'en pleine campagne fédérale, Québec solidaire faisait du porte-à-porte dans la circonscription d'Alexandre Boulerice, qui, on le sait, a souvent contribué à financer QS et dont les bureaux sont sur le même étage que ceux de Françoise David, à deux portes l'un de l'autre.

Ce type d'action et de prise de position contribue grandement à entretenir la confusion existant au sein de la population quant aux liens qu'entretient Québec solidaire avec le NPD.

Personnellement, je considère que ce type de stratégie manque d'honnêteté, principalement envers les membres du parti. À mon avis, cette stratégie contribuera à marginaliser davantage le parti et à le ramener à des résultats électoraux semblables à ceux que les différentes formations qui constituent QS obtenaient avant le « rebranding » de 2006. Surtout si Québec solidaire continue de refuser systématiquement de participer à toute initiative de convergence des forces souverainistes et qu'il envoie des messages flous et pas toujours très honnêtes à ses militants.

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