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Les entrepreneurs assainiront les sables bitumineux

Ceux qui s'opposent à l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta nous disent depuis des années qu'il faut y mettre fin, en réduire l'ampleur, ou à tout le moins taxer fortement cette activité et la réglementer sévèrement de façon à en limiter les impacts sur l'environnement. Ces critiques ont tort sur deux points.
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Ceux qui s'opposent à l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta nous disent depuis des années qu'il faut y mettre fin, en réduire l'ampleur, ou à tout le moins taxer fortement cette activité et la réglementer sévèrement de façon à en limiter les impacts sur l'environnement.

Selon une thèse plus récente, rendue populaire par le chef du NPD, Thomas Mulcair, les sables bitumineux ont provoqué le déclin des secteurs manufacturiers de l'Ontario et du Québec en poussant le dollar à la hausse -ce qu'on appelle le « mal hollandais ».

Ces critiques ont tort sur les deux points.

J'ai récemment eu l'occasion de visiter l'usine pilote nouvellement construite de Gradek Energy à Montréal, une petite entreprise fondée par un entrepreneur québécois, Thomas Gradek. M. Gradek est l'un des nombreux entrepreneurs et chercheurs à travers le pays qui sont en train de développer des solutions innovatrices pour régler les problèmes environnementaux provoqués par l'exploitation des sables bitumineux.

M. Gradek a inventé une bille de polymère réutilisable qui permet de récupérer le bitume dans les bassins de décantation - ces lacs de déchets créés par le processus d'extraction - et d'y laisser de la matière organique inoffensive et de l'eau.

Le bitume récupéré peut être raffiné alors que la matière organique qui reste, qui ne contient plus de contaminants, peut être réintroduite dans l'environnement. Les minéraux utiles contenus dans les bassins de décantation peuvent aussi être récupérés. L'eau, qui compte pour 85% de la matière qui compose les bassins de décantation, peut être réutilisée dans le processus d'extraction. Comme elle est déjà chaude, cela entraîne aussi des économies d'énergie.

Gradek Energy traite en ce moment des déchets de Syncrude Canada. Au cours des dernières années, cette technologie a été testée et validée par plusieurs organisations, y compris dans des centres de recherche universitaires, des gouvernements et du secteur privé. M. Gradek a un plan crédible pour éliminer tous les bassins de décantation existants en Alberta sur une période de dix ans.

Ce type de technologie va transformer ce qui n'est pour le moment qu'une grande quantité de déchets, qui peuvent polluer le sol et l'eau et qui émettent d'importantes quantités de gaz à effet de serre, en matières utiles et en richesses. Les sables bitumineux vont ainsi graduellement devenir une ressource beaucoup plus verte. Contrairement à ce que prétend M. Mulcair, nous ne laisserons pas un fardeau environnemental aux générations futures.

Qu'en est-il du mal hollandais? La théorie elle-même n'est pas très logique. Dans une économie en constante évolution où tout est interdépendant, chaque activité à un effet sur la valeur du dollar et sur d'autres prix. Pourquoi donc s'attaquer aux sables bitumineux en particulier? L'industrie touristique fait elle aussi grimper le dollar lorsqu'elle attire plus de visiteurs étrangers au Canada. Le NPD a-t-il l'intention de repousser les touristes aux frontières parce qu'ils craignent que cela détruise quelques emplois manufacturiers?

Plus fondamentalement, un dollar fort n'est pas un désavantage mais entraîne plutôt des bénéfices pour l'économie. C'est pour cette raison qu'on le qualifie de « fort ». Un dollar fort est le résultat d'une production domestique efficace - incluant les exportations - et d'un climat d'investissement attrayant pour les entreprises étrangères.

Les préoccupations de M. Mulcair n'ont pas de raison d'être. Il y a plusieurs générations, le secteur agricole canadien employait énormément de main-d'œuvre. Aujourd'hui, grâce à une hausse de la productivité, les agriculteurs canadiens peuvent produire plus de nourriture à un coût moindre et avec moins d'employés. Le secteur manufacturier canadien connaît le même phénomène depuis quelques décennies.

Ce qui importe n'est pas que les conditions économiques du passé restent les mêmes. C'est que l'économie demeure suffisamment flexible pour s'adapter aux changements technologiques et à la demande des consommateurs, de façon à ce que les facteurs de production aillent aux activités les plus productives - celles qui créent le plus de prospérité - dans quelque secteur que ce soit. Et il n'y a pas de doute que les sables bitumineux génèrent un très grand nombre d'emplois et contribuent fortement à la croissance économique du Canada.

On a pu lire beaucoup de commentaires ces derniers temps sur le fait que le NPD est en train de se débarrasser de ses vieux réflexes socialistes et de moderniser son programme économique sous le leadership de M. Mulcair. Je souhaiterais que ce soit vrai, mais je ne vois rien qui permette de croire que c'est le cas. Le chef de l'Opposition est constamment en train de trouver des façons de miner la liberté économique et la créativité entrepreneuriale en proposant de nouvelles réglementations, des taxes plus lourdes, bref, les mêmes vieilles politiques interventionnistes.

Je devrais ajouter que le chef du NPD se trompe pour une autre raison. Il croit qu'il peut se faire du capital politique en soulevant de faux problèmes et en opposant les uns contre les autres les Canadiens de l'est et de l'ouest du pays. Ça ne fonctionnera pas.

Ne serait-il pas ironique de constater que c'est un entrepreneur du Québec qui aura finalement trouvé une solution innovatrice aux problèmes des bassins de décantation de l'Alberta? Cela prouverait une fois de plus que c'est la libre entreprise, l'esprit d'innovation et l'initiative individuelle - et non le dirigisme étatique - qui sont les meilleures façons de réconcilier les intérêts économiques de tous les Canadiens.

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